Connues pour leur travail de saunières à Bandrélé, les Mamas Shingo ou « mamans du sel », sont montées sur la troisième marche du podium lors du prix européen Leader pour l’égalité femmes-hommes, en mars dernier. Ce prix organisé par Leader France, met en avant des réalisations concrètes financées par le programme européen qui participent à la parité au sein des territoires ruraux.
Des grains de sel pour s’émanciper ? Telle est l’histoire des Mamas Shingo. Au sein de la société matrilinéaire et matrilocale mahoraise, les productrices de sel de Bandrélé cultivent jour après jour un savoir-faire ancestral. Ressource naturelle sur l’île de Mayotte, le sel du petit village du sud-est tend à se faire connaître au niveau européen. « Nous avons porté avec le GAL Ouest Grand Sud un projet de valorisation du travail traditionnel des Mamas Shingo », explique Clara Bosznay, coordinatrice du programme Leader à la direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF) Mayotte.
Depuis l’an 2000, les Mamas Shingo sont organisées autour d’une association. Très fières de leur travail, elles assurent seules, la production, la vente et la promotion de leur précieuse récolte au sein de l’écomusée du sel. À l’aide du projet Leader, l’écomusée a pu acquérir une toute nouvelle enceinte sécurisée, du matériel, ainsi que des pancartes explicatives afin de redynamiser ce lieu et valoriser un savoir-faire qui se transmet de mère en fille.
« Mettre en lumière des actions positives qui se passent à Mayotte »
Grâce au prix européen Leader pour l’égalité femmes-hommes, les Mamas Shingo peuvent désormais se targuer d’une célébrité internationale. « Nous avons présenté l’activité de ces femmes et de l’écomusée du sel devant un public européen qui pour beaucoup ne connaissait rien de Mayotte. Cette présentation a été l’occasion de mettre en lumière des actions positives qui se passent sur l’île », témoigne Clara Bosznay. Leur trophée en main, les Mamas Shingo, vont peut-être enfin obtenir la reconnaissance qu’elles méritent. Femmes, mères et travailleuses acharnées, elles incarnent la force de la femme mahoraise trop souvent reléguée à son rôle d’épouse.
Une fabrication qui reste 100 % féminine
L’exploitation et la fabrication du sel de Bandrélé sont pratiquées à partir du limon, une boue argilo-sableuse. Sa récolte est réalisée de A à Z par des femmes, les Mamas Shingo. Une manœuvre qui se déroule en plusieurs étapes : tout d’abord le ramassage du limon, puis la réalisation de monticule de cette matière grâce à un grattoire, ensuite, la filtration du limon dans des bassines trouées pour obtenir un liquide concentré en sel, et enfin l’évaporation du liquide, pour laisser apparaître un sel extrêmement blanc. Réputé pour sa teneur en zinc, fer et magnésium, le sel de Bandrélé est très apprécié des consommateurs.