Comores : À peine réélu, Azali Assoumani tend la main à ses opposants

Le président réélu à l’issue d’un scrutin contesté a appelé les opposants, la société civile, à venir construire le vivre ensemble.  

Il se sait contesté même si la cour suprême a jugé que son élection ne souffre d’aucune irrégularité. Au lendemain de la confirmation de sa victoire avec 57,2% des voix, Azali Assoumani joue la carte de l’apaisement. Devant ses militants ce jeudi, à l’hôtel le Retaj, le président élu a tenu son premier discours.

Le nouveau chef de l’État a d’abord rappelé qu’il était le président de tous les Comoriens. Une façon de reconnaître à demi-mot que sa réélection est loin de faire l’unanimité puisqu’au lendemain de la proclamation des résultats provisoires, des heurts ont éclaté dans la capitale. « Permettez-moi de saluer avec respect mes adversaires, qui se sont portés candidats aux élections présidentielles et celles des Gouverneurs. Je voudrais leur dire, qu’à leur égard, je n’ai aucune once de rancune. Je leur tends une main fraternelle, comme je l’ai toujours fait et je les appelle à nous unir sur l’essentiel, pour l’émergence de notre pays« , a-t-il déclaré.

Élu dès le premier tour, le président a remercié ceux qui ont voté pour lui.  » En faisant le choix, mes chers compatriotes, de m’accorder votre confiance pour présider aux destinées de notre pays, vous avez opté pour la consolidation de la paix et de la sécurité et pour un développement socioéconomique durable« , a ajouté l’ex-putschiste qui devra passer la main à un enfant de l’île d’Anjouan en 2029 au nom de la présidence tournante, le système politique qui régit les trois îles indépendantes depuis 2001.

Des condoléances pour le jeune tué par les forces de l’ordre

Si les troubles ont cessé depuis une semaine, les opposants ne sont pas prêts à passer l’éponge. Le candidat Mohamed Abdallah Daoud a promis que le 26 mai prochain, il y aura de nombreux présidents. Dans un communiqué publié mercredi soir, après la proclamation des résultats définitifs, 29 candidats de l’opposition (présidentielle et gouverneurs) ont dénoncé la mise au pas de la cour suprême et le bâclage intolérable de son travail en sa qualité de juge électoral. Ils ont enfin appelé leurs électeurs et militants à se mobiliser pour faire valoir les résultats authentiques.

Mais pour le nouveau chef de l’État, il faut éviter « à notre pays et les scènes de guerres et les appels à la haine et à la violence dont ils été les témoins, ces derniers temps« , citant l’amertume et l’atmosphère de belligérance qui ont caractérisé la proclamation des résultats de ces élections. Il a d’ailleurs adressé les condoléances à la famille du jeune de 21 ans tué par les forces de l’ordre alors qu’il tentait, selon la version des autorités, de pénétrer dans le domicile d’un ministre.  » Cette disparition tragique ainsi que tous les actes de violence que notre pays a connus ces derniers jours, nous imposent le devoir d’œuvrer ensemble, Gouvernement, opposition, leaders religieux, notables et Société civile, pour reconstruire notre unité et notre vivre-ensemble, lourdement entamés« , a-t-il insisté.

Cette main tendue sera-t-elle accueillie favorablement par le camp adverse ? Ce jeudi, Daoud Halifa, le mandataire du candidat Bourhane Hamidou, en détention depuis une semaine, a été relâché. Les autres détenus emprisonnés après les émeutes du 17 janvier le seront-ils également ?

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