Plusieurs mois après les reproches formulés par la conseillère départementale de Mamoudzou 1 Armamie Abdoul Wassion contre des dysfonctionnements au sein du Département, son homologue de Dembeni Bicharat Payet lui a emboité le pas en révélant la semaine dernière le courrier qu’elle avait envoyé au président du Département Ibrahim Soibahadine. La femme politique n’y va pas par quatre chemins pour critiquer la désorganisation et les irrégularités au sein du Conseil départemental. Un déballage qui parfois prend des allures de règlement de comptes. Florilège des petites phrases et accusations de la présidente du Parc marin adressées au président et à l’institution.
« Si je ne vote pas pour Soibahadine Ibrahim au poste de président du Département, que dieu me punisse sévèrement pour tout le reste de ma vie ».
Dans son courrier rendu public, Bicharat Payet a d’abord souhaité revenir sur les conditions d’élection du président en 2015. Elle n’a visiblement pas digéré la cérémonie durant laquelle les nouveaux conseillers départementaux ont été réunis pour une fatiha (une prière en shimaore) durant laquelle l’actuelle directrice de communication du Département aurait fait répéter aux élus cette phrase, une sorte de serment d’engagement et de fidélité au futur président. Une pratique semble-t-elle répandue dans l’archipel des Comores au moment des élections. « On nous a traités comme des enfants , des animaux », se plaint la conseillère départementale.
« Beaucoup de gens pensent (…) que le vrai décideur du Conseil départemental, c’est votre directeur de cabinet ».
L’élue du canton de Dembeni reproche indirectement à Soibahadine Ibrahim d’être en quelque sorte la marionnette de son directeur de cabinet.
« J’ai l’impression d’avoir devant moi, le président de la République islamique fédérale des Comores ».
Par cette phrase, Bicharat Payet souhaite dénoncer le manque d’après elle, d’écoute du président. Elle lui reproche de ne pas consulter ses collègues pour des décisions comme le choix du nouveau directeur général des services en janvier dernier.
« Une dame touche un salaire au Conseil départemental depuis deux ans alors qu’elle travaille à l’hôpital ».
L’autre exaspération de Bicharat Payet porte sur les soupçons d’emploi fictif au sein du Département. Elle prend pour exemple le cas d’une femme qui toucherait un salaire depuis plus de deux ans alors qu’elle est employée du centre hospitalier. Une information que le directeur général des services lui aurait confirmée à en croire les dires de l’élue du canton de Dembeni. D’après elle, plusieurs situations de ce genre auraient été signalées au sein de l’institution.
« Le Département est en train de payer des gros salaires à des gens qui tournent en rond ».
Par cette critique, Bicharat Payet remet en question l’action de certains directeurs généraux adjoints (DGA) qui, d’après elle, bloquent le fonctionnement de leur service. « Chacun se plaint dans son coin, mais en attendant c’est tout un territoire qui est pénalisé », s’indigne-t-elle.
« On nous parle des brigadiers chargés des missions de braconnage des tortues. Est-ce que vos directeurs des services de l’environnement savent où dorment ces brigadiers au moment des braconnages? Je ne crois pas. »
La conseillère départementale fustige ici le fonctionnement du service environnemental du Département et notamment celui concernant la lutte contre le braconnage. Une situation toujours aussi critique en témoigne encore récemment l’agression dont a été victime l’organisation Sea Shepherd le mois dernier. Elle tentait d’empêcher des braconniers de sévir en Petite-Terre. « Tous ces dirigeants (NDLR: les directeurs de service) font ce qu’ils veulent car ce sont des amis et proches de … », répète l’élue départementale.
« Nous fonctionnons à la mahoraise pour ne pas dire à l’africaine ».
Bicharat Payet se plaint à travers cette phrase, du départ d’un assistant qui travaillait auprès des élus départementaux qui ne sont pas vice-présidents. Ce dernier selon elle aurait quitté l’institution dépité par le fonctionnement du Conseil départemental et n’aurait pas été remplacé ce qui aurait rajouté un peu plus de chaos à la désorganisation actuelle de l’institution qu’elle dénonce dans sa missive.
« Le chef des agents de sécurité c’est qui? (…) C’est le mari de votre directrice de communication. On le voit très rarement, pourquoi? Parce que c’est un ami ».
Bicharat Payet fustige également le fonctionnement du service sécurité. « Combien d’agents de sécurité sont-ils? Que font-ils? », s’interroge la présidente du Parc marin. Elle pointe ainsi du doigt la responsabilité du directeur de ce service qui serait selon elle, un ami du président.
« Le gouvernement français pourra mettre des milliards d’euros dans ce département, mais avec votre fonctionnement à la comorienne, ça ne marchera jamais ».
Une phrase qui résume à elle seule le sentiment de l’élue départementale concernant le fonctionnement du Département. A savoir que l’élue n’en est pas à son premier coup de gueule puisqu’en 2015 elle a déposé une plainte soupçonnant des irrégularités au sein de la Société publique locale (SPL976) service du Département. Quant à ce courrier rendu public et qui a fait grand bruit, la réaction du président et de son entourage ne manquera sûrement pas de se faire entendre. Un règlement de comptes qui nous promet quelques échanges aussi tendus que ceux engendrés par les sorties médiatiques d’Armamie Abdoul Wassion en 2016.
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