Crise diplomatique | Comores / France : assiste-t-on au dégel des relations ?

Les autorités ont pu mener des reconduites à la frontière vendredi à Anjouan tandis que le calendrier diplomatique s’accélère entre la France et l’Union des Comores. Après la visite d’une délégation française à Moroni, les ministres des Affaires étrangères français et comorien vont se rencontrer jeudi à Paris.

L’Union des Comores a accepté vendredi le retour d’une partie de ses ressortissants, interpellés en situation irrégulière à Mayotte. 50 individus ont été reconduits à la frontière par bateau, a confirmé lundi la préfecture de Mayotte. Les clandestins étaient logés au centre de rétention administrative de Petite-Terre. Depuis le 21 mars, l’Union des Comores refusait la quasi-intégralité des reconduites à la frontière opérées par la France.

Assiste-t-on aux prémices d’un dégel des relations entre la France et les Comores ? Ce changement d’attitude de nos voisins est intervenu deux jours après que Jean-Baptiste Lemoyne, le secrétaire d’État français auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, s’est rendu à Moroni (Grande Comore) où il a rencontré le ministre des Affaires étrangères comorien et le président de l’Union des Comores. Ce jeudi, c’est le ministre comorien des Affaires étrangères Mohamed El-Amine Souef qui rencontrera à Paris son homologue français Jean-Yves Le Drian. Le président de la République Emmanuel Macron a également invité son homologue comorien Azali Assoumani à l’Élysée. En somme, la France joue l’apaisement.

« Un dialogue toujours plus dense »

En marge de son déplacement mercredi à Moroni, Jean-Baptiste Lemoyne précisait que « l’idée, c’était de pouvoir avoir un dialogue sur l’ensemble des sujets que nous avons à cœur, pouvoir jeter les bases d’un dialogue toujours plus dense qui va se poursuivre dans les prochaines semaines (…) Nous avons, je crois, le souhait, l’ambition d’avoir une coopération, une amitié toujours plus forte, toujours plus dense. Je suis aussi venu porter à la connaissance (…) des autorités comoriennes un certain nombre d’éléments sur la situation qui a évolué », poursuit le membre du gouvernement français, lors d’un point presse diffusé sur YouTube, durant lequel il ne détaille pas lesdites évolutions. « Nous espérons qu’à l’aune de ces événements, un certain nombre de mesures pourront être regardées. Il faut s’inscrire, je crois, dans un cadre vaste de travail sur tous les défis communs que nous avons à relever. On est dans cette zone de l’océan Indien où tous les défis sont à relever ensemble (…) qu’il s’agisse des sujets de biodiversité, de santé, d’éducation, d’insertion des jeunes », détaillait-il.

Cette visite d’une délégation française à Moroni « s’inscrit dans le cadre du dialogue ferme mais confiant et constructif que nous entretenons avec les autorités comoriennes. Notre volonté est de dépasser les tensions actuelles et d’enclencher une nouvelle dynamique assurant la sécurité et le bien-être de nos populations respectives », précise le Quai d’Orsay sur son site internet.

Pas de solution « paracétamol »

« Le plus important, c’est que dès aujourd’hui, nous avons amorcé un dialogue politique, des discussions franches et sincères », saluait le même jour le ministre comorien des Affaires étrangères, de la Coopération internationale et de la Francophonie, Mohamed El-Amine Souef. « Nous avons eu un premier contact aujourd’hui (…) Nous allons nous donner le temps de réfléchir, d’examiner et de faire des propositions concrètes (…) La question de Mayotte n’est pas une question de nature à trouver une solution « paracétamol » mais nous voulons une solution pérenne. Ce n’est pas en 30 minutes que nous pouvons résoudre ce problème », déclarait-il lors d’un point presse diffusé sur YouTube. Interrogé sur le refus d’accueillir des ressortissants interpellés en situation irrégulière à Mayotte, le ministre comorien précisait : « Nous avons amorcé le dialogue, nous avons dégagé un certain nombre de pistes ».

La feuille de route refait surface

Alors que le Quai d’Orsay a « temporairement décidé de ne plus recevoir les dossiers de demande de visa des titulaires de passeport diplomatique ou de service comoriens et d’en suspendre la délivrance, sauf exception », comme il l’indiquait lors un point presse récent, le ministre comorien des Affaires étrangères qualifie la sanction de « non-événement (…) Nous n’avons pas abordé, pendant toutes les discussions, cette question », affirmait mercredi Mohamed El-Amine Souef.

Il a remis sur la table la feuille de route signée entre la France et l’Union des Comores le 12 septembre dernier. « Nous avons discuté et examiné les voies [pour] mettre tout ce qui a été discuté à Paris en application », affirmait-il à l’issue de sa rencontre avec Jean-Baptiste Lemoyne. L’accord prévoit, entre autres, l’instauration de visas gratuits entre Mayotte et l’Union des Comores. A l’époque, il avait provoqué la colère de la population mahoraise et avait été suspendu.

À noter que le secrétaire d’État français auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères a déclaré mercredi que le changement de statut de Mayotte « n’est pas à l’ordre du jour », sans démentir pour autant que l’hypothèse d’une « communauté de l’archipel des Comores » serait encouragée par le ministère des Affaires étrangères, comme l’affirmaient il y a peu nos confrères du journal Le Monde.

 

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