Pas de grand rassemblement ou de scène de liesse pour ce dixième anniversaire de la départementalisation. Mais à son échelle, la mairie de Mamoudzou a voulu marquer d’une pierre blanche cette date ô combien symbolique en mettant le conseil municipal des jeunes sur le devant de la scène, ainsi qu’une classe de CM2 de Kaweni Stade.
Place de la République. 15h. Les techniciens de la mairie de Mamoudzou procèdent aux derniers réglages avant le lancement du live Facebook pour célébrer les dix ans de la départementalisation. À l’abri des regards indiscrets, Rosemina Ali parcourt une dernière fois les grandes lignes de son speech. « J’ai appris à midi que j’allais prononcer le discours. Mes collègues ont eu trop peur », confie le sourire aux lèvres la demoiselle de 17 ans, élue au conseil municipal des jeunes depuis maintenant deux ans.
Si l’événement est à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire de Mayotte, la crise sanitaire empêche la population de se réunir en masse comme elle en a l’habitude lorsqu’il s’agit de rappeler son appartenance à la France. « Nous avons appris par l’arrêté du 26 mars que nous étions [malgré tout] autorisés à organiser des manifestations dans l’espace public », rembobine Fatou Chauveau, directrice de la jeunesse, de la culture et de la politique de la ville au sein de la ville chef-lieu. « Il a fallu s’organiser en deux jours… »
L’ancienne directrice de la MJC de Kawéni prend alors contact avec l’établissement scolaire de Kawéni Stade qui a bénéficié en 2019 du projet chant chorale à l’école, porté par l’inspection de l’Éducation nationale de Mamoudzou Nord. Un projet mis en suspens par le Covid-19… Une parenthèse qui n’enlève en rien le talent des élèves de la classe de CM2 D de Monsieur Moudjibou, « la première génération de la départementalisation », invités à entonner la Marseillaise en direct, après les quelques mots d’introduction du premier adjoint au maire de Mamoudzou, Dhinouraine M’Colo Mainty.
La jeunesse, la ressource première du territoire
Avant l’entrée en scène de Rosemina Ali. Plus question de se débiner ! « Je suis née sous Mayotte, collectivité territoriale française, et aujourd’hui me voilà citoyenne du 101ème département français. […] En revendiquant la départementalisation, nos aînés ont vu le moyen d’ancrer, le plus solidement possible, Mayotte au sein de la République française », déroule-t-elle, d’une voix claire, les yeux tournés vers l’objectif. Un exercice oral pour le moins stressant, tant désiré par le maire Ambdilwahedou Soumaïla, qui voulait mettre sur le devant de la scène son conseil municipal des jeunes, « les adultes responsables de demain », en cette date symbolique. « Il faut composer avec la jeunesse qui est souvent vue comme un problème alors qu’elle est la ressource première du territoire », insiste Zaidou Tavanday, le directeur de cabinet du premier magistrat.
Derrière son pupitre toujours, Rosemina Ali continue sa plaidoirie d’une main de maître. « À l’horizon des dix prochaines années, soit en 2031, notre territoire devra garantir un meilleur épanouissement de la jeunesse de Mamoudzou, une meilleure offre d’éducation des enfants, avec des possibilités d’insertion et d’entrepreneuriat pour tous », insiste en guise de conclusion celle qui aspire à jouer sa partition dans la politique locale. Pas peu fière d’avoir réussi ce pari en seulement quelques heures de préparation, la jeune femme se montre même perfectionniste. « Je trouve que j’ai un bugué sur la fin, mais le message est passé, non ?! »