Cyclone Chido : la feuille de route du Département pour éviter une crise généralisée

Le 24 décembre, le conseil départemental de Mayotte a énuméré les multiples urgences pour relever le territoire à différents niveaux, celui de la population, des entreprises et la reconstruction à la suite du passage du cyclone Chido, le samedi 14 décembre.

A la suite de la nomination du nouveau gouvernement, le conseil départemental de Mayotte a détaillé ses « attentes » vis-à-vis de celui-ci et en particulier de Manuel Valls, le nouveau ministre des Outre-mer, qui a promis de se rendre à Mayotte « le plus vite possible ». Pour le président de la collectivité locale, Ben Issa Ousséni, trois crises majeures menacent l’île dans cette période post-cyclonique : « une crise sanitaire ; une crise alimentaire et une crise sécuritaire ».

La première urgence consiste à « protéger et soutenir la population » selon le conseil départemental. Pour cela, il faut mobiliser tous les moyens nécessaires pour répondre en urgence aux besoins vitaux (nourriture, eau, électricité, téléphonie) ; renforcer les équipes médicales et fournir des équipements adaptés pour prévenir une crise sanitaire ; reloger les familles sinistrées, communiquer un plan logistique clair pour la distribution des aides, en précisant le rôle de toutes les forces locales et en prenant en compte les moyens mobilisés par le Département (mobilisation des PMI, CMS et agents départementaux).

Sur le plan administratif et juridique, il s’agit de déclarer l’état de catastrophe naturelle et d’activer les dispositifs de soutien nationaux et européens; couvrir les factures des collectivités locales, identifiées sur Chorus, afin de libérer des fonds pour les opérations d’urgence ; coordonner, avec le Département, l’afflux des aides nationales et internationales et l’acheminement de celles-ci vers Mayotte ; maintenir le couvre-feu aussi longtemps que nécessaire pour assurer la sécurité des biens et des personnes.

L’autre urgence selon le Département est « de relancer et accompagner les acteurs locaux ». Pour la population, il s’agit d’organiser une opération massive de nettoyage de l’île et d’évacuer les déchets non traitables sur l’île vers les pays ou territoires en capacité de les prendre en charge ; de suspendre les échéances des crédits immobiliers pour les propriétaires ayant perdu leurs biens (intervention auprès des établissements bancaires).

Pour les entreprises, il s’agit de mettre en place des dispositifs de sauvegarde des entreprises et des emplois (chômage partiel, suppression ou gel des charges sociales et fiscales) ; de garantir la continuité des soutiens fiscaux existants pour l’économie (CICE, zone franche, etc.), de fournir des dispositifs de trésorerie (prêts d’honneur, avances remboursables) ; d’indemniser les secteurs sinistrés (agriculture, pêche, artisanat) et accompagner leur reconstruction.

Pour les collectivités locales, il s’agit d’accompagner la maîtrise du foncier et d’encadrer la reconstruction pour éviter la réapparition des bidonvilles ; de prendre en charge les pertes financières liées aux marchés publics affectés par la catastrophe ; de mettre en place un plan « urgence retour à l’école » pour garantir une reprise rapide de l’Éducation.

Un plan national de reconstruction

Ensuite, le conseil départemental estime que viendra le temps de la reconstruction durable pour bâtir un territoire plus résilient. Pour la population, il s’agit de soutenir la reconstruction des logements privés et accélérer celle des logements sociaux. Pour les collectivités locales, il s’agit de lancer un plan national de reconstruction, sur trois ans, pour renforcer la résilience de l’île ; de mobiliser des architectes, ingénieurs et grandes entreprises pour repenser les infrastructures ; d’élaborer un nouveau contrat d’engagement État-Région pour planifier les grands projets structurants (port, aéroport, fibre optique, mobilité, énergie), sur cinq ans.

L’objectif est « de sortir de la phase d’urgence pour entrer dans la phase de stabilisation, évoquée par le président de la République, dans sa feuille de route pour Mayotte », explique le Département. « Nous attendons du ministre des Outre-mer qu’il s’empare rapidement du plan d’actions annoncé et qu’il engage une collaboration étroite avec nous pour le construire et le concrétiser ensemble. Il est essentiel d’éviter les erreurs du passé et de transformer notre vision de développement pour Mayotte en une réalité concrète, en mobilisant les moyens nécessaires pour atteindre cet objectif », affirme le conseil départemental.

Manuel Valls, « un Chido 2 pour Mayotte »

Il est loin d’être un grand fan de l’ex-Premier ministre, Manuel Valls. Mansour Kamardine, désormais député honoraire de Mayotte, se fait très critique de l’arrivée de l’ex-socialiste au ministère de l’Outremer et n’hésite pas à le comparer à « un Chido 2 pour Mayotte ». Il y voit une menace pour la suppression du droit du sol qu’il défend depuis des années. « Nous, Français de Mayotte, exigeons le droit à la continuité historique. Nous refusons le remplacement de population (en vingt ans, les Mahorais sont passés de 80% de la population de l’île à seulement 30% des habitants). Nous nous opposons à la poursuite des politiques publiques qui se concentrent sur le traitement de l’échec, par manque de volonté, de la maîtrise nos de frontières », défend l’avocat, qui espère que la loi d’urgence pour Mayotte actuellement en préparation comprendra aussi un volet sur la lutte contre l’immigration clandestine. « Cette loi devra traiter la nécessaire maîtrise de l’immigration car il ne peut y avoir de reconstruction de Mayotte sans traiter le nœud gordien de nos difficultés, origine également de l’effroyable situation humanitaire consécutive au passage du cyclone Chido », estime-t-il.

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