Le mouvement Le Temps d’Agir, présidé par Soula Saïd Souffou, vient de publier un plan de la santé des Mahorais. Il regroupe 50 propositions visant à développer le système de santé à Mayotte. L’installation d’un centre hospitalier universitaire semble être l’une des principales solutions.
La santé, un sujet encore épineux à Mayotte. Nombreux sont ceux qui pointent du doigt le fonctionnement du centre hospitalier de Mayotte, dénoncent le désert médical de l’île ou encore ré-clament la formation de médecins mahorais. Le comité de réflexion du mouvement Le Temps d’Agir s’est penché sur toutes ces questions et 50 propositions découlent du travail fait pendant des mois. Le membres du parti ont fait une série de consultations auprès des organisations syndicales, des professionnels de santé qui travaillent au CHM et dans le privé. Ils ont également interrogé des patients et d’autres qui ont pu bénéficier de l’évacuation sanitaire. “De façon unanime, la population dit que le système actuel doit évoluer. L’essentiel des personnes pensent que nous devons avoir un nouvel hôpital mais aussi un centre hospitalier universitaire”, annonce Soula Saïd Souffou, président du mouvement.
Le potentiel centre hospitalier universitaire de Mayotte paraît d’ailleurs comme la principale solution pour mettre un terme à tous les dysfonctionnements du système de santé mahorais. Et le candidat déchu à la mairie de Sada balaye d’un revers de la main tous les avis qui s’y opposent. “Nous avons entendu les critiques contre le CHU au motif que beaucoup de départements d’Outre-mer n’en ont pas, mais devons-nous nous enorgueillir ? C’est un échec pour la République. Il existe des départements qui ont à peu près la même population que Mayotte et qui sont dotés de CHU. Alors pourquoi il n’y en aurait pas chez nous ?”, s’étonne l’ancien DGS de la mairie d’Acoua. Selon lui, la pérennisation des évacuations sanitaires n’a que trop duré. Elles devraient être l’exception et non la règle. Mais Soula Saïd Souffou est réaliste et sait que cet hôpital ne pourra être créer du jour au lendemain. Il propose alors de mettre en place un calendrier sur le long terme. “La programmation du CHU doit se faire dès maintenant pour que nous sachions dans combien d’années il sera effectif. L’échéance devrait être de dix à quinze ans, au plus tard vingt ans.”
Former des médecins mahorais, une urgence
Le président du mouvement Le Temps d’Agir propose ce laps de temps pour une raison très simple. Des professionnels de santé mahorais devraient exercer dans ce futur CHU de Mayotte et la formation d’un médecin dure environ dix ans. Et selon lui, l’agence régionale de santé doit mettre en place une stratégie efficace. “Chaque département négocie avec les facultés de médecine pour qu’il y ait un quota d’étudiants qui passent en deuxième année. L’ARS n’a négocié avec aucune université, cela n’est pas normal”, s’indigne-t-il. Et si cela ne fonctionne pas, une autre solution serait également envisageable. “Les étudiants peuvent aller se former dans d’autres pays européens comme la Roumanie qui n’a pas ce problème de numerus clausus. Et les études que nous faisons dans ces pays sont reconnues par la France.”
Mais avant de pouvoir être soigné par ces futurs médecins mahorais, il faudra faire preuve de patience et gérer un autre problème plus urgent, le fameux désert médical. Malgré les salaires souvent très élevés des médecins qui s’installent à Mayotte, l’île peine à en recruter et à les faire rester. Le remède de ce problème se trouve peut-être en dehors de la France. “Pourquoi nous n’allons pas chercher des médecins dans d’autres pays européens comme en Suisse, en Belgique, en Roumanie ? Ces pays forment les médecins dans les normes internationales et européennes. Nous pouvons aussi aller recruter dans les pays voisins de la région, comme à Madagascar ou à Maurice où leurs médecins vont se former en Europe”, propose Soula Saïd Souffou. Encore faudrait-il qu’ils acceptent de venir à Mayotte…
“Il n’y a pas de volonté de développer la santé à Mayotte”
Le mouvement Le Temps d’Agir a pris le temps d’élaborer un plan détaillé pour améliorer le système de santé de Mayotte, une tâche qu’aurait dû effectuer l’ARS du territoire. “L’ARS existe de-puis trois ans, à Mayotte elle est de plein exercice depuis plus d’un an, alors pourquoi elle n’a pas fait de plan de santé ? Et le Covid-19 n’est pas une excuse, parce que cela n’empêche pas de réfléchir. Il n’y a juste pas de volonté de développer la santé à Mayotte”, accuse le président du groupe. Preuve en est, l’île fait toujours partie du plan régional de santé de l’Océan indien, partagé avec La Réunion.
Ou encore le silence radio de la part de l’ARS et de la préfecture à la réception du plan provenant du mouvement. “Nous avons envoyé ce document au président de la République et au gouverne-ment, le ministère des Outre-mer nous a remercié de la réflexion que nous avons menée, alors qu’ici, ni le préfet ni la directrice de l’ARS n’ont eu cette courtoisie”, raconte Soula Saïd Souffou. À cela s’ajoute le fonctionnement de l’agence régionale de santé qui n’aurait pas utiliser la totalité du budget qui lui est alloué. “Il y a un excédent de six millions d’euros. Une institution du service public n’a pas à faire d’excédent, elle doit utiliser tout l’argent à sa disposition en investissant”, rappelle le président du mouvement. Malgré son coup de gueule, Soula Saïd Souffou espère tout de même avoir un retour des autorités compétentes pour commencer le début d’un travail laborieux mais vital à Mayotte.
? 50 propositions pour réformer le système de santé de Mayotte