Ben Issa Ousseni : « Nous agirons au rythme de nos capacités, en allant chercher les financements nécessaires »

Mardi dernier, le conseil départemental a voté son budget primitif pour l’année 2022. L’occasion pour le chef de l’exécutif de présenter le projet de mandature. Ben Issa Ousseni revient en exclusivité pour Flash Infos sur les grandes lignes de celui-ci. Entretien.

Flash Infos : Mardi dernier, vous avez annoncé le lancement de votre projet de mandature. Quels sont les contours de cette stratégie mise en place et comment avez-vous procédé pour définir les trois thématiques prioritaires ?

Ben Issa Ousseni : C’est le résultat d’un travail de longue durée avec l’ensemble des élus d’abord, avec le regard des services et des directions aussi, pour proposer un cap clair pour la population. Sur le fond et à l’issue d’un état des lieux qui était nécessaire, notre projet pour Mayotte 2021-2028 se trouve construit autour de trois grands axes : le développement avec les déplacements, les infrastructures, l’économie ; les questions liées au mieux vivre ensemble autour des solidarités, de la culture, du sport, de la formation ; enfin, une partie intitulée « changer d’ère » axée autour de la gouvernance, des questions liées aux aspects institutionnels. Ces grandes thématiques et les questions qu’elles intègrent résument bien, me semble-t-il, les enjeux pour Mayotte.

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FI : Vous avez expliqué que ce document n’était pas celui d’un groupe ou d’un camp, mais bel et bien celui d’une équipe qui œuvre pour Mayotte. Pourtant, certains élus de l’opposition disent en « off » que cette feuille de route est une coquille vide… Que leur répondez-vous ?

B.I.O. : Je ne sais pas d’où vous tenez ces propos auquel je n’ai pas à répondre. Ce que je trouve, au contraire important, c’est que ce document a été enrichi par l’ensemble des élus et qu’il a été adopté à l’unanimité. Et je crois qu’il est très riche et complet, très loin d’une coquille vide….

FI : Parmi vos engagements clés, nombreux sont déjà en cours de réalisation tels que le schéma d’aménagement régional, l’accès au numérique ou encore la réduction des embouteillages… Quelles réelles nouveautés proposez-vous ?

B.I.O. : Les engagements clés dont vous parlez doivent ensuite se décliner en mesures opérationnelles dont toutes ne sont pas déployées. Le schéma d’aménagement régional n’est pas encore validé. Nous ne sommes pas obsédés par la nouveauté à tout prix : il y a des mesures nouvelles (gratuité de la barge, création d’un office des sports, développement des lieux d’accueil parents enfants… pour n’en citer que quelques-unes) et d’autres qui prolongent la mandature précédente mais doivent être réalisées. Je pense que c’est déjà une ambition importante de mener à bien ce projet.

FI : Vous avez en ligne de mire l’organisation des Jeux des Îles de l’océan Indien en 2027. Comment comptez-vous vous y prendre pour respecter les délais en termes de construction (exemple avec le gymnase de M’Tsangamouji) lorsque l’on voit les années de retard pour la livraison du stade de Cavani ?

B.I.O. : Un volet important de la mandature sera effectivement consacré à la réalisation des infrastructures dont notre territoire a besoin, en vue des Jeux des Îles 2027, mais plus largement pour la vie quotidienne de la population : jeunes, familles, usagers… Nous aurons besoin d’un engagement clair de l’État sur le financement de ces infrastructures et nous reprendrons ces discussions dès le nouveau gouvernement constitué. Quant aux blocages que vous évoquez, nous y travaillons – par exemple sur Cavani ou le cinéma – pour ne plus être tributaire de ces aléas. Notre organisation administrative doit prendre en compte ces enjeux essentiels.

FI : Au vu des projets structurants qui germent aux quatre coins de l’île, n’y-a-t-il pas un risque de saturation pour les entreprises du BTP ?

B.I.O. : Là encore, il y a des calendriers, des temporalités qui doivent permettre d’harmoniser des chantiers, qui témoignent tous d’un important besoin de rattrapage de notre territoire en termes d’équipement publics. Nous devrons nous en donner les moyens.

FI : L’idée de la gratuité de la barge pour les piétons est annoncée comme une mesure sociale et un coup de pouce aux mobilités douces. En ce sens, vous souhaitez poursuivre les études quant à la viabilité technique et financière du projet de réseau ferroviaire lancées par l’ancienne mandature. Ce projet est-il par exemple compatible financièrement avec le contournement de Mamoudzou ?

B.I.O. : Ces projets ne s’opposent pas et leurs temporalités sont bien distinctes. La gratuité de la barge pour les piétons est une mesure phare et symbolique de notre projet pour le mandat 2021-2028. S’agissant du projet ferroviaire, nous souhaitons pousser les études de faisabilité et de viabilité pour décider en pleine connaissance de cause. Le boulevard urbain est, quant à lui, bien lancé avec de nombreuses étapes à venir. Des financements importants existeront par ailleurs. Encore une fois, seule la combinaison des projets et des calendriers doit permettre des avancées concrètes.

FI : D’un point de vue écologique notamment, pourquoi ne pas faire pression sur Paris pour faire de Mayotte un territoire d’expérimentation en termes d’énergie solaire et maritime ?

B.I.O. : Parmi les discussions que nous aurons avec le nouveau gouvernement, une fois nommé, celles liées à la transition énergétique doivent avoir toute leur place.

FI : Comment comptez-vous vous y prendre pour faire adhérer la population à votre projet ?

B.I.O. : Nous souhaitons déjà mieux associer la population aux choix qui la concerne directement. Je pense également que l’adhésion viendra surtout de notre capacité à faire avancer les projets et les dossiers. Nous sommes jugés sur les avancées.

FI : À combien chiffrez-vous votre projet, sachant que dans son avis, le conseil économique, social et environnemental de Mayotte explique que la collectivité ne dispose plus de marge pour investir ? Et quand dans le même temps, le territoire a toutes les peines du monde pour consommer les fonds européens…

B.I.O. : Le projet conjugue des mesures très différentes : des infrastructures avec des coûts bien précis, des ajustements et des changements dans nos fonctionnements ou encore des mesures d’ordre plus sociétal. Il est difficile de chiffrer cela globalement, mais ce qui est certain, c’est que nous agirons au rythme de nos capacités, en allant chercher les financements nécessaires. Dans le cas des Jeux des Îles, par exemple, l’engagement de l’État à nos côtés aura toute son importance.

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