Comores : Azali Assoumani dit vouloir poursuivre le dialogue avec Paris

Alors que son porte-parole a indiqué que le pays n’accueillerait pas des reconduites, le président comorien a lui fait savoir qu’il privilégiait la voie des négociations tout en appelant Paris à tenir compte de la position de l’archipel sur la question de Mayotte. Deux discours différents qui suscitent déjà incompréhension.

Sujet qui domine l’actualité ces temps-ci, l’opération Wuambushu s’est à nouveau invitée dans le discours qu’a prononcé le président de l’Union des Comores, samedi. Le chef de l’État comorien, adressait à ses concitoyens les vœux de l’Aïd-el-Fitr, la fête marquant la fin du ramadan pour les musulmans. A cette occasion, Azali Assoumani est revenu sur le projet de l’État français qui a dépêché plus d’une centaine de policiers à Mayotte pour débarrasser l’île des bidonvilles, des délinquants et de l’immigration, à l’origine selon certains de l’insécurité y régnant. Le problème Moroni s’oppose à cette vaste opération et l’a déjà fait savoir. Dans son allocution de ce 22 avril, le dirigeant comorien a encore une fois fait part de son souhait de vouloir continuer les négociations afin de trouver une solution. « En ce qui concerne les évènements de Mayotte, je tiens à vous assurer mes chers compatriotes des quatre îles que la voie choisie par le gouvernement est celle du dialogue avec notre partenaire la France. J’ose espérer que la partie française tiendra compte de la position du gouvernement comorien sur le différend territorial qui oppose la France aux Comores », a-t-il déclaré, à la mosquée de Mitsoudje, son fief en présence des membres du gouvernement venus accomplir la prière de l’Aïd.

Aucune circulaire envoyée aux compagnies

 Azali Assoumani a dit privilégier « la recherche de perspectives nouvelles pour trouver une solution à ce contentieux désagréable qui dure depuis plus d’une quarantaine d’années dans le respect des intérêts de nos deux pays amis ». Quelques jours plus tôt, pourtant, le porte-parole du gouvernement comorien, Houmed Msaidié, a confié à de nombreux médias que les autorités comoriennes ne comptaient pas accueillir sur leur territoire les expulsés que le ministère de l’Intérieur français voudrait renvoyer à Anjouan, dans le cadre de l’opération Wuambushu. Mais cette déclaration peine à convaincre la société civile. Surtout parce qu’aucune circulaire n’a été adressée aux compagnies qui transportent les Comoriens expulsés de Mayotte. Alors qu’en 2018, lorsque Moroni voulait s’opposer à l’arrivée des Comoriens des autres îles, le ministère des Transports de l’époque avait officiellement publié une décision. Un acte qui a conduit à une escalade diplomatique entre la France et les Comores. « La déclaration de Msaidie n’est pas claire. Sauf si c’est le terme Wuambushu qui pose problème. Car pas plus tard que vendredi dernier, le bateau en provenance de Mayotte était plein de ressortissants expulsés. Les gens continuent d’être renvoyés avant même que cette opération ne soit annoncée. Tant que la compagnie ne sera pas notifiée formellement, ce sera de la poudre de perlimpinpin », taclait un membre de la société civile comorienne. Ce dernier n’a pas réussi à cacher son incompréhension et trouve qu’il y a une contradiction entre ce discours du gouvernement et la politique qu’il mène sur le plan intérieur.

Marche interdite

En effet, les autorités ont interdit une marche pacifique qui devait avoir lieu, vendredi, dont le but était de dénoncer Wuambushu. Probablement en raison de l’itinéraire. Les craintes de voir les manifestants s’arrêter devant l’ambassade de France à Moroni qui se trouve sur le chemin aurait motivé cette décision. Pour le moment, l’opinion attend l’issue des tractations en cours qui selon de nombreux observateurs permettront à chaque partie de tirer son épingle du jeu comme ce fut le cas en 2018. En 2019, malgré les irrégularités relevées après sa réélection contestée, Azali Assoumani a effectué sa première visite à Paris où il a signé l’accord cadre de 150 millions d’euros. Dans celui-ci, l’État comorien s’est engagé à empêcher ses ressortissants de se rendre à Mayotte via les kwassa-kwassa. Quant à l’opération, rien ne semble pouvoir empêcher son exécution. Depuis une semaine, les gendarmes envoyés en renfort de Paris dont des éléments du CRS 8 ont commencé à prendre quartier.

A part la destruction des logements précaires, policiers et gendarmes ont reçu l’ordre de mater les délinquants tout en expulsant d’avril à juin 10.000 personnes en situation irrégulière.

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