Édito : Une vitrine parfaite qui risque d’être figée dans le temps

A deux jours du second tour des élections législatives anticipées, une issue où le Rassemblement national deviendrait la première force politique de l’Assemblée nationale devient inévitable. La tentation à Mayotte est d’autant plus grande de donner sa voix au parti d’extrême-droite. L’île aux parfums autrefois si paisible est devenue l’île aux parpaings jetés sur les automobilistes, scootéristes et bus scolaires. Comme au sens littéral, elle s’enfonce dans un cycle de violences et de ruptures d’égalité. Mayotte est un rêve pour le RN. Il y voit l’occasion de légitimer son discours sur les conséquences de l’immigration clandestine, saturation des services publics à l’appui. Alors même que les chiffres par rapport à l’Hexagone sont sans commune mesure, il y défend la fin du droit du sol étendue à tout le territoire national sans certitude que cela change les choses.

Pire, c’est justement parce qu’elle représente la vitrine parfaite que le risque est grand qu’elle reste figée dans le temps par le RN. Car, dès le début de la crise des migrants de Cavani, le parti d’extrême-droite, prompt à dénoncer l’occupation du stade départemental, s’est soulevé contre l’arrivée de réfugiés sur le sol métropolitain. Sur la fin du titre de séjour territorialisé non plus, première revendication des Forces vives, on entend peu le parti de Marine Le Pen, alors que beaucoup de monde ici s’accorde à dire qu’elle serait une des réponses les plus rapides à la pression migratoire.

Et on a beau repeindre la façade à multiples reprises, les fondations de ce qui était autrefois le Front national n’ont pas bougé. Les propos racistes, islamophobes, complotistes, pro-Poutine (la Russie a apporté son soutien au RN comme il l’a fait avec les Comores) de candidats RN ressortent partout en France malgré les tentatives de nettoyage des réseaux sociaux. Les étudiants ultramarins en métropole commencent à s’alarmer de la banalisation en cours de la parole raciste et islamophobe. Non pas qu’elle n’existait pas avant malheureusement, mais celle-ci se trouve amplifiée et maintenant assumée. Mayotte a besoin de tout, d’eau, d’écoles où apprendre dans des conditions décentes, d’hôpitaux remplis de médecins, des mêmes droits que le reste de la France, mais pas du RN.

Rédacteur en chef de Flash Infos depuis 2022. Passionné de politique, sport et par l'actualité mahoraise, ainsi que champion de saleg en 2024. Passé un long moment par l'ouest de la France, avant d'atterrir dans l'océan Indien au début de l'année 2022. Vous me trouverez davantage à la plage quand je ne suis pas à la rédaction.

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