Comores : Deux gendarmes en détention pour agressions sexuelles

C’est pendant une patrouille de nuit que deux jeunes filles de Mohéli, âgées respectivement de 15 et 16 ans, ont vécu un cauchemar. Le parquet de Moheli évite de commenter cette affaire devenue sensible probablement en raison du statut des présumés auteurs.

Après le policier écroué début juin à Anjouan, pour viol présumé d’une migrante malgache, voilà encore deux gendarmes accusés d’agressions sexuelles, mais cette fois-ci sur des mineures. Les faits remontent au mercredi 9 août. Cette nuit-là, deux jeunes filles sortaient d’un « tamtam », une fête traditionnelle et rentraient à pied chez elles, à Fomboni, la capitale de l’île de Moheli. Mais sur le chemin du retour, les victimes respectivement âgées de 15 et 16 ans aperçoivent de loin deux hommes qui par la suite s’avèrent être des gendarmes en tenue civile. Après vérification, l’on apprend qu’ils étaient en pleine opération de patrouille nocturne. De suite, l’une des filles propose à sa compagne de prendre la fuite. Mais cette dernière refuse estimant qu’une telle tentative n’allait servir à rien. « Les tombeurs ont donc commencé à leur poser des questions sur ce qu’elles faisaient tard dans la nuit. Il était déjà 22h. Après avoir répondu, les deux hommes ont conduit la victime de 16 ans, dans un coin et l’auraient agressée à tour de rôle. Quant à sa copine, elle oppose un refus catégorique, se disant être prête à y laisser sa vie s’il le faut. « Vous me ferez tout ce que vous voudrez, mais jamais ça », aurait-elle répondu aux gendarmes », a-t-on appris auprès d’une source proche du dossier.

Menace d’incarcération

Aux Comores, les victimes de violences sont priées de se rendre dans les services d’écoute des enfants et des femmes victimes de violence et de maltraitance. Ces structures (chaque île dispose une antenne) mises en place pour lutter contre ce fléau, travaillent avec des agents formés pour accompagner les victimes. C’est exactement ce que les jeunes filles ont fait. Le lendemain, soit donc le jeudi 10 août, elles se sont présentées au bureau du service d’écoute de Fomboni pour tout raconter. D’après nos informations, les présumés auteurs ont d’abord demandé les pièces d’identité. Mais les victimes ne les avaient pas sur elles. Ayant découvert cela, les patrouilleurs ont exigé donc des faveurs sexuelles, menaçant de conduire les filles dans les locaux de la gendarmerie, le soir même si elles n’acceptent pas d’obéir. Face à ces menaces, la victime de 16 ans s’y est résolue par peur. D’ailleurs, un certificat médical établi par un gynécologue aurait confirmé qu’il y a eu bel et bien pénétration, a-t-on appris. Pour l’heure, l’affaire est entre les mains de la justice et un juge d’instruction mène ses investigations. Toutefois, le parquet de Fomboni se refuse à tout commentaire. Flash Infos a écrit à la procureure, mais cette dernière n’a jamais donné suite à nos sollicitations. Aucune autre institution militaire n’a réagi non plus. Nous avons en tout cas appris que les présumés auteurs sont placés en détention provisoire à la maison d’arrêt de Badjo. Ce centre pénitencier, le seul que l’île possède, fait partie des prisons du pays les plus poreuses. D’ici combien de temps l’instruction prendra-t-elle fin ? Difficile de répondre car souvent, et c’est un constat qui fait l’unanimité, `les affaires d’agressions sexuelles et de viol prennent du temps. Les présumés auteurs peuvent passer plus d’une année en prison sans être jugés. En attendant l’audience, le service d’écoute des enfants et des femmes victimes et de maltraitance aide les victimes à bénéficier d’un suivi psychologique. Pour rappel, le nouveau code pénal adopté en 2020 par le parlement comorien a criminalisé les agressions sexuelles. Selon des statistiques publiées la semaine dernière, au total, 190 cas de violences ont été recensés en 2022, au niveau de la Grande Comore, 133 mineurs victimes sexuelles et 48 femmes victimes de violence.

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