Lauréat de l’appel à projets « France Relance 2030 », le pôle d’innovation intégré de Mayotte (P2IM) va continuer à se développer grâce à une enveloppe de 1,5 million d’euros. Ce mercredi, au pôle d’excellence rurale (PER) de Coconi, le ministre chargé des Outremers, Philippe Vigier, a eu le droit à un point d’étape du projet, ainsi que des visites du laboratoire et du jardin. Ensuite, il a rencontré des acteurs du monde culturel à Kawéni (voir encadré).
C’est en connaisseur que Philippe Vigier est rentré dans le laboratoire du pôle d’excellence rurale (PER) de Coconi, mercredi matin. « Ça, c’est une centrifugeuse. Elle fait combien de tours–minute ? », demande le ministre chargé de l’Outremer, biologiste de profession. Comme d’autres représentants de l’État, du Département de Mayotte, de l’Adim (l’Agence de développement et de l’innovation de Mayotte, qui porte le projet du PER), le membre du gouvernement était dans le centre de l’île pour faire le point sur l’appel à projet « France Relance 2030 » remporté par le pôle d’innovation intégré de Mayotte en mars dernier.
Ce P2IM, c’est en fait la partie recherche du PER, un laboratoire réparti sur plusieurs salles dans lequel une équipe travaille sur la faune et la flore de l’île, dans ce qui est « le berceau de l’agriculture mahoraise », comme l’ont rappelé Youssouf Ambdi et Ben Issa Ousseni, respectivement maire de Ouangani et président du conseil départemental de Mayotte. L’an dernier, les premières machines ont été installées pour aider la recherche dans les domaines de la cosmétopée et la pharmacopée, deux domaines dans lequel l’île a de sérieux arguments. « Sur ces marchés, il ne faut pas être bon, il faut être excellent », rappelle Fahoullia Mohammadi. La déléguée à la recherche et à l’innovation au rectorat de Mayotte loue l’aide apportée par Cosmetic Valley (un pôle dédié au développement de la filière), représenté ce jour-là, par son directeur général, Christophe Masson.
Relancer l’aquaculture
L’enveloppe de 1.515.000 euros qui accompagne le lauréat est un sérieux coup de pouce pour le P2IM. « Elle va nous permettre de développer la communication à l’international, d’acheter du matériel et d’organiser des visites de scientifiques », explique Madi Madi Halidi, chef de projet innovation à l’Adim. Parmi le matériel justement, le projet le plus couteux est la plateforme immergée. Celle-ci servira à faire des tests de croissance. « On a pour objectif de relancer l’aquaculture. Il y a déjà eu des essais, mais ça été abandonné faute de modèle économique stable », rappelle l’employé de l’Adim à Philippe Vigier, qui prend des notes.
Curieux à la fois du laboratoire et du jardin dans lequel se mêlent les productions de l’île, le ministre a semblé ravi de cette visite, qui dépassait cette fois le volet sécuritaire devenu plus que prégnant sur l’île. Il a promis de ne pas laisser Mayotte « sur le bord de la route » et rappelé l’importance de « mobiliser les financements » pour que ce type de projet prospère.
La culture en conclusion d’une visite rapide
Alors que la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, était au même moment à La Réunion, Philippe Vigier a rencontré les acteurs culturels mahorais, mercredi midi, à la MJC de Kawéni. Plusieurs représentants d’associations, le pôle culturel de Chirongui, des élus de la mairie de Mamoudzou et du Département de Mayotte ont assisté à cet échange à bâtons rompus. Le ministre délégué a laissé chacun exprimer ses doléances. Fatima Ousseni par exemple, de l’association Zangoma, a demandé que l’État n’oublie pas la culture qui répondrait à plusieurs maux de la société mahoraise. Décrit comme « créateur d’emplois », le secteur répondrait aussi au manque d’attractivité et à l’oisiveté de la jeunesse. Sophie Huvet, la directrice de l’association Hip-hop évolution, et Lisa Patin, directrice du pôle culturel de Chirongui, ont rappelé que l’absence de statut d’intermittent du spectacle sur le territoire pénalisait les structures pour embaucher des artistes ou des techniciens. Le ministre a répondu qu’il allait voir ça de son côté, enjoignant ces interlocuteurs à essayer de décrocher le label scène nationale pour à la fois faire rayonner la culture sur le territoire et permettre de générer de nouveaux financements étatiques.
Concernant les moyens financiers justement, Philippe Vigier n’a pas hésité de rappeler au Département qu’il devait faire sa part. A cela, Nadjayedine Sidi, conseiller départemental du canton de Mamoudzou a répliqué que la collectivité n’avait pas les moyens financiers pour assurer toutes ses compétences dévolues autant à des départements qu’à des régions. Il n’en fallait pas plus pour énerver les acteurs culturels à sa gauche. En effet, beaucoup attendent depuis des années des subventions promises par le Département.