Candidat à la présidence du Département, Issa Issa Abdou brigue la continuité

Actuellement 4ème vice-président du conseil départemental, Issa Issa Abdou souhaite renouveler ses engagements avec le Département en montant d’un cran. Il vise cette fois-ci la présidence avec des projets ambitieux pour le développement du territoire. Autoproclamé candidat du parti MDM progressiste, il souhaite mettre de côté les divisions politiques et rassembler tout le monde autour d’un projet commun pour Mayotte.

Flash Infos : Vous êtes 4ème vice-président du Département, chargé de l’action sociale, de la solidarité et de la santé. Quel bilan faites-vous de votre mandature ?

Issa Issa Abdou : Que de chemin parcouru ! La lucidité commande de ne pas dire que nous avons tout réussi parce que nous ne réussissons pas complètement dans le social, les enjeux sont colossaux. Il y a beaucoup à faire, mais nous pouvons nous réjouir d’avoir mis en place tout ce que nous avons réussi à faire. S’agissant de l’aide sociale à l’enfance par exemple, nous avons renforcé les familles d’accueil, nous sommes passés d’une centaine au double aujourd’hui. Nous avons aussi crée des lieux de vie et d’accueil à travers les associations, nous avons créé les maisons d’enfants à caractère social (MECS) qui n’existaient pas jusque-là. En matière de PMI, nous av ons favorisé leur montée en puissance, et nous avons engagé la construction de 11 PMI et d’un centre médico-social. On nous reproche même de trop en faire, mais pour moi c’est un compliment. L’action sociale c’est aussi ce que nous avons fait pour les personnes âgées, à l’exemple des services d’aide à domicile et bien d’autres projets. Dans mon canton, nous avons fait des choses aussi, je pense aux deux routes agricoles de Mavigoni sous les hauteurs de Dembeni, au travail que nous avons fait en commun avec les maires, etc.

FI : Pour quelles raison avez-vous décidé de briguer la présidence du Département ?

I. I. A. : J’ai la naïveté de penser que nous pouvons continuer le travail commencé. Je considère qu’avec le président Soibahadine, en six ans, nous avons créé les conditions de développement de ce territoire. Il faut en finir avec le zapping politique permanent, il faut jouer la continuité lorsque nous le méritons. Il faut avoir le temps de poser les choses, en une mandature nous n’avons pas le temps de tout faire.

FI : Avec cette campagne, n’est-ce pas un moyen de tester votre popularité en vue des échéances électorales ?

I. I. A. : Croyez-moi, ce n’est pas une ambition personnelle. Je suis convaincu, avec des amis, qu’il faut préparer l’avenir. Nous avons un projet pour Mayotte, une vision pour ce territoire. Nous avons une vision de gouvernance qui va impliquer la population, les collectifs des citoyens, un conseil de sages, un conseil de jeunes, faire en sorte que ces outils de démocratie vivent. De la même manière, je pense qu’il faudra trouver un espace pour que l’ensemble des élus de ce territoire, les maires, les conseillers départementaux, se retrouvent lors des grandes décisions avec comme chef de file, le président du Département. Là nous pourrons parler au nom des Mahorais.

FI : Le Département consacre la plus grosse enveloppe de son budget au social. Allez-vous continuer dans cette lancée si vous êtes élu ?

I. I. A. : Nous avons mis un accent très fort sur le social, il faut continuer parce que tout n’est pas fait, notamment sur la question de la convergence et de l’alignement des droits sociaux. Nous ne sommes pas des sous-Français, nous ne sommes pas un sous-département français, donc la bataille doit continuer en ce sens. Mais la prochaine mandature sera surtout consacrée à tout ce que nous n’avons pas fait pendant les six ans qui viennent de s’écouler, c’est-à-dire le volet régional. La double loi de 2010 considère Mayotte comme un département mais aussi une région. L’autre volet région doit être développé, parce que nous exerçons les compétences, sans les moyens. C’est la région qui aménage le territoire et cela permettra de donner le coup de fouet au développement de Mayotte..

FI : Quels seront les projets qu’il faudrait développer en urgence au sein du Département ?

I. I. A. : La première urgence est d’en finir avec les embouteillages, je veux que cela soit un curseur important de la prochaine mandature. Ces embouteillages sont indignes d’un département français. Le contournement de Mamoudzou par le haut est une priorité absolue. Nous devons également faire la route entre Petite-terre et Grande-Terre. Les amoureux de la barge auront toujours la possibilité de la prendre, mais ceux qui veulent aller vite doivent avoir une autre alternative. La gare maritime d’Iloni est un projet qui me tient aussi à cœur et qui n’a pas vu le jour. Si nous voulons que ces projets aboutissent, il faut assurer une continuité.

Mayotte doit également intégrer l’espace Schengen pour en finir avec les séjours « made in Mayotte ». Ainsi, ceux qui ont un titre de séjour ici pourront circuler partout sur le territoire national et nous pourrons alors désengorger l’île. Sans oublier la circulaire Taubira : nous devons la faire jouer et permettre aux mineurs isolés d’être envoyés ailleurs. Mais nous ne pouvons pas oublier l’éducation et la formation, notre meilleur atout. J’adore l’idée des cordées de la réussite. Faire en sorte qu’un enfant de Mayotte, issu d’un milieu modeste, puisse viser les plus grandes écoles et lui garantir un emploi. C’est pour moi le rêve mahorais. Il faut aussi nous interroger sur les métiers de demain pour former utile et garantir un travail aux personnes formées.

Nous devons aussi aider les agriculteurs mahorais à produire plus, à écouler leurs produits, à les transformer, c’est ce qui nous permettra d’assurer une autonomie alimentaire. Il faut que le Département accompagne les agriculteurs et les pêcheurs pour que nous consommions local, tout en travaillant avec les pays de la région. Nous ne pouvons pas non plus passer à côté de l’insécurité. La question de la sécurité au sens stricte est une compétence de l’État, mais au sens large c’est la responsabilité de tout le monde. Beaucoup de caractéristiques entrent en jeu et nous pouvons développer un vrai pacte avec des partenaires. Je n’ai pas peur de dire que l’insécurité a un lien direct avec l’immigration clandestine.

FI : Vous considérez être membre du MDM progressiste alors que le MDM classique vous renie. Quelle est finalement votre couleur politique ?

I. I. A. : Je suis Mahorais, mon parti c’est Mayotte, c’est la meilleure couleur politique qui soit. Hassani Abdallah m’a investi, j’en suis honoré et heureux mais nous ne nous arrêtons pas à cela. Je veux rassembler le plus largement possible. Nous devons en finir avec les chapelles parce que c’est contre productif. J’appelle au rassemblement le plus large. C’est Mayotte qui doit être mis en avant.

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