Comores : Le principal suspect du viol d’une fillette de 11 ans relâché

Les enquêteurs avaient interpellé deux personnes dont un ami du père de la jeune Echat, retrouvée morte vendredi à Moroni, avant de le relâcher. Il aurait fourni un alibi convaincant aux gendarmes. L’enquête pour déterminer qui a violé la fillette est donc toujours en cours.

Qui a assassiné jeudi dernier la fillette de 11 ans, dont on a retrouvé le corps au sud de la capitale Moroni ? Après la libération du principal suspect dans cette affaire de meurtre et de viol, l’enquête doit désormais se lancer dans la recherche du présumé auteur jusque-là non identifié. Depuis vendredi, la gendarmerie comorienne avait arrêté et place en garde à vue trois personnes. Parmi eux, un voisin de la famille, le père de la victime, et un ami à lui qui avait été considéré visiblement à tort comme le suspect numéro 1. Ils ont tous été libérés depuis ce lundi, faute de preuves et éléments les incriminant. L’ami du père biologique de la petite Echat Binti Youssouf a avancé un alibi. Une source a indiqué que le père a confirmé qu’il était avec son ami avant même que la disparition de l’enfant ne soit connue. Pour ces raisons, les autorités n’ont pas jugé nécessaire de garder le suspect. « Au cours de l’enquête, il est prouvé que le jeudi 15 février, cette personne se trouvait dans la région de Hamahamet avec le père de la fillette depuis 11 heures du matin et que c’était à 19 heures qu’ils sont rentrés à Moroni », a complété le parquet de Moroni.

Retrouvée dans une citerne

Vendredi, le corps de la jeune fille a été retrouvé à Graphica, un quartier situé au sud de la capitale Moroni. Née en avril 2012, Echat Binti Youssouf aurait fêté ses 12 ans dans deux mois. Mais le destin en a décidé autrement. Sa dépouille repêchée dans une citerne, ce 16 février, présentait des signes de viol. Ses proches ont déclaré avoir constaté qu’elle saignait et écartent de facto la thèse de l’accident. Il est clair pour eux que leur enfant qui était en classe de sixième cette année a subi un viol avant d’être ramenée dans ce réservoir. « Le médecin légiste a confirmé que la fillette présentait des signes de pénétration sexuelle récente, une plaie ouverte au niveau de l’arrière de sa cuisse, des ecchymoses dans certaines parties du corps de la fillette ainsi que d’autres signes. Après les examens du corps, nous avons autorisé la remise du corps à la famille pour aller continuer les obsèques », a relevé le procureur Ali Mohamed Djounaid, mardi en fin d’après-midi. Le même jour, les associations qui luttent contre les violences faites aux femmes et aux enfants, dont l’ONG Hifadwu (protection) sont allées présenter leurs condoléances à la famille endeuillée. « Nous sommes venus apporter notre soutien aux proches. Nous comptons par ailleurs organiser une manifestation dans les prochains jours pour dénoncer et condamner cette violence qui cible les enfants et pas seulement. Nous ne pouvons pas continuer comme ça. Le pire, nous nous mobilisons pour que les violeurs soient arrêtés puis emprisonnés. Mais ils finissent par être libérés », a tancé Allaouiyat Said Abdallah, la présidente de l’association Faina, du nom de cette mineure de 5 ans, abusée et assassinée chez elle, dans une localité située au nord de la Grande Comore.
Très en colère, elle a interpellé les élus par ces mots : « Tous les jours, des enfants sont assassinés. Est-ce qu’il existe oui ou non des lois qui condamnent fermement ces violeurs et protègent les femmes et les enfants victimes de violence ? Si oui, qu’on les respecte alors. Dans le cas contraire que les députés les votent », a-t-elle réclamé. La présidente de l’association Faina appelle le gouvernement à les accompagner pour la prise en charge des mineurs vulnérables.

Famille de sept enfants

Originaire de Howani, sur l’île de Mohéli, Echat Binti Youssouf avait quitté la maison à 14 heures, le jeudi, pour aller faire la lessive dans une maison en construction située à quinze mètres de chez elle, d’après le récit livré par la justice. Elle vivait avec ses parents et ses six frères et sœurs. Une fois la nuit tombée, son père, Youssouf Mahafidhou, de retour à la maison a constaté l’absence de sa fille. Il était déjà 19h. Mais personne ne se doutait qu’il lui est arrivé quelque chose. Sa famille, pensait qu’elle regardait des séries télévisées chez les voisins avant de se rendre compte qu’en fait, elle n’y était pas. Certains sont allés vérifier si jamais, elle lavait toujours les habits. Une fois sur les lieux, aucun signe d’elle. Ce n’est que le vendredi aux environs de 8h que le corps a été découvert dans la citerne. Alors que l’intervention d’une tierce personne n’était pas sur la table, lors du lavage mortuaire, des signes laissant penser que la fillette était victime de viol sont apparus.
Ces dernières années, plusieurs faits divers de ce type ont marqué la population des trois îles comoriennes. Au mois de mai 2021, Faina, âgée de 5 ans, avait été violée puis tuée avant d’être cachée dans un trou. En 2020, deux mineures de 7 et 9 ans, avait subi des viols à Anjouan. L’une des victimes y a laissé sa vie. Le problème, en dépit des lois qui criminalisent ces actes, les coupables finissent par être libérés. Une impunité qui décourage parfois les familles des victimes à porter plainte.

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