Pendant la visite de Sébastien Lecornu à La Réunion, cette semaine, des associations mahoraises ont eu l’opportunité de rencontrer le chef de cabinet du ministre des Outre-mer et le directeur de cabinet du préfet de La Réunion, ce mardi. La question de l’insécurité à la fois à Mayotte et à La Réunion a été abordée.
Si Sébastien Lecornu, le ministre des Outre-mer, n’est pas venu à Mayotte, ce sont les Mahorais qui sont allés à sa rencontre au cours de son déplacement à La Réunion, cette semaine. Une délégation composée de membres du collectif Ré-MaA (Résistance Réunion/Mayotte en action), Mayotte en souffrance et de la FAMR (fédération des associations mahoraises de La Réunion) a rencontré son chef de cabinet, mardi après-midi, pour lui exposer les problèmes d’insécurité à Mayotte et la situation des Mahorais à La Réunion. “J’ai fait comprendre d’entrée à Monsieur Ziad Gebran (chef du cabinet ministériel des Outre-mer) qui nous a reçu avec son collègue du cabinet du préfet, qu’ils n’ont pas à faire à nos élus “oui-oui” soucieux de se faire bien voir, mais à des citoyens inquiets et dévastés par la situation chaotique sur leur île, qui commence à se déverser à La Réunion déstabilisant un vivre ensemble qu’on a eu du mal à instaurer durant des années, qu’on a besoin d’actions et d’assurance pour vivre sereinement”, raconte sur la page Facebook du collectif Ré-MaA, la présidente, Amina Lihadji Djoumoi.
Celle-ci fait référence à la vague d’insécurité qui a touché l’île de l’océan Indien et dont les Mahorais étaient jugés responsables (voir Flash Infos du 25 janvier). Le mois dernier, le maire de Saint-Benoît Patrice Selly évoquait ainsi le quartier de Bras-Fusil où Mahorais, Comoriens et Malgaches se sont installés au fil du temps : « Bras-Fusil est un quartier qui a été communautarisé avec des difficultés d’intégration, des modèles sociaux et familiaux différents, et une démission totale des parents, pour certaines familles. » Alors que le territoire était en pleine période de confinement, des bandes de dizaines de jeunes s’en prenaient effectivement aux passants. Une situation qui s’est calmée depuis, mais pour laquelle les associations de Mahorais restent vigilantes.
Des propositions envoyées au cabinet directement
L’inquiétude des Mahorais à La Réunion se conjugue ainsi avec une autre plus grande pour l’île aux parfums. Rappelant que trois homicides ont récemment eu lieu, Abdou-Roihmane Zoubert, le secrétaire du collectif Ré-MaA, a vu un chef de cabinet “sur la défensive”. ”Il a défendu le bilan d’Emmanuel Macron”, résume le jeune homme. ”On l’a alerté sur le fait que les procédures judiciaires sont si longues que des Mahorais préfèrent ne pas porter plainte”, continue-t-il. “Sur ce point-là, il était totalement d’accord avec nous.” Prêt à écouter les propositions des Mahorais autour de la table, le chef de cabinet leur a conseillé de tout mettre par écrit et de leur envoyer. Selon le secrétaire du collectif, ce sentiment d’insécurité pousserait les Mahorais à rester à La Réunion, “alors qu’on veut rentrer chez nous”. En attendant, les associations se retrouveront ce samedi matin, de 7h à 13h, devant la préfecture de La Réunion, à Saint-Denis. Ils reprendront ainsi une habitude abandonnée provisoirement quand l’île a été fortement touchée par le coronavirus.