Comores : La compagnie Inter île Air poussée vers la fermeture

En dépit de la sortie d’une décision de justice l’interdisant de partir, l’appareil qu’exploitait Inter île Air a été autorisé par les autorités à quitter le territoire national sans pour autant payer la caution de l’immobilisation, fixée à 350.000 euros par le juge commercial. Fatigué de ces multiples ingérences, le directeur de la compagnie comorienne songe déjà à arrêter ses activités.

Le transport domestique comorien va-t-il perdre une seconde compagnie en l’espace de deux ans ? Après AB aviation, qui n’est jamais parvenue à reprendre du service après l’accident survenu en 2022, Inter île Air risque à son tour de mettre la clé sous le paillasson ? C’est du moins ce qu’a déclaré, son président -directeur général, Seffoudine Inzoudine. La raison de cette annonce est la décision prise selon lui par le commandement de la gendarmerie d’autoriser le départ d’un vol pourtant « immobilisé » sur ordre de justice, à l’aérodrome de Ouani sur l’île d’Anjouan. Samedi, a raconté, le patron d’Inter île Air, le tribunal commercial de Mutsamudu a rendu en référé une ordonnance en faveur de la compagnie comorienne en conflit avec son désormais ex-partenaire tchèque, prioritaire de l’appareil qu’Inter île Air exploitait. Le 2 janvier, ce dernier a informé son client comorien qu’à compter du 10 janvier, l’aéronef, loué depuis juillet 2022 partirait en maintenance lourde en République Tchèque. « Malgré le fait que nos relations soient excellentes, j’ai demandé un délai d’un mois pour trouver une solution palliative. Aucune réaction de la part de notre partenaire si ce n’est qu’au 6 janvier, il annonce que les derniers vols interviendront deux jours plus tard, soit moins d’une semaine avant le préavis », expliquait la compagnie comorienne dans un communiqué publié il y a quelques jours. Selon Inter ’île Air, l’article 5.5 du contrat de location, le bailleur doit mettre à la disposition du locataire un appareil de remplacement de spécifications équivalentes, sans cela, le bail sera résilié immédiatement.

37 emplois incertains

Pour s’assurer du recouvrement de ses droits, alors qu’elle n’a réceptionné aucun avion pour maintenir ses activités en attendant la fin de la maintenance, la compagnie Inter île Air a saisi le tribunal de commerce de Mutsamudu, lequel a ordonné le 10 janvier, l’immobilisation de l’aéronef. Puis s’en sont suivies différentes actions judiciaires dont le verdict du dernier procès est sorti samedi. Le juge a encore une fois donné raison à la demanderesse (le locataire), en exigeant le paiement d’une caution de la somme de 172.188 millions de francs 350.000 euros, seule condition pour autoriser l’entreprise tchèque à repartir avec son appareil. « Il était 11h quand le verdict a été sorti. A 14h, nous avons appris que les pilotes étaient sur place pour s’envoler. Selon les agents de la brigade de l’aéroport, l’ordre viendrait du commandement de la gendarmerie. Comme quoi les décisions des juges d’Anjouan ne valent rien. Avec de tels agissements comment le pays peut espérer attirer des investisseurs étrangers si on s’ingère partout. Pire, le directeur de l’agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie a délivré une clearance comme si Anjouan est un autre territoire », s’insurge le directeur, Seffoudine Inzoudine, qui ne voit pas la nécessité de chercher à continuer l’aventure étant donné que les autorités censées accompagner les investisseurs sont celles qui bafouent les décisions de justice. La direction d’inter‘île Air, a déjà confié à Flash Infos, son intention de vouloir libérer ses locaux qui servaient de bureaux pour la compagnie qui employait près de 37 personnes. Ces agents vont devoir perdre leurs emplois dans un pays où le taux de chômage bat des records. Après six mois d’inactivité, la compagnie avait repris du service au mois d’octobre 2022 en se dotant d’un bimoteur de type LET 410 de 19 places, loué à des fins commerciales. Depuis, elle effectuait ses rotations entre les trois îles indépendantes mettant fin au monopole de R Komor, qui assurait elle seule la circulation inter-île depuis la disparition d’AB Aviation. Depuis le crash de son Cessna monomoteur survenu le 26 février 2022 au large de Moheli, tuant les quatorze occupants de l’avion, AB Aviation n’a jamais pu se relancer dans le transport domestique. Avec la reprise d’inter île Air, suivie par l’arrivée de PrecionAir, une compagnie tanzanienne, qui effectue quelques rotations par semaine, la circulation était devenue plus ou moins fluide. Il est clair que ce coup d’arrêt des activités de la compagnie de Seffoudine Inzoudine aura des répercussions sur les déplacements aériens au sein de l’archipel. « Depuis que nous avons reçu la note sur le départ pour la maintenance, on a ouvert nos bureaux pour procéder au remboursement de clients même si certains disaient préférer attendre un dénouement », a révélé le directeur qui mentionne une perte de près de 270.000 d’euros (132 831 millions de francs comoriens- euros) pour ce mois d’inactivité.
Le ministère des Transports ne s’était toujours pas exprimé sur ce dossier. De nombreux citoyens ont dénoncé l’inaction de l’État.

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