Comores : l’ex président Sambi enfin autorisé à consulter un médecin

Dans un article publié sur le site d’Alcomorya, l’avocat de l’ancien chef de l’Etat  a révélé que son client n’avait toujours pas pu soigner son mal de dent, malgré une autorisation émise par le juge d’instruction. Mais le  procureur de la République, Ali Mohamed Djounaid qui avait fait appel de la décision, a finalement donné son aval pour qu’un praticien puisse l’ausculter.

L’auteur de l’article publié samedi sur Facebook par le fondateur du site Alcomorya sur la situation de Sambi visait clairement le procureur de la République.  La raison ? Le parquetier avait refusé que l’ex raïs se rende chez un dentiste bien qu’il soit souffrant d’après son avocat. Faut-il conclure  donc que l’article, largement partagé par les internautes a joué en faveur de l’ancien chef de l’Etat ? Possible. Puisque hier lundi, l’ancien président de la République a pu consulter un dentiste. Selon nos informations, l’homme politique qui a fêté ses 64 ans le 5 juin dernier a passé près d’une heure au cabinet dentaire du Docteur Mourchid. Il a regagné la case prison vers 14h, à en croire le procureur. Un soulagement pour ses proches et son avocat, Me Ahamada Mahamoud. C’est d’ailleurs ce dernier qui a confié au journaliste que son client était empêché de voir un médecin, alors que le juge d’instruction en charge du dossier n’y était pas opposé. Il a même délivré une ordonnance attestant qu’Ahmed Abdallah Sambi devait consulter un dentiste. Sauf que la procédure avait été bloquée temporairement car  le procureur de la République, Ali Mohamed Djounaid avait fait appel de cette décision. Jusqu’à ce lundi, 13 juin, personne ne connaissait les motivations qui ont poussé le parquetier de Moroni à contester l’ordonnance.

Irrégularité sur la forme

Et lorsque nous lui avons posé la question, l’intéressé  a livré sa version. « Effectivement j’ai fait appel mais pas pour refuser à sambi d’aller chez le dentiste« , a-t-il assuré dans un premier temps. Loin s’en faut a-t-il tenu à clarifier lors d’un entretien téléphonique que nous avons eus avec lui lundi, après-midi. D’après le procureur, c’est plutôt une question d’irrégularité manifeste de la forme entachant l’ordonnance elle-même.  » La décision a été prise sans demander préalablement mon avis bien que le juge ne soit pas lié à cet avis« , a-t-il poursuivi. Ce n’est pas tout. Le chef du parquet de Moroni a avancé une autre explication : «  Il s’agissait d’une simple demande formulée par son avocat sans qu’il y ait un rapport de la maison d’arrêt justifiant que sambi a informé qu’il souffrait des problèmes de dents « , a-t-il complété.  En effet, la procédure veut que toute demande soumise au juge d’instruction parvienne au procureur de la République pour avis.   » Le parquetier peut donner son accord ou s’y opposer. Mais le juge peut passer outre si les avis sont diamétralement opposés. Rien ne l’oblige à suivre cet  avis. Le procureur peut donc  faire appel de l’ordonnance devant la chambre d’accusation« , a détaillé un homme de droit à qui nous avons posé la question.

Urgence

Notre juriste  a ajouté que le chef du parquet est libre de contester toutes les ordonnances  rendues par les juges d’instruction. Si Ali Mohamed Djounaid a bien enclenché la procédure d’appel, il affirme par contre avoir pris la décision sans avertir les autres d’autoriser l’ancien raïs enfermé depuis mai 2018 à se rendre chez le dentiste sans attendre un jugement de la chambre d’accusation, dont le processus risquait d’être long selon ses arguments.  « Pour les cas d’urgence, nous avons autorisé  les  centres pénitenciers à nous téléphoner pour que nous prenions les dispositions nécessaires à temps. Les comptes rendus  peuvent attendre« , a indiqué le magistrat précisant au passage que le choix du dentiste qui a consulté le président Sambi revenait à son avocat et à sa famille. Nous avons tenté d’interroger Me Mahamoud Ahamada, sans succès. Il n’ pas donné suite à nos messages. Pour rappel, cela fait presque  4 ans et 1 mois qu’Ahmed Abdallah Sambi, ancien allié devenu bête noire du président Azali Assoumani est enfermé chez lui à Vwadju, transformé en prison annexe. Il est depuis août 2018 inculpé dans le cadre de l’affaire de la citoyenne économique mais n’a jamais été jugé et la date de son procès n’est toujours pas connue. Malade selon ses proches, l’ancien homme d’Etat considéré par ses frères de l’opposition comme un « détenu politique » n’a jusqu’à présent pas pu partir à l’extérieur, malgré ses appels à l’aide.

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