Moquée dans les médias nationaux pour avoir sollicité le préfet de Mayotte dans le but d’obtenir des laissez-passer pour des joueurs de Combani en situation irrégulière, la députée du Rassemblement national, Anchya Bamana, s’est adressée au ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, par courrier. Elle y accuse François-Xavier Bieuville d’avoir fait fuiter les informations dans la presse et demande « un rappel à l’ordre ».
« Cette fuite en avant, qu’elle soit volontaire ou non, et j’ai du mal à croire en l’absence d’une volonté délibérée du fonctionnaire, affaiblit la crédibilité des institutions publiques à Mayotte », s’épanche Anchya Bamana, dans un courrier daté du 22 novembre, à destination de Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur. Celle-ci revient sur l’épisode des Diables noirs de Combani, privés d’une partie de leurs joueurs pour les septième et huitième tours de la Coupe de France du fait de leur situation irrégulière. Cette demande rejoignait celles d’élus locaux et du club de la commune de Tsingoni, qui a dû faire appel à des dirigeants ou des éléments de ses équipes de jeunes pour compléter l’effectif. « Eu égard à leur exploit et face aux manques criants d’infrastructures sportives homologuées à Mayotte, à même de recevoir de grandes compétitions de foot-ball, j’ai jugé légitime de les soutenir dans cette démarche », se défend-elle.
Seulement, la requête déposée par une députée du camp du Rassemblement national, qui a un discours ferme contre l’immigration illégale, a vite été reprise dans la presse nationale et locale. La parlementaire de la deuxième circonscription de Mayotte note ainsi qu’elle a été contactée par le Canard enchaîné, avant même d’avoir eu la réponse de la préfecture de Mayotte lui signifiant son refus de régulariser en urgence les joueurs concernés. « Cet échange fraternel entre un membre de la représentation nationale que je suis et un haut fonctionnaire, de surcroît, tenu à des obligations professionnelles au regard de sa déontologie, n’avait pas à être divulgué par un tel procédé à un journal satirique dont on connaît l’opinion, vis-à vis des responsables politiques que nous sommes », regrette-elle.
Accusant le représentant de l’État à Mayotte d’être sorti de son devoir de réserve et son obligation de neutralité politique, elle demande une sanction disciplinaire. « Je vous sollicite pour un rappel à l’ordre à l’ensemble des services de l’État, et en particulier au préfet, l’importance de respecter les principes de neutralité, de confidentialité et de collaboration constructive », fait-elle savoir.
Un préfet peu aimé du RN
La nomination à Mayotte de l’ancien sous-préfet de l’arrondissement de Dunkerque (Nord) n’était pas passé inaperçue dans les rangs du Rassemblement national. Les propos de François-Xavier Bieuville dans La Voix du Nord, en février 2024, où il alertait « des risques politiques » des scores du RN dans le nord de la France, avaient vite convaincu des cadres du parti que le sous-préfet d’alors n’était pas totalement neutre. Anchya Bamana, dans son courrier, fait d’ailleurs directement référence à cette interview.
Localement, ce n’est pas la première fois non plus que la députée s’en prend au préfet. Le mois dernier, elle avait déjà envoyé un mail au même ministre pour se plaindre « des assassinats qui se banalisent, sous le silence du représentant de l’État localement ». Celle-ci faisait référence à l’agression à Koungou d’une famille qui se trouvait dans sa voiture, le 11 octobre, ainsi qu’à la mort d’un homme d’une soixantaine d’années devant sa case en tôles à Passamaïnty, le samedi 19 octobre.
Rédacteur en chef de Flash Infos depuis 2022. Passionné de politique, sport et par l'actualité mahoraise, ainsi que champion de saleg en 2024. Passé un long moment par l'ouest de la France, avant d'atterrir dans l'océan Indien au début de l'année 2022. Vous me trouverez davantage à la plage quand je ne suis pas à la rédaction.