Département : un budget prudent avec la probable baisse des recettes en 2025

Premier budget départemental de l’ère post-Chido, celui de 2025 devrait bénéficier encore d’un engagement de 100 millions d’euros de la part de l’État. De quoi voir l’avenir plus sereinement pour le conseil départemental de Mayotte qui l’a voté, ce mardi matin, en séance plénière.

Baisse des recettes

A la clôture du compte administratif 2024, le Département de Mayotte peut s’enorgueillir d’un bel excédent de 106 millions d’euros pour son fonctionnement. Aidé par l’État via un contrat d’engagement, la collectivité a pu, il est vrai, sortir la tête de l’eau, ces deux dernières années.  Mais si l’enveloppe de 100 millions d’euros devrait être renouvelée en 2025, toujours en contrepartie d’une maîtrise des dépenses, le Département de Mayotte prévoit une baisse de ses ressources fiscales. Que ce soient l’octroi de mer (-3,1 millions d’euros par rapport à 2024), les taxes sur les carburants (-3 millions d’euros) et surtout les droits de mutation à titre onéreux (des taxes sur les transactions immobilières ; -16,1 millions d’euros), la prudence est donc de mise pour ce budget primitif 2025 adopté à une large majorité, ce mardi, au siège du conseil départemental, à Mamoudzou. Seuls Hélène Pollozec et Soula Saïd Souffou, conseillers départementaux des cantons de Mamoudzou 3 et Sada-Chirongui, ont préféré s’abstenir.

Le Département de Mayotte compte augmenter sensiblement ses investissements en 2025, tout en restant prudent sur son fonctionnement.
Intégrés à des budgets annexes, les coûts de fonctionnement de la Santé et Protection de l’enfance (SPE) et de la direction des transports maritimes (DTM, ex-STM) devraient augmenter encore en 2025.

Hausse des investissements

Voulant profiter d’un meilleur autofinancement grâce aux bons résultats de l’an dernier, le Département de Mayotte veut augmenter sensiblement ses investissements en 2025. Il espère passer ses dépenses de 117 millions d’euros en 2024 à 243,17 millions d’euros dès cette année, aidé en cela par des subventions d’État ou des fonds européens. « Une attention particulière sera portée aux investissements endommagés par le cyclone Chido, afin de répondre efficacement aux besoins urgents de notre territoire », prévient le Département qui compte sur un soutien de l’État pour l’aider à financer des réparations évaluées « à 120 millions d’euros », chiffre le président du conseil départemental, Ben Issa Ousseni. Dans les autres projets, la collectivité dit vouloir avancer sur la construction du pôle administratif régional et départemental, le centre sportif de haut niveau de Miréréni (Chirongui), les travaux du port de Longoni, ses prochains pôles d’échanges multimodaux ou encore le futur bâtiment des Archives départementales à M’roalé. A noter qu’elle espère aussi impulser le déploiement de la fibre optique dès cette année (voir encadré).

Encore des hausses en annexe

La dépense principale du Département de Mayotte demeure la masse salariale, celle-ci est évaluée tous budgets confondus à 200 millions d’euros pour 2025, soit une augmentation de 3% par rapport à 2024. Pour les autres lignes budgétaires, le transport scolaire reste une compétence coûteuse avec 45,3 millions d’euros en 2024 et 47 millions d’euros pour 2025. Mais ce sont les budgets annexes qui pèsent toujours davantage sur les finances du Département. Celui de la Santé et Protection de l’enfance (SPE) connaît un bond de ses dépenses de fonctionnement, à 83,9 millions d’euros en 2024. La direction des transports maritimes (DTM, ex-STM), qui comprend le service des barges assurant les liaisons entre Grande-Terre et Petite-Terre, voit ses dépenses de fonctionnement grimper de cinq millions d’euros entre 2023 et 2025, pour arriver à 24,1 millions d’euros.

De fait, ces deux budgets nécessitent d’importantes subventions pour atteindre l’équilibre budgétaire. En 2024, le premier a nécessité une enveloppe supplémentaire de 56,3 millions d’euros sur un total de recettes de fonctionnement de 86,8 millions d’euros. Quand du côté des barges, les dotations et subventions d’État assurent le trois-quarts de leurs recettes (15,1 millions d’euros sur 19,8 millions d’euros). En 2025, ces deux budgets sont prévus à l’équilibre respectivement à 90,7 millions d’euros et 24,1 millions d’euros.

Le top départ donné à la fibre

Après la pose de la première pierre à Kawéni de la filiale Mayotte THD, le jeudi 20 mars, les dirigeants de Réunicable sont venus dévoiler, après la séance en plénière de ce mardi, leur plan d’action concernant le déploiement de la fibre optique aux particuliers. Ce marché, passé sous la forme d’une délégation de service public (DSP), doit permettre de couvrir tout le territoire mahorais en cinq ans. Espérant des premiers raccords dès l’an prochain via les opérateurs classiques, Emmanuel André, directeur général de Réunicable (qui fait partie du groupe Océinde), a promis le dépôt des premières demandes de permis dès ce jeudi et table sur un début des travaux au cours du mois d’avril. Se voulant rassurant sur un recrutement local ou de Mahorais établis hors du territoire, il a évoqué la création de « 300 emplois directs ». Côté finances, Mayotte THD dit vouloir assumer la moitié du projet (92 millions d’euros), tandis que les autres financeurs seront l’État (55 millions d’euros), le Feder (10 millions d’euros) et le Département (26 millions d’euros).
Mamoudzou, Ouangani et Dembéni seront les premières communes en chantier, mais les autres tranches démarreront rapidement en parallèle. Pour Petite-Terre, l’installateur compte ainsi poser dès qu’il le peut un double câble sous-marin entre les deux îles habitées de Mayotte.

Rédacteur en chef de Flash Infos depuis 2022. Passionné de politique, sport et par l'actualité mahoraise, ainsi que champion de saleg en 2024. Passé un long moment par l'ouest de la France, avant d'atterrir dans l'océan Indien au début de l'année 2022. Vous me trouverez davantage à la plage quand je ne suis pas à la rédaction.

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