La Chambre régionale des comptes (CRC) de Mayotte évalue régulièrement la gestion des collectivités mahoraises. Si elle peut parfois être assez critique, son dernier rapport daté de ce mercredi 7 septembre sur la communauté de communes de Petite-Terre est plutôt encourageant.
Âgée de presque huit ans maintenant, la communauté de communes de Petite-Terre (CCPT) est montée peu à peu en régime, même quand les dissensions entre Dzaoudzi-Labattoir et Pamandzi sont apparues. Aux municipales 2020 par exemple, la deuxième commune a mal vu que son maire Madi Madi Souf ne prenne pas la tête de la collectivité. Ce conflit politique a parfois généré des problèmes de mutualisation. Le système de vidéosurveillance dépend ainsi de deux centres distincts au lieu d’un seul. Mais dans l’ensemble, la Chambre régionale des comptes (CRC) de Mayotte est peu sévère sur la gestion financière de l’intercommunalité petite-terrienne qui compte une centaine d’agents. « La CCPT dispose de financements extérieurs conséquents pour ses investissements. Elle vise et parvient à obtenir des subventions à hauteur de 75 voire 80% du coût de ses projets. Son endettement reste par conséquent faible, son encours de dette fin 2020 s’élevant à 4.16 millions d’euros », observe la CRC.
Un territoire bloqué par sa taille
La pépite de Mayotte, de douze kilomètres carrés seulement, paye son manque d’espaces et son accessibilité difficile. « Le manque de foncier disponible freine quasiment tous les projets d’investissement en Petite-Terre et la CCPT affiche un taux d’exécution budgétaire très faible pour sa section d’investissement », note la CRC. Du côté de la gestion des déchets, les relations entre le Sidevam (Syndicat intercommunal d’élimination et de valorisation des déchets de Mayotte) et la CCPT ont souvent été compliqués. La deuxième a reproché plusieurs fois à l’autre de ne pas assurer suffisamment sa mission de collecte. « Mécontentes du service rendu par le Sidevam, les communes ont déjà mobilisé des moyens humains et matériels palliatifs. En 2019, cela a représenté un coût total de 494.843 euros pour Dzaoudzi-Labattoir et 603.423 euros pour Pamandzi », déplore la Chambre.
Enfin, le quartier prioritaire de la Vigie bénéficie d’une attention particulière dans son rapport. Outre les difficultés qu’il rencontre (habitat illégal, délinquance), il doit faire l’objet de plusieurs programmes portés par la collectivité et l’État. « Le quartier concentre déjà des moyens importants, mais cinq ans après le démarrage du programme de renouvellement urbain dont il bénéficie, les équipements essentiels ne sont pas livrés », relève la CRC.
Le président répond aux recommandations
En annexe du rapport, la Chambre régionale des comptes a joint une lettre de réaction du président de la collectivité, Saïd Omar Oili. « Je note le ton globalement positif du rapport de la Chambre au-delà des quelques points d’amélioration à mettre en œuvre », se réjouit celui qui est aussi maire de Dzaoudzi-Labattoir. Il précise plusieurs points à la Chambre comme la volonté de la CCPT de garder un grand nombre de compétences. La CRC cite le développement du très haut débit et le transport dévolus d’habitude au Département ou les déchets, ressort du Sidevam. « Il est vrai que notre intercommunalité a une démarche dynamique et active concernant la mise en œuvre de ces compétences. Pour autant, il ne nous semble pas exact de dire que la CCPT empiète sur les champs de compétences d’autres collectivités », défend Saïd Omar Oili.