Dans le cadre de la crise sanitaire, le ministre a répondu aux questions des sénateurs à l’occasion d’une audition par la Délégation sénatoriale aux Outre-mer. Mais au sujet de Mayotte, le représentant du gouvernement est resté dans le constat, sans parvenir à apporter de réponses convaincantes aux interrogations du parlementaire Thani Mohamed Soilihi.
20/20. Le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu était auditionné ce jeudi matin par la délégation aux Outre-mer du Sénat. Sa mission : défendre la gestion gouvernementale de la crise sanitaire dans les territoires éloignés de la République, qui ne vivent pas au même rythme que l’Hexagone la propagation du Covid-19. Et si le locataire de la rue Oudinot a “sorti le peigne” (sic) pour répondre une à une à toutes les questions des parlementaires, l’on pourra regretter le ton bien scolaire et le manque d’annonces concrètes d’un ministre qui avait plutôt le nez dans ses fiches face au sénateur Thani Mohamed Soilihi.
L’élu mahorais avait interpellé le membre du gouvernement sur “trois questions précises” : la crise du Covid et le variant 501, selon la nouvelle dénomination du virus dont la mutation a été détectée en premier en Afrique du sud, et qui est soupçonnée de se répandre comme une traînée de poudre à Mohéli ; la gestion de l’eau, pour ne pas revivre le calvaire des coupures, tout juste levées ; et enfin la piste longue, dont le dossier lacunaire a été épinglé la semaine dernière par un avis au vitriol de l’Autorité environnementale. Mais fidèle à la précieuse logique du “en même temps”, le marcheur du deuxième round n’a guère su trancher sur ces trois dossiers, pourtant largement débattus sur l’île aux parfums.
Pas question de rompre les liens Mayotte – métropole
Question numéro une : le Covid. “Si le virus variant 501 devait circuler aux Comores, cela devrait nous conduire à prendre des mesures de précaution encore plus importantes”, a-t-il confirmé au sénateur, qui s’inquiétait en outre des propos tenus par le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy sur la nécessité de restreindre les relations entre la métropole et ses deux départements de l’océan Indien. “Rompre les liens non, prendre des mesures pour nous protéger collectivement oui”, a nuancé le ministre.
Fraude et immigration clandestine
En guise de mesures, Sébastien Lecornu s’est toutefois contenté de reprendre des annonces connues, comme la suspension des liaisons avec les pays africains – décret annoncé par le préfet de Mayotte le 10 janvier et qui a d’ailleurs pris de court la compagnie Kenya Airways et certains passagers de retour de vacances, toujours bloqués hier à Nairobi -, ou le recours aux tests pour les voyageurs. “Nous allons aussi les systématiser parfois à l’arrivée depuis les Comores. Ce n’est pas faire offense que de dire qu’il peut y avoir de la fraude”, a-t-il justifié. Seule nouveauté : la possibilité évoquée de recourir à la septaine pour tester à nouveau les voyageurs. Rien, en revanche, sur l’afflux de clandestins, pourtant la “plus grande crainte”, du sénateur Thani Mohamed Soilihi qui demandait, entre autres, si le bâtiment militaire envoyé pendant la première vague pourrait être utilisé pour “lutter plus efficacement contre les risques de pénétration irrégulière”.
Sébastien Lecornu a par ailleurs confirmé que les résultats des prélèvements effectués sur place en Union des Comores par une équipe de l’OMS et l’agence régionale de santé de Mayotte étaient attendus ce jour, ou “en fin de semaine”.
Pacte sur l’eau sans se mouiller
Manque de temps ou d’éléments ? Le ministre des Outre-mer a en tout cas davantage bâclé ses deux dernières réponses. Sébastien Lecornu a d’abord rappelé que l’eau était “une compétence des collectivités territoriales”, tout en assurant “rendre hommage” à la nouvelle équipe arrivée en juillet à la tête du SMEAM, le syndicat des eaux de Mayotte. “J’ai donné des instructions pour travailler un pacte sur l’eau entre l’État et le syndicat pour redresser les finances et accélérer les travaux”.
Et l’ancien président du département de l’Eure de réciter “les projets structurants, évidemment l’usine de dessalement, la troisième retenue collinaire, la station d’épuration… et j’ai cru comprendre un ambitieux plan de reboisement”. Côté piste longue, même jeu de balancier : “Enjamber la question environnementale bien sûr que non, personne n’a envie d’aller en prison. Mais cela ne change pas notre regard sur le bien fondé de cet investissement, et cela me permet de réaffirmer l’engagement du président de la République, et notre volonté d’y arriver”. Mention bien pour Lecornu !