Comores : Inquiète, la famille de l’opposant Achmet Saïd réclame des signes de vie

Arrêté par des hommes cagoulés alors qu’il était sur le point de rentrer chez lui, le leader du mouvement Hury est depuis le 9 janvier détenu dans un lieu tenu secret. Sa famille, notamment ses parents ont dénoncé cette situation et lancé un appel.

comores-inquiete-famille-opposant-achmet-said-reclame-signes-de-vieQu’est-il arrivé à Achmet Saïd Mohamed ? C’est la question que se posent les proches de l’opposant arrêté le 9 janvier et dont on ne connaît toujours pas le lieu où il serait détenu. Hier, sa famille, notamment ses parents se sont rendus au tribunal de Moroni où ils ont pris à témoin la population sur le sort réservé à leur enfant.  » Nous ignorons ses conditions de détention, son lieu d’incarcération. S’il est vivant, nous réclamons des preuves car personne n’est parvenu à le voir ni l’entendre. S’il est décédé qu’on nous remette sa dépouille« , a exigé émue et désespérée sa mère devant les médias sociaux.

Une cousine présente ce lundi au tribunal aux cotés des parents de l’opposant a ajouté que le jour de son arrestation, aucun poste de poste de police, ni de la gendarmerie n’était en mesure d’indiquer où il avait été conduit. Achmet Saïd Mohamed a été enlevé, selon ses proches, devant son domicile alors qu’il venait de déposer ses enfants à l’école. Les hommes qui sont venus le chercher ce jour-là, étaient tous cagoulés, à en croire des témoins oculaires. Après deux jours de silence et face aux interrogations soulevées après l’arrestation d’Achmet, le parquet de la république a, via un communiqué de presse, révélé avoir inculpé le leader du mouvement Hury qui, après le rejet de sa candidature, soutenait le candidat du parti Juwa, le docteur Salim Issa.

Le 11 janvier, le chef du parquet de Moroni, Ali Mohamed Djounaid, annonçait également le placement en garde à vue d’Achmet.  » Des éléments portés à notre connaissance indiquent des préparations et des manœuvres visant à commettre des crimes graves, allant jusqu’à menacer la sûreté de l’État. Cette nouvelle tentative de déstabilisation intervient à un moment crucial, alors que notre nation se prépare à exercer son droit démocratique dans moins de trois jours, à l’occasion des élections« , soulignait le magistrat qui avait précisé que le détenu se portait bien sans préciser où il était enfermé.

Vingt jours sans signe de vie

Vingt jours plus tard, personne n’a encore vu ni entendu Achmet Saïd Mohamed, qui en 2019 avait été poussé en exil après des accusations de déstabilisation. « Qu’il soit détenu dans un endroit secret m’inquiète. Je crains qu’il ne subisse des traitements inhumains, qu’il soit torturé car, souvent, c’est ce qui suit la séquestration. Pour rappel, il a été enlevé le 09 janvier par des hommes cagoulés en tenue militaire, armés jusqu’aux dents et depuis lors c’est le néant« , dénonce, son avocat, Maître Djamal El-dine Bacar. Le conseiller de l’opposant a souligné que la garde à vue dans une affaire ordinaire est de 48 heures maximum. En revanche, dans ce cas d’espèce, le procureur a déclaré faire usage de la loi de 2021 relative à la lutte contre le terrorisme, de son financement et de la lutte contre le blanchiment. Son article 33 prévoit un une durée de 15 jours pour la garde à vue. Un délai dépassé depuis 5 jours.

 » Dans cette même loi, il devrait y avoir un procureur spécialisé dans un pôle spécialisé au terrorisme qui devait ordonner la garde à vue sauf que ce pôle n’a jamais été créé. C’est tout simplement une usurpation de titre« , déplore, Maître Djamal, contacté hier par Flash infos. L’avocat d’Achmet Saïd Mohamed réclame que son client soit déféré devant le parquet ou au vu de ces irrégularités procédurales qu’il soit remis tout simplement en liberté.  » Qu’ils laissent au moins sa famille le voir, qu’on leur donne des nouvelles de leur enfant, que ses enfants sachent où leur père est caché. S’il est en vie ou pas« , martèle Maître Djamal.

Jusqu’à hier, malgré la sortie médiatique des parents de l’opposant, le parquet n’avait toujours pas réagi. Ce silence en inquiète plus d’un dans la mesure où un opposant récemment libéré de la gendarmerie a dénoncé des conditions de détention déplorables. Daoud Halifa, puisqu’il s’agit de lui, est le mandataire de Hamidou Bourhane, arrivé en quatrième position lors de la présidentielle du 14 janvier. Il avait raconté un récit glaçant sur le traitement réservé aux personnes qui se trouvent en garde à vue ces temps-ci.

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