Alors que le blocage prévu de l’aéroport a achoppé et que les barrages routiers ont repris du service, les maires de l’île se sont réunis lundi après-midi et se sont mis d’accord sur une chose : ils demandent 1.8 milliard d’euros à l’Etat pour « la tranquillité des Mahorais ».
Un couac dans la communication. Tandis que l’intersyndicale décidait dimanche d’un éventuel blocage de l’aéroport lundi, une manifestante appelait les habitants lors d’une intervention radio à ériger de nouveau des barrages sur les principaux axes routiers de l’île dès le début de la semaine. Résultat ce lundi : des gendarmes mobiles sécurisaient l’aéroport où régnait un calme olympien – une partie des futurs passagers récupérant d’ailleurs un peu de leur courte nuit allongés sur les quelques bancs, étant certainement partis tôt en prévision des blocages et/ou des problèmes de barge – et des barrages routiers de nouveau dressés aux points-clés de l’île.
Ce revirement a empêché quelques maires de se rendre à la réunion prévue lundi après-midi au Conseil départemental, bloqués par les barrages, notamment du Sud. Les élus se sont concertés afin de mettre en place un comité de coordination, organe représentatif qui leur permettra d’échanger en nombre réduit avec les différents acteurs du mouvement social, dont l’intersyndicale, mais également de « travailler sur le fond », a rappelé Anchya Bamana, le maire de Sada.
Outre la fermeture des hôtels de ville qui devrait être reconduite dans les jours à venir, les élus, via les intercommunalités et l’association des maires de Mayotte, ont décidé de l’élaboration « d’un plan de convergence sur dix ans », a annoncé Saïd Omar Oili. Le président de l’association des maires a également indiqué que ce plan se chiffrait à 1.8 milliard d’euros, montant nécessaire « si l’Etat veut mettre en place les conditions de tranquillité des Mahorais ». Dans le détail, 40 millions seraient dédiés aux équipements sportifs et culturels, 500 millions à l’habitat (pour la construction de 10 000 logements sociaux et le financement de la résorption de l’habitat insalubre, entre autres), 480 millions à l’eau potable et à l’assainissement (comprenant la construction de la troisième retenue collinaire et une centrale de dessalement), 238 millions aux routes et transports, et 480 millions aux constructions scolaires (pour les 600 classes manquantes et la mise en place de 150 réfectoires notamment).
Les maires devaient rencontrer dans la foulée des membres de l’intersyndicale et envisagent de poursuivre le mouvement aujourd’hui en descendant dans la rue, leurs écharpes tricolores bien en vue. « On continue la pression », a déclaré le maire de Tsingoni tandis que Saïd Omar Oili lançait un cri de ralliement : « De l’action ! »
Comme les manifestants, les élus sont déterminés à poursuivre le mouvement tant que le président de la République – « ou à défaut le ministre de l’Intérieur » – ne se déplacera pas pour rencontrer la population en colère. Les maires ne digèrent pas l’absence de réponse de l’Etat malgré leur « appel d’urgence au Gouvernement », motion qu’ils ont déposée samedi auprès du président de la République, du Premier ministre et des ministres de l’Intérieur, de l’Education nationale, des Outre-mer et de la Santé ainsi qu’auprès du préfet de Mayotte, Frédéric Veau. « Si on essaie de faire pourrir le mouvement, en ne donnant pas de réponse à la population, l’Etat se trompe, car la population est déterminée », a asséné Saïd Omar Oili.
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