Dans la nuit du 30 au 31 janvier, le véhicule d’un conseiller du Délégué chargé de la défense a également été incendié à Dembeni, sa localité d’origine, située au sud de la Grande Comore. Le parquet de Moroni estime qu’il est trop tôt pour établir un lien entre les deux actes probablement criminels.
Actes isolés ou signe d’un retour de la contestation contre la réélection du président Azali Assoumani ? Après l’incendie du véhicule d’un juge de la haute cour, dans la nuit du mardi, sur l’île d’Anjouan, des questions sur la raison de ces agissements taraudent les esprits. Surtout que depuis le 19 janvier, les heurts qui avaient éclaté dans la capitale de l’Union des Comores ont cessé. La vie a même repris son cours, même si des poches de résistance ont été repérées dans certaines localités où des routes avaient été barrées la veille de la proclamation des résultats définitifs. Mais voilà qu’une semaine après la confirmation par la cour suprême de la victoire d’Azali Assoumani, laquelle n’est toujours pas reconnue par ses adversaires, on apprend que la voiture du président de la section constitutionnelle et électorale, instance qui valide le vote, a été incendiée à Ouani, la ville natale du juge. Pour rappel, c’est ce même magistrat connu sous le nom de Rafiki Mohamed qui a remplacé l’ancienne présidente de la section constitutionnelle et électorale, limogée à la surprise générale à moins de deux semaines du lancement de la campagne pour le double scrutin du 14 janvier dernier.
Le parquet de Mutsamudu, chef-lieu d’Anjouan, n’a pas fait de commentaires. Nous savons seulement qu’au moment des faits, le juge se trouvait à la Grande Comore, où un autre responsable politique a également été victime du même acte.
Deux enquêtes
Selon des informations communiquées par le parquet de Moroni, la voiture de fonction de Mansour Abdallah, conseiller politique du Délégué à la défense, a subi le même sort que celle du président de la section constitutionnelle et électorale. « Je confirme que dans la nuit du 30 au 31 janvier 2024, à Dembeni Mbadjini, sud de la Grande Comore vers 2h à 3 h du matin, une voiture a été est incendiée devant le domicile du propriétaire. Une enquête est ouverte pour retrouver très rapidement les auteurs de cet acte et les traduire devant la justice pour répondre de ces actes », a déclaré, le chef du parquet Ali Mohamed Djounaid. Il ajouté qu’il est encore trop tôt pour affirmer que les deux évènements sont liés. Seules les deux enquêtes ouvertes à Anjouan et à la Grande Comore apporteront des réponses sur les intentions des présumés auteurs a précisé le parquetier.
Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux hier, en fin d’après-midi, Mansour Abdallah, qui la veille avait juré qu’il était prêt à servir de bouclier pour le régime en place, a lui aussi refusé de désigner des coupables. Il a revanche dénoncé l’acte et s’est montré combatif tout en promettant de continuer d’apporter son soutien au pouvoir d’Azali Assoumani, dont les messages de félicitations affluent encore. « J’étais en train de dormir quand cela s’est produit. Vers 2h du matin, j’ai entendu le bruit du pneu. Je me suis réveillé et j’ai vu que la voiture était en feu. Heureusement que les voisins du quartier et mes beaux-frères sont venus l’éteindre sans qu’il ne fasse des dégâts. La maison n’a pas été touchée », a raconté le conseiller politique du Délégué chargé de la défense. Le feu a consumé le devant du véhicule, notamment le moteur. Les sièges de derrière n’ont cependant pas été endommagés.
Personne n’a revendiqué ces actes. Est-ce le signe d’une reprise des hostilités par les contestataires de la victoire d’Azali Assoumani ? Pendant les heurts nés au lendemain de la proclamation des résultats provisoires, des bâtiments administratifs avaient été incendiés, d’autres vandalisés. Le domicile du ministre des Transports sis à Moroni en fait même partie.
Si le régime enchaîne les fêtes, les cinq candidats de l’opposition silencieux depuis le verdict de la cour suprême ont annoncé des tournées dès demain pour remercier les électeurs comoriens. L’occasion pour eux de rappeler qu’ils rejettent toujours les résultats proclamés le 24 janvier.