La mairie de Chirongui a connu de nouveaux soubresauts hier puisque des habitants du village de Mirereni sont venus manifester devant le portail obligeant la municipalité de fermer les lieux durant toute la journée de mardi.
Les administrés mécontents étaient venus réclamer l’aide de la maire Ibrahima H anima pour régler un problème vieux de plusieurs années. À l’origine du conflit entre les propriétaires des terrains et les occupants, la famille du premier président des Comores, Mohamed Abdallah.
Les habitants de Chirongui ont trouvé porte close hier en se rendant à la mairie. La faute à un mouvement de protestation d’habitants de Mirereni (commune de Chirongui). Un mois après, une cinquantaine d’entre eux ont donc de nouveau manifesté devant l’hôtel de ville au sujet des problèmes fonciers rencontrés dans leur village. Le sujet porte sur des terrains d’environ 133 hectares qui appartenaient à feu Ahmed Abdallah le premier président de la République des Comores, jusqu’à leur vente en 2006 et 2007. Depuis les années 60 voire antérieurement, certains Mahorais occupent ces terrains.
À la mort d’Ahmed Abdallah en 1989, la famille a voulu hériter des terres de Mirereni, mais le Conseil départemental alors présidé par Younoussa Bamana et les anciennes mandatures successives à la mairie de Chirongui se sont opposés au partage de l’héritage foncier entre les membres de la famille Abdallah, conséquence du climat diplomatique tendu entre Mayotte et la République des Comores.
“À la fin du mandat de Bamana en 2004, les nouveaux élus acceptent de commencer à négocier avec la famille du père de l’indépendance comorienne. Puis en 2006 et 2007 des ventes des terrains en question sont réalisées”, explique Ismaïla Mderemane, 1er adjoint au maire de Chirongui. Or, certaines de ces ventes ont été réalisées en présence d’un notaire et d’autres non compliquant ainsi la tâche quant à la véracité de certains titres de propriété.
Parmi eux, certains nouveaux acquéreurs se sont regroupés en association afin de demander l’expulsion des occupants qu’ils jugent illégaux pour pouvoir valoriser leurs parcelles notamment au niveau agricole. Les occupants souhaitent racheter les lopins de terre, mais leurs titulaires ne l’entendent pas de cette oreille. Par conséquent, les habitants en colère demandent l’appui de la mairie. Ils souhaitent que celle-ci rachète les terres puis leur revende. “Mais nous n’avons pas les moyens actuellement de réaliser une telle opération. Ainsi, la mairie va se tourner vers le champ légal pour voir comment elle peut empêcher l’éjection des habitants. Elle va également contacter le préfet sur ce sujet et s’entourer des conseils d’un avocat. Un diagnostic sera par ailleurs réalisé pour déterminer qui sont les propriétaires avant d’entamer des discussions avec eux.
En attendant une issue à ce conflit, l’affaire des anciens terrains d’Ahmed Abdallah prouve une fois de plus la complexité des questions foncières à Mayotte. Une problématique qui ralentit considérablement le développement de l’île.
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