Collectivités et institutions économiques étaient réunies, ce jeudi, à Coconi, pour le premier jour du colloque sur le schéma régional de développement économique, d’internationalisation et d’innovation (SRDEII). Un document au nom ronflant, mais loin d’être anodin pour le territoire français à la croissance économique la plus forte (+8% de produit intérieur brut par an).
Qu’est-ce que le schéma régional de développement économique, d’internationalisation et d’innovation ?
Le document, connu sous l’abréviation SRDEII, est une obligation instituée par la loi NOTRe (Nouvelle Organisation Territoriale de la République) en 2015. Porté d’habitude par les Régions, il l’est ici par le Département de Mayotte, mais il s’agit « d’un schéma collectif au service du territoire et pour lequel on doit tous le mettre en œuvre », fait remarquer Marjorie Pâquet, l’adjointe au secrétaire général pour les affaires régionales (Sgar). Alors que le dernier SRDEII est en vigueur depuis 2019, sept grandes orientations fixent un cap pour le développement économique à Mayotte. Un sujet qu’apprécie le conseil départemental qui en a fait sa priorité et est l’organisateur de ce colloque sur deux jours, ce jeudi et vendredi matin. « Créer des richesses, des emplois, c’est essentiel. C’est vital, mais ce n’est pas facile », constate Bibi Chanfi, la deuxième vice-présidente du Département dans son allocution, en référence aux contradictions de Mayotte. En effet, l’île connaît une croissance de son produit intérieur brut de 8% chaque année, soit trois fois plus qu’à l’échelle nationale. Cependant, elle reste le département le plus pauvre et avec le plus haut taux de chômage (30% de sa population active).
A quoi sert ce colloque ?
Réunissant des acteurs économiques et les collectivités locales au pôle d’excellence rurale (PER) de Coconi, il sert à la fois à réaliser un diagnostic du développement de l’économie mahoraise et à explorer les pistes pour que le territoire puisse continuer à voir son économie progresser. « Le but de ce colloque est de définir ensemble nos objectifs les plus importants et bien nous organiser pour coordonner et rendre concret notre programme d’action », prévient la vice-présidente en charge du développement économique. La cabinet M’zé conseil, qui suit le projet depuis le début, compte d’ailleurs beaucoup sur les six ateliers prévus (voir encadré) pour « nourrir la réflexion ».
Dans quels domaines Mayotte s’en sort bien ?
Concernant le diagnostic, il n’est pas si sévère. Guillaume Jaouen, le directeur de M’zé conseil, loue l’accompagnement des entreprises qui se structure de plus en plus. Il cite comme exemple l’Adim (l’agence de développement et d’innovation de Mayotte). En termes d’innovation aussi, « Mayotte avance bien », dit-il avant de citer la future Technopôle de Dembéni, les clusters créés récemment (voir par ailleurs) et la transition numérique avec le projet « Douka 2.0 ».
A contrario, quels secteurs posent des difficultés ?
Il y a deux orientations qui font encore défaut dans le paysage économique mahorais. Le premier est l’investissement public et notamment la création de zones d’activités économiques. Ce terreau, qui attire et permet aux entreprises de grandir, manque encore cruellement. Le SRDEII avait misé sur cinq sites pour tenter de décongestionner Kawéni. Et hormis la ZAE de Longoni, les autres ont pris du retard pour se développer. Plusieurs intervenants n’ont pas manqué de rappeler les besoins. Mamadou Konaté par exemple, le directeur de l’Adim, fait remarquer qu’il s’agit d’un handicap à la fois pour les porteurs de projet accompagnés par l’agence et les investisseurs régionaux intéressés par Mayotte. Au Département où la question du foncier revient souvent, on ne dit pas autre chose. « Un sujet nous tient particulièrement à cœur en ce moment, la production du foncier économique. Nous devons accélérer encore ce chantier majeur et concrétiser les opportunités foncières qui s’offrent. C’est essentiel pour la vitalité de notre économie », concède Bibi Chanfi. Les Badamiers, Combani et Malamani, les ZAE les plus souvent citées, semblent toutefois portées de façon dynamique par leurs intercommunalités. L’Epfam (Établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte), représentée par son directeur Yves-Michel Daunar, s’est montrée optimiste sur leur développement.
La deuxième orientation encore délaissée est celle portant sur le développement durable. Car si les croissances verte et surtout bleue (liée à la mer) sont souvent louées, elles restent timides à Mayotte.
Une dernière matinée d’ateliers
Jeudi après-midi et ce vendredi matin, le colloque se divise en plusieurs ateliers. Si la politique d’aide aux entreprises et le soutien à l’innovation ont été abordés lors de la première journée, quatre autres thèmes feront l’objet ce matin de travaux, toujours au PER de Coconi. A 8h, il y aura en simultané les ateliers 3 (aménagement du territoire et investissements majeurs) et 4 (capital humain et formation professionnelle). A 10h15 environ, ce seront les deux derniers sur le développement durable et la résilience territoriale, ainsi que le positionnement régional et la stratégie d’internationalisation. A midi, Bibi Chanfi, la deuxième vice-présidente du conseil départemental, sera chargée du discours de clôture de ce colloque.