L’ancien directeur général des aéroports avait été condamné, fin 2022, à une peine de sept ans de prison ferme, dans une affaire de trafic d’or impliquant des ressortissants comoriens et malgaches. Avant cette libération conditionnelle, Yasser Ali Assoumani vivait dans une clinique médicale de la capitale.
A quelques jours du mois sacré de ramadan, le ministère comorien de la Justice a autorisé la libération sous conditionnelle d’une quarantaine de prisonniers incarcérés dans les prisons du pays. La répartition s’est fait ainsi : 21 à Ngazidja, 17 à Koki, sur l’île d’Anjouan et trois pour Badjo, le centre pénitencier de Mohéli. L’arrêté, signé le 21 mars, a été exécuté hier, mercredi. Sur la liste, on retrouve l’ancien directeur général des aéroports des Comores (Adc), Yasser Ali Assoumani. Deux de ses avocats ont confirmé l’information sans vouloir rajouter de commentaires. Après avoir fait la pluie et le beau temps à l’aéroport international Moroni Prince Saïd Ibrahim, ce dernier s’est retrouvé embourber dans une affaire de trafic d’or transnational qui a entrainé sa propre chute. Il était écroué à la prison de Moroni depuis janvier 2022. Ce n’est que le 27 octobre de la même année, que le tribunal correctionnel a rendu son verdict. L’ancien patron des aéroports des Comores (Adc), écopera au final d’une peine de sept ans de prison ferme assortie d’une amende d’un million de francs comoriens, soit donc 2.000 euros. Quatre autres inculpés avaient pris la même sanction. Parmi eux, l’enfant du procureur général de la cour suprême, Harifadja Abodo Nourdine Fardy.
Directeur depuis 2016
Sur les neuf prévenus, deux seulement étaient blanchis par la justice, le jour du procès. Proche du président Azali Assoumani, Yasser Ali Assoumani était nommé à la tête de l’aéroport depuis 2016 jusqu’à sa descente aux enfers. Le 28 décembre 2021, les services douaniers ont découvert près de 49 kilogrammes d’or qui s’apprêtaient à être embarqués dans un jet privé en direction de Dubaï. Sur le champ, les forces de l’ordre arrêtent les voyageurs (deux malgaches et un comorien) ainsi que le métal jaune, près de 28 lingots d’or, évalués à plus de deux millions d’euros. D’autres personnalités à l’instar de Yasser Ali seront appréhendées. Suite à ce coup de filet, le parquet a ouvert une enquête dont les premiers éléments ont révélé l’existence d’un vaste réseau de trafic d’or opérant entre Madagascar et les Comores. Toujours dans le cadre des investigations préliminaires, il s’est avéré que les trafiquants ont effectué entre septembre et décembre 2021, environ onze opérations. Tout partait de la Grande île et une vedette récupérait le métal dans les côtes anjouanaises. Le réseau se chargeait de l’expédier ensuite à Moroni, toujours par voie maritime. Une fois à l’aéroport de Hahaya, d’autres personnes facilitaient le passage. Mais après neuf mois d’enquête, l’opinion n’apprendra rien sur les méandres du fameux réseau. Certains ont dénoncé l’extradition avant la fin du procès des deux citoyens malgaches, considérés comme des témoins clés dans l’affaire.
Surpopulation carcérale
Notons qu’avant d’être autorisé à bénéficier de la liberté conditionnelle, Yasser Ali Assoumani tout comme la majorité des autres condamnés pour trafic d’or, vivait depuis plus de six mois dehors, dans une clinique médicale. Dans ces établissements hospitaliers, on leur avait presque donné accès à tout. L’arrêté du Garde des sceaux comorien, précise en revanche que tous les 41 détenus cités, peuvent à tout moment regagner la case prison en cas de conduite notoire ou nouvelle condamnation. Cette mesure intervient à un moment où les conditions carcérales deviennent de plus en plus intenables. Néanmoins, il arrive que des personnes non éligibles se faufilent. En mars dernier, une soixantaine de condamnés avait été libérée afin de réduire la pression carcérale. Sauf qu’à la surprise générale, on s’est rendu compte que des agresseurs sexuels faisaient partie des bénéficiaires. Ce qui avait créé un tollé. Entre insalubrité et surpopulation, plusieurs prisonniers tentent en effet de s’échapper. Début février, quatre détenus ont réussi à s’évader de la maison d’arrêt de Moroni, où les mineurs sont livrés à eux-mêmes. Entre 2020 et 2023, le service pénitencier a enregistré plus de quarante prévenus qui ont pris la poudre d’escampette. Pour désengorger les lieux, les autorités espèrent utiliser une annexe située au camp militaire de Mdé, que l’Union européenne va financer la réhabilitation.
L’endroit devra accueillir environ 130 prisonniers, majoritairement des femmes et des mineurs, avait assuré le secrétaire général du ministère de la Justice dans les colonnes d’Al-watwan. Le coût des travaux est évalué à 400.000 euros.