Parmi les éléments qui circulent, remettant en cause de nombreux ministres du gouvernement comorien, qui auraient tenté d’inciter Bashar Kiwan à accabler Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, figurent des messages échangés avec le porte-parole, Houmed Msaidie. La présidence apporte un démenti précisant par contre que si jamais tout se confirmait, ces démarches n’engageaient pas l’État.
C’est une affaire qui éclabousse les autorités comoriennes. Depuis quelques jours, le gouvernement est au cœur d’une polémique qui sent l’odeur d’un scandale. Ce mercredi, la présidence a tenu à s’exprimer sur le sujet pour la première fois. Et déjà la méthode choisie fait parler. En effet, malgré les accusations graves portées contre des ministres, la présidence de la République s’est juste contentée d’un point de presse pour apporter sa version. Une procédure très prisée par certains conférenciers qui veulent éviter aux journalistes de poser des questions. Dans une succincte déclaration lue devant les médias, le secrétaire général de la présidence, Sounhadj Attoumane, a nié catégoriquement les révélations de l’homme d’affaires franco-syrien Bashar Kiwan. Inculpé dans l’affaire de la citoyenneté économique ayant été dans le passé chargé de récolter des fonds de ce programme, celui-ci affirme avoir été approché par des officiels notamment le ministre des Affaires étrangères, Dhoihir Dhulkamal.
« Des accusations mensongères »
Avec le porte-parole du gouvernement, ils l’auraient incité à témoigner contre Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, dans le procès qui entre dans sa quatrième journée, ce jeudi. « Suite à ces manœuvres lâches venant d’un homme, dont l’intégrité a toujours été remise en cause au niveau international, mais qui est aussi connu pour sa grande capacité à user et abuser de la communication pour arriver à ses fins et notamment séduire et arnaquer, nous apportons un démenti formel à ces accusations mensongères, qui sont dénuées de tout fondement », réagit Beit-Salam, dans le communiqué publié ce 23 novembre. Le secrétaire général de la présidence, invite Bashar à venir répondre aux questions de la cour de la sûreté de l’État qui l’accuse de détournement de deniers publics, faux et usage de faux, abus de fonction, forfaiture. Des charges auxquelles le concerné serait prêt à répondre seulement à distance, selon son avocat. L’apparition de ces images compromettantes et des échanges dévoilés sur les réseaux sociaux fait couler beaucoup d’encre. Pour autant, l’homme d’affaires franco-syrien continue de certifier que tout était vrai (voir Flash Infos du du mercredi 23 novembre 2022). Jusque-là, seul le ministre des Affaires étrangères comorien a fait un commentaire en corroborant l’authenticité de l’image, relayée largement sur Facebook.
« Ils n’engagent pas l’État »
Une déclaration qui atteste au contraire l’existence de contacts. « Si tout se confirmait, que ces personnes ont eu des discussions avec lui, ils n’engageaient pas l’État en tout cas« , a prévenu, Sounhadj Attoumane, lors du point de presse, organisé à la présidence de l’Union des Comores et qui a duré quinze minutes. A entendre cet ancien cacique du parti Juwa, la formation politique de l’ex-président Sambi (il se considère toujours membre alors qu’il a rejoint le pouvoir depuis des années), le gouvernement d’Azali Assoumani ne se reconnaitrait pas dans ces pratiques. Oubliant au passage qu’aucune autorité n’aurait entamé de telles discussions sans l’aval du sommet. Pour Beit-Salam, Bashar Kiwan cherche seulement à se faire une virginité, lui qui a déjà fait de la prison. « Conscient qu’à ce stade du procès, la logique veut que l’on ne rentre pas dans son déroulement ou influe sur le cours des débats, nous nous réservons le droit d’apporter, en temps opportun, les preuves de la démarche inversée initiée par Bashar sans jamais aboutir pour dénoncer ses co-accusés dans l’espoir de bénéficier d’un non-lieu », conclut le communiqué sans annoncer une quelconque plainte. A travers une telle déclaration, il apparaît clairement que les deux parties ont entamé des discussions.
Le procès, lui, entrera dans sa quatrième journée ce jeudi avec les plaidoiries. Les proches d’Abdallah Mohamed Sambi, opposant déclaré d’Azali Assoumani et enfermé chez lui depuis 2018 sans jugement, ont qualifié de mascarade ce procès qui visiblement se clôtura sans le principal inculpé, notamment l’ex-raïs.
Ce mercredi, son fils n’a pas été autorisé à lui rendre visite, alors qu’il détient un permis permanent. Lundi, après une longue attente devant le portail de sa résidence, un seul avocat parmi les cinq a fini par y rentrer. Le verdict pourrait tomber dans les jours qui viennent.