À l’aube de l’élection présidentielle des 10 et 24 avril prochains, Flash Infos et Mayotte Hebdo vous proposent chaque semaine un tour d’horizon des programmes des candidats à l’Élysée. Durant ce mois, seront ainsi abordés la représentation nationale, l’éducation, la sécurité, l’économie et la santé. Si certains candidats bénéficient de comités de soutien sur Mayotte pour faire campagne, d’autres n’ont pas cette chance. On a donc repéré les différentes mesures qu’ils proposent pour améliorer la sécurité.
Sujet majeur à Mayotte, il est très rare que le thème de l’insécurité ne soit pas abordé lors des repas de famille ou entre amis. À l’approche de l’élection présidentielle, tous les candidats ont fait des propositions pour lutter contre ce phénomène. Et ils le font souvent de manière chiffrée, à l’image du recrutement de policiers demandé par beaucoup. ”30.000 représentants des forces de l’ordre” sont promis par Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), même nombre pour Fabien Roussel (Parti communiste) qui préfère “des policiers de proximité”. Jean Lassalle (Résistons !), récemment passé à Mayotte, veut “6.000” policiers ou gendarmes de plus. Anne Hidalgo (Parti socialiste) et Éric Zemmour (Reconquête !) promettent aussi d’augmenter leur nombre, mais ne se lancent pas dans des estimations chiffrées.
Un abaissement de la majorité pénale plébiscité par la droite
Vrai marqueur politique, les candidats les plus à droite, comme Nicolas Dupont-Aignan et Éric Zemmour, estiment que la sécurité serait renforcée en baissant la majorité pénale à 16 ans. Le deuxième est d’ailleurs le prétendant qui a sans doute le plus axé sa campagne sur la sécurité et l’immigration. L’ancien chroniqueur veut “une grande loi de programmation sur cinq ans” dédiée à la sécurité et l’instauration de “la présomption de légitime défense pour les policiers”. C’est-à-dire que chaque policier ayant fait usage de son arme ne pourrait pas être poursuivi de la même manière que les autres justiciables. En matière d’immigration, les deux candidats sont pour la suppression du droit du sol, Éric Zemmour allant plus loin en étant contre le regroupement familial et en promettant “un ministre de la remigration”.
À gauche, l’immigration n’est pas abordée de la même manière. Ainsi, Yannick Jadot (Europe écologie-Les Verts) émet l’idée de “régulariser les personnes installées en France”. Dans le même état d’esprit, Anne Hidalgo préfère “régulariser les sans-papiers établis en France depuis un long délai”. Pareil pour la sécurité, les deux candidats sont favorables aux alternatives à la prison, tout comme Fabien Roussel qui est absolument contre le fait d’enfermer les jeunes entre 13 et 16 ans. Des idées totalement à l’opposé de Nicolas Dupont-Aignan et Éric Zemmour. Le premier propose de créer “40.000 places de prison” dans les casernes abandonnées, tandis que son concurrent en réclame 10.000, tout en expulsant 10.000 prisonniers étrangers.
Le NPA veut désarmer la police
Seule candidate à faire peu de propositions en matière de sécurité, Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière) propose simplement de dépénaliser le cannabis et promeut “la liberté de circulation des migrants”, étant contre toutes formes de frontières. À l’extrême gauche aussi, Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste) a lui aussi choisi des idées radicalement différentes des autres candidats. Pas favorable à l’augmentation du nombre de policiers, il suggère plutôt de les désarmer et cible même plusieurs armes utilisées aujourd’hui (tasers, LBD, grenades de désencerclement). Comme Jean-Luc Mélenchon (La France Insoumise), il propose la suppression de la brigade anti-criminalité. Totalement opposé à la loi de sécurité globale promulguée en 2021, il réclame purement et simplement son abrogation.
Marine Le Pen (Rassemblement national)
Les Mahorais subissent une dégradation continue de leur sécurité. Les agressions physiques se multiplient. L’ultraviolence, souvent gratuite, devient un phénomène banal. Élue présidente de la République, la restauration de l’ordre et de la sécurité sera une priorité absolue pour Marine Le Pen. Aussi, la mise en œuvre d’une loi de programmation pour la sécurité et la justice permettra de créer jusqu’à 10.000 postes de policiers et gendarmes, de doubler le nombre de magistrats et de leur donner les moyens d’agir. Bien évidemment, une partie de ces nouvelles recrues sera affectée à Mayotte. Cette loi mettra fin à l’impunité des mineurs délinquants en sanctionnant dès la première infraction. À ce titre, la majorité pénale sera abaissée à seize ans. Et pour plus d’efficacité, la loi accompagnera les communes de plus de 10.000 habitants à renforcer leurs polices municipales et leurs dispositifs de vidéoprotection.
Par ailleurs, l’ensemble des chiffres disponibles à Mayotte nous montre que la criminalité et la délinquance sont d’abord liées à la submersion de l’immigration clandestine. À ce titre, Marine Le Pen se propose, dès le début de son quinquennat, de mettre un terme à l’immigration illégale en soumettant aux Français, « par la voie la plus démocratique qui soit », un référendum sur un projet de loi sur l’immigration qui s’appliquera sur toute la France, y compris en Outre-mer (suppression du droit du sol, expulsion des délinquants étrangers, fin de la régularisation des clandestins, …). Enfin, avec l’arrivée de Marine Le Pen au pouvoir, un changement diplomatique s’amorcera vis-à-vis de l’Union des Comores (pas d’expulsion, pas de visa pour la France).
Daniel Zaïdani, président du comité de soutien de Marine Le Pen à Mayotte
Jean-Luc Mélenchon (L’Union populaire de gauche)
La problématique de la sécurité est un problème central à Mayotte et nul responsable politique ne niera ou ne minimisera son ampleur. Les Mahorais et Mahoraises en souffrent et leur sécurité doit être garantie. Force est de constater que les réponses apportées jusqu’alors n’ont pas permis de faire reculer l’insécurité qui y règne.
Alors quelles solutions ?
1- Restaurer l’autorité de l’État en donnant à la police et à la justice les moyens de fonctionner correctement. Le département est largement sous-doté comparé à la métropole et le surmenage conduit aux burn-outs et l’absentéisme. Toutefois la seule réponse judiciaire, certes indispensable, est insuffisante.
2- Donner les moyens à l’école de fonctionner en n’écartant pas des jeunes du parcours scolaire.C’est un fléau qui est un terreau de la délinquance.
3- Mettre en place des structures et mesures de suivi des jeunes délinquants pour éviter toute récidive.
4- Faire reculer la pauvreté pour faire reculer l’insécurité en créant des emplois publics, en augmentant le SMIC (1.400 euros) et en donnant à tout jeune souhaitant poursuivre ses études une aide de plus de 1.000 euros.
5- En menant une discussion et une coopération franche et sincère avec les Comores afin de faire stopper cette immigration massive vers notre département.
Le comité de soutien de Jean-Luc Mélenchon à Mayotte
Emmanuel Macron (La République en Marche)
La sécurité est un droit fondamental car sans sécurité il ne saurait y avoir de liberté et d’épanouissement individuel. Au-delà de l’augmentation des moyens financiers et humains depuis 2017 et du renforcement des outils nationaux d’action contre la délinquance, la criminalité et le terrorisme, Emmanuel Macron a souhaité prendre à bras le corps les problèmes spécifiques des Outre-mer, avec notamment l’unification des directions de la police nationale à Mayotte, au 1er janvier 2019. Ou encore avec une déclinaison et une adaptation du “Grenelle” dans chacun des territoires d’Outre-mer, pour lutter contre les violences faites aux femmes.
Dès 2017, le président de la République a placé la protection au cœur de son action. Les moyens ont été considérablement renforcés. Plus de sécurité avec 400 forces de l’ordre supplémentaires, plus de moyens pour lutter contre l’immigration clandestine avec l’opération Shikandra et plus de fermeté avec le durcissement des conditions d’accès au droit du sol portées par le sénateur Thani Mohamed Soilihi. Des mesures qui prouvent déjà leur efficacité et la volonté d’Emmanuel Macron de réduire l’immigration clandestine et de faire de Mayotte un département sûr : 22.000 reconduites à la frontière depuis le début de l’année, près de 6.000 embarcations illégales interceptées et 70% de tentatives d’entrées stoppées.
Depuis 2017, l’État a reconstitué des forces indispensables. Il ne suffisait pas de déplorer l’insécurité, il fallait donner les moyens d’agir. Et c’est ce qu’a fait Emmanuel Macron. 10.000 policiers et gendarmes supplémentaires ont été recrutés, la construction de 15.000 places de prison lancée et les offensives contre les points de trafic de drogue renforcées. Pour les années à venir, il faut aller au bout de ce réarmement, juridique et matériel, pour faire respecter nos lois et nos valeurs par tous.
Les Jeunes avec Macron
Valérie Pécresse (Les Républicains)*
Pendant la présentation de son programme pour les Outre-mer, lundi dernier la suppression du droit du sol était l’une des promesses de la candidate des Républicains, citant « la Guyane » et « Mayotte » en exemple. Voulant « restaurer l’état de droit », elle a pour ambition de renforcer les moyens de la police et de la justice. Dans sa « lettre aux Mahorais », elle précisait d’ailleurs qu’elle mettrait ses renforts « au niveau nécessaire ».
Dans ce courrier, elle promettait également « un plan quinquennal avec une montée des effectifs de magistrats et de greffiers », une deuxième prison (promis également par le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti lors de son récent passage à Mayotte), « un palais de justice » et « un centre pénitentiaire pour mineurs ».
Concernant l’immigration, elle veut autoriser les primo-demandeurs de titres de séjour à faire leur demande uniquement depuis les consulats français. « Les conditions de régularisation et le regroupement familial seront restreints », annonce-t-elle cependant.
*Le comité de soutien de Valérie Pécresse ne nous a pas envoyé de texte cette semaine.