Le vol Paris-CDG/Mayotte du lundi 17 septembre, qui accusait plusieurs heures de retard dans la soirée, a finalement été annulé dans la nuit par la compagnie portugaise HiFly (qui l’assurait pour le compte d’Air Austral). En cause, selon la compagnie : le comportement « virulent » d’un passager excédé par l’attente. L’équipage a fait appel à la PAF (police aux frontières) pour le faire évacuer manu militari, sous le regard médusé des autres passagers.
Les images se sont propagées comme une traînée de poudre. Un passager d’une trentaine d’années, vigoureusement maîtrisé et menotté par des agents de la police aux frontières à bord d’un avion à l’arrêt, le tee-shirt en lambeaux : voici la scène filmée par un des passagers du vol Paris/Mayotte du lundi 17 septembre, affrété par la compagnie portugaise HiFly, pour le compte d’Air Austral. Des images abondamment partagées sur les réseaux sociaux ce mardi, et qui ne sont pas sans rappeler les expulsions musclées pratiquées aux États-Unis pour cause de surbooking.
La scène s’est déroulée dans la nuit de lundi à mardi, entre 2h et 3h du matin, à bord de l’A-330 d’HiFly, sur le tarmac de l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. Les passagers, qui devaient embarquer à 20h10 pour décoller une heure plus tard, ont finalement dû attendre pas moins de cinq heures après qu’on leur a signalé un premier retard de l’avion, en provenance de Bruxelles. Contacté par Flash Infos, l’un d’entre eux, Zico, raconte : « À 20h, on nous annonce deux heures de retard. Nous croisons les bras et attendons jusqu’à 22h. À 23h, toujours rien (…) Finalement, vers 2h du matin, on commence à nous embarquer. Un métropolitain qui était avec nous a haussé le ton pour dire qu’il voulait être indemnisé tout de suite », détaille-t-il. Puis, l’embarquement se déroule néanmoins, selon ce passager, sans problème notable. Or, une fois dans l’appareil, des policiers de la PAF, appelés par l’équipage, interviennent à bord pour faire descendre l’homme. Celui-ci refuse. « Puis, nous avons vu un débarquement de huit nouveaux policiers appelés en renfort. Là, ça m’a choqué. Ils ont mis dix minutes pour le menotter », raconte encore le témoin, qui ajoute que ça « chahutait dans l’avion ». Un autre passager, Amine, explique de son côté que l’homme appréhendé n’était « absolument pas méchant » et n’a « manqué de respect à personne ». Il avait certes « un peu bu » mais n’était selon lui pas ivre, et aurait simplement parlé « plus fort que les autres » dans la zone d’embarquement, afin d’obtenir une attestation de retard que plusieurs autres passagers réclamaient par ailleurs. Une fois dans l’avion, « il était très sage et n’a rien dit », rapporte encore ce témoin. « Quand les policiers ont voulu le débarquer, il ne s’est pas laissé faire, je pense que tout le monde l’aurait fait (…) Nous nous sommes tous levés pour dire que ce n’était pas juste et qu’il n’avait rien fait de mal », explique-t-il encore.
Un passager « virulent » et « alcoolisé », selon Air Austral
Une fois le passager débarqué, les choses ne s’arrangent pas pour autant. « À 02h45, le commandant de bord nous annonce que le vol a été annulé et qu’il faut descendre de l’avion », explique l’autre passager, Zico. Jointe par téléphone, la compagnie assure qu’un nouvel équipage a été mobilisé et est en route pour Paris – conformément à la législation en vigueur sur le repos des personnels – afin d’assurer le vol en fin d’après-midi ou en début de soirée mardi. Face au tollé provoqué par l’incident, la compagnie s’est fendue d’un communiqué pour expliquer que l’annulation du vol avait été décidée « à la demande de l’équipage de la compagnie portugaise conformément aux procédures liées à [ses] règles de sécurité, et ce, en raison d’un incident survenu avec un passager à bord ». Au téléphone, la compagnie évoque un « passager turbulent qui était, semblerait-il, sous l’emprise de l’alcool » et qui aurait effectivement demandé à obtenir une « attestation de retard » avant même le décollage, ce qui ne peut être fait qu’une fois l’horaire de départ réel connu, précise-t-on. Après l’évacuation, l’équipage d’HiFly aurait donc décidé d’annuler le vol malgré tout, en raison du climat de « tensions » qui régnait toujours à bord et d’un « mouvement de mécontentement général « chez les passagers, explique Air Austral, qui assure avoir « immédiatement diligenté une enquête auprès de la compagnie HiFly pour faire toute la lumière sur cet incident regrettable ».
Autre point de crispation : la prise en charge des voyageurs au sol, gérée cette fois par Air Austral. Alors que des passagers indiquent avoir dû passer la nuit à l’aéroport, à dormir parfois à-même le sol (voir photo), et dénoncent le manque de communication de la part de la compagnie, cette dernière admet des difficultés et explique avoir fait face à un « manque de capacité d’hébergements » aux abords de l’aéroport. « Au bout de quelques heures, nous avons pu trouver quelques solutions pour les familles », indique-t-on néanmoins chez Air Austral. Et d’ajouter dans son communiqué que « la compagnie présente d’ores et déjà ses excuses aux passagers ayant subi ces désagréments indépendants de sa volonté. Elle rappelle également que la sécurité reste sa priorité absolue ». Les passagers pourront faire un courrier de réclamation dans le but d’être indemnisés à la suite de cet incident, rappelle Air Austral. En début d’après-midi, les deux passagers interrogés affirmaient avoir reçu un formulaire de la compagnie leur demandant d’attester que l’individu débarqué était responsable de l’annulation du vol. Contactée à ce sujet, la compagnie n’était pas joignable, mardi après-midi, pour nous confirmer l’existence de ce document. « Je ne le signerai pas et nous avons demandé aux autres passagers de ne pas le signer non plus », assure Zico, qui a d’ores et déjà lancé une pétition pour dénoncer la mauvaise gestion de la compagnie.
La compagnie Air Austral a réagi ce mercredi matin et indique avoir bel et bien distribué ce document aux passagers, mais qu’il s’agit d’une simple attestation d’annulation de vol et qu’il ne leur a pas été demandé de la signer.
►L’attestation d’annulation de vol fournie aux passagers
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