“Créer les conditions d’un rapport de force avec les Comores”

Avant que le projet de loi d’urgence pour Mayotte ne soit discuté dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, le 20 janvier, le président du conseil départemental de Mayotte, Ben Issa Ousseni, a rencontré le ministre de l’Outremer, Manuel Valls, ce jeudi 16 janvier, à Paris. Au micro de nos confrères d’Outremers360, ce dernier n’a pas caché vouloir un discours plus ferme avec l’archipel voisin de Mayotte au sujet du volet migratoire.

Immigration

C’était le sujet absent du projet de loi d’urgence, mais sur lequel les élus mahorais insistent. Ils veulent des mesures rapides pour endiguer l’immigration illégale sur leur territoire. Jugés pourtant irrecevables par le Conseil constitutionnel, les amendements liés à la lutte contre l’habitat insalubre et l’immigration clandestine trouveront une autre réponse avec la loi-programme actuellement en discussion et même dans une proposition de loi faite par le groupe Les Républicains (celle-ci demande un allongement de la durée légale de résidence à Mayotte de parents étrangers à un an avant la naissance, contre trois mois aujourd’hui pour l’un des deux parents).

Toujours sur le volet immigration, Manuel Valls, ministre de l’Outremer, s’est déclaré prêt à aller plus loin aussi dans le nombre d’expulsions de ressortissants étrangers (22.000 de janvier à début décembre 2023 par exemple). Il a réitéré cette volonté au sortir d’un entretien, ce jeudi soir, avec Ben Issa Ousseni, le président du conseil départemental de Mayotte. Et peu importe que le président de l’Union des Comores, Azali Assoumani, ait déclaré “qu’il ne peut pas accueillir les Comoriens expulsés par la force” à la chaîne France 24. “Il faut créer les conditions d’un rapport de force”, lui répond justement l’ex-Premier ministre, à nos confrères d’Outremers360.

Bidonvilles

Dans les jours qui ont suivi le passage du cyclone Chido, le 14 décembre, une bonne partie des cases en tôles ont été reconstruites. En plus de l’accélération des procédures pour la construction, la loi d’urgence doit servir “à empêcher la reconstruction des bidonvilles”, estime toujours le ministre de l’Outremer, avant de reconnaître que “bien sûr, ils se sont reconstitués. Ce n’est pas une loi qui l’empêchera. Il faut les moyens de la force publique pour en finir avec cet habitat illégal”.

Économie

L’intérêt du président du conseil départemental dans cette rencontre de ce jeudi a été de pouvoir avoir “des précisions” sur la zone franche globale promise par le Premier ministre François Bayrou, le lundi 30 décembre. Le dispositif, qui ne figure pas dans la loi d’urgence, doit être effectif pendant “cinq ans” à Mayotte et permettre de nouvelles exonérations pour les entreprises. “Un accompagnement” a aussi été demandé par Ben Issa Ousseni aux collectivités mahoraises. “Vous savez que nos collectivités ont été aussi fortement touchées. On souhaiterait qu’elles puissent être accompagnées rapidement pour reconstruire leurs locaux pour pouvoir assurer leurs missions de service public”, défend l’élu mahorais, qui a souhaité parler en outre de la convergence des droits sociaux et de l’environnement (“nettoyage des rivières et reboisement”).

Établissement public

Créé par l’article premier de la loi d’urgence, l’Établissement public de la refondation de Mayotte suit le modèle de ce qui a été fait pour la reconstruction de Notre-Dame-de-Paris. Dans cette structure qui sera dirigée par le général Pascal Facon, la moitié des sièges du conseil d’administration devrait revenir aux collectivités locales. Manuel Valls a tenté de rassurer l’élu mahorais en disant “qu’il est notre interlocuteur pour la reconstruction. On veut s’appuyer sur lui. C’est très important que les élus, les maires soient associés à ce travail”.

Rédacteur en chef de Flash Infos depuis 2022. Passionné de politique, sport et par l'actualité mahoraise, ainsi que champion de saleg en 2024. Passé un long moment par l'ouest de la France, avant d'atterrir dans l'océan Indien au début de l'année 2022. Vous me trouverez davantage à la plage quand je ne suis pas à la rédaction.

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