« Les députés LR porteront le combat des Mahorais pour être des Français à part entière »

Président du groupe Les Républicains (LR) à l’Assemblée nationale, Olivier Marleix est à Mayotte de ce jeudi jusqu’à samedi. Le député d’Eure-et-Loir et cadre du parti de Mansour Kamardine vient prendre le pouls du territoire avant que le double projet de loi Mayotte soit présenté aux élus.

Flash Infos : Quel est l’objet de votre déplacement à Mayotte cette semaine ?

Olivier Marleix : Il ne se passe pas une semaine sans que Mansour Kamardine (N.D.L.R. député LR de la deuxième circonscription de Mayotte) ne me dise le cauchemar que vivent les Mahorais. Je voulais voir la situation de mes propres yeux alors que l’Assemblée nationale sera bientôt saisie de deux lois sur Mayotte. Les députés LR porteront le combat des Mahorais pour être des Français à part entière.

F.I. : Ces deux lois vont conditionner l’avenir de Mayotte sur au moins vingt ans, qu’aimeriez-vous les voir contenir ?

O.M. : Après la départementalisation effectuée sous la présidence de Nicolas Sarkozy et sa majorité LR, Mayotte a littéralement été abandonnée à l’invasion migratoire à partir de 2012 par les présidents de la République et les gouvernements successifs. Il est inacceptable de voir le territoire s’enfoncer dans la violence, l’insécurité et le sous-développement. La mobilisation des élus de Mayotte depuis des années et le combat citoyen des Mahorais du début de l’année 2024 ont poussé le gouvernement à réagir enfin en promettant de prendre les mesures législatives qui s’imposent. Les LR vont donc se mobiliser totalement pour que le gouvernement tienne ses promesses. Mais pas seulement. C’est l’occasion de poser l’ensemble des problèmes sur la table et de rattraper tous les retards pris depuis que nous ne sommes plus en responsabilité, c’est-à-dire depuis 2012 : égalité sociale, eau, santé, grandes infrastructures civiles et militaires, université et formation. C’est une véritable loi de programme que nous défendrons pour Mayotte comme nous l’avions fait lors de la précédente législature où le groupe LR avaient soumis à l’Assemblée nationale une loi de programmation portée par Mansour Kamardine que la majorité présidentielle avait malheureusement rejetée à l’époque.

F.I. : Le groupe LR est un soutien de poids pour la majorité parlementaire actuelle, pensez-vous réussir à dégager une majorité de voix en faveur de ces deux textes le moment venu ?

O.M. : Soutien… ou pas ! Il n’y a pas de majorité parlementaire actuellement (N.D.L.R. avec 250 députés Renaissance, Modem et Horizons sur 577, Emmanuel Macron ne dispose que d‘une majorité relative). Nous votons les projets de loi s’ils correspondent à notre vision des choses, c’est-à-dire lorsqu’ils tiennent compte de nos propositions d’amélioration. Ce fut le cas lors de la réforme des retraites lors de laquelle nous avons obtenu une augmentation sensible du minimum retraite pour les Mahorais. C’est un combat que j’ai personnellement porté avec Mansour Kamardine. Concernant les projets de loi en cours d’élaboration, comme nous soutenons la suppression du droit du sol à Mayotte depuis des années, nous voterons évidemment cette suppression qui est une véritable victoire idéologique, notamment pour Mansour. La difficulté concernant l’adoption de cette mesure nécessaire se trouve du côté du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale où des voix discordantes se font entendre. Nous porterons également une attention particulière à la réalité de la lutte contre l’immigration clandestine dans le projet de loi ordinaire et aux moyens humains et matériels mis en œuvre pour la stopper.

F.I. : Sur le territoire, la question de la convergence sociale est primordiale pour la population, quelle est votre position là-dessus ?

O.M. : Elle est incontournable car il n’y a pas d’égalité sans égalité sociale. L’agenda a pris du retard, je pense notamment au Smic qui devait être aligné sur le national depuis 2015 et à la retraite complémentaire qui est inscrite dans une loi de 2002 et qui n’est toujours pas effective 22 ans plus tard. C’est inacceptable ! Je remarque en outre que la conférence sociale prévue par le comité interministériel des outre-mer de juillet 2023 et qui devait se tenir il y a plus de six mois n’a toujours pas eu lieu. C’est donc dans la loi ordinaire promise que la convergence sociale devra être inscrite selon un agenda resserré. L’État devra probablement l’accompagner sur quelques années pour lisser les impacts négatifs de l’alignement des cotisations.

F.I. : Quelle est votre approche sur la relance du développement économique dans ce département ? Les investissements publics essentiels qui font toujours défaut ? La crise de l’eau qui n’est toujours pas résolue ?

O.M. : Le rattrapage en matière d’investissement public est indispensable au développement économique de Mayotte et à son développement social. Nous avons collectivement le devoir d’accélérer la planification de ce rattrapage et de lui garantir les moyens financiers pour qu’il ne soit pas une nouvelle promesse en l’air. C’est pourquoi nous voulons que la loi ordinaire soit transformée en une véritable loi de programme pour Mayotte. Nous demandons aussi des mesures législatives facilitant la réalisation des investissements relevant des compétences de l’État et des équipements relevant des collectivités mahoraises devront être adoptées.

F.I. : L’insécurité et l’immigration clandestine conditionnent encore et toujours la vie des citoyens sur cette île, quelle votre vision de ce qu’il faut mettre en place pour enrayer ces fléaux ?

O.M. : Nous ne viendrons à bout de l’immigration clandestine qu’à travers la mise en œuvre d’un plan global énergique. Nous devrons à la fois supprimer le droit du sol à Mayotte, supprimer les bidonvilles, endiguer les fausses reconnaissances de paternité, lutter contre les marchands de sommeil, rendre impossible la régularisation à Mayotte de personnes entrées illégalement, transférer les demandes d’asile dans les pays de transit et le primo demandes de titre de séjours dans les consulats français des pays d’origine. Il conviendra concomitamment d’engager une relation beaucoup plus ferme avec les autorités comoriennes et déployer un véritable plan de reconnaissance à l’international du choix historique des Mahorais de demeurer Français, notamment par l’intégration de Mayotte au sein de la COI et d’une participation des Mahorais aux Jeux des îles de l’océan Indien sous drapeau tricolore. Surtout, la France doit être en mesure de bloquer les entrées clandestines directement en mer.  Pour cela, depuis des années, avec Mansour Kamardine, nous demandons la modernisation de la base de la Marine et l’affectation d’un patrouilleur outremer de nouvelle génération à Mayotte, le positionnement au Nord et la permanence à la mer des moyens nautiques de la police aux frontières, la mise en œuvre des moyens de surveillance innovants comme des drones et la mobilisation de nos services de renseignement pour le démantèlement des réseaux de trafics d’êtres humains dans le canal du Mozambique. Sans une action énergique en mer, on n’y arrivera pas.

F.I. : Partagez-vous l’action menée actuellement par le gouvernement avec l’opération Mayotte « Place nette » ou au contraire appelez-vous à changement radical de méthode ? Êtes-vous de ceux qui réclament une implication de Frontex ?

O.M. : L’opération « Place nette » est indispensable, mais largement insuffisante. Une fois de plus, ce n’est qu’à travers un plan global multidirectionnel de lutte contre l’immigration clandestine et de retour à la sécurité que les choses reviendront à la normale. Nous sommes encore loin du compte ! La mobilisation de Frontex outremer est bien évidemment à soutenir. C’est d’ailleurs une demande des LR. Mansour Kamardine la réclame depuis 2019.

Un accueil populaire est prévu à l’aéroport, ce jeudi, à 10h. Un meeting est également organisé, ce vendredi 31 mai, à 15h45, sur la place publique d’Hamjago, dans la commune de M’tsamboro.

Journaliste politique & économique

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