Chido pourrait avoir révélé de nouveaux vestiges archéologiques

Si le cyclone Chido a endommagé plusieurs sites archéologiques de l’île, le 14 décembre 2024, il pourrait aussi avoir révélé de nouveaux vestiges. La direction des affaires culturelles de Mayotte (DAC) a lancé un appel à témoin demandant à celles et ceux qui auraient pu avoir fait des découvertes de les signaler.

Entre arbres déracinés et submersion marine des littoraux, plusieurs des 150 sites archéologiques de Mayotte ont été mis à mal par le cyclone Chido, le 14 décembre 2024. “À la plage de Miangani (Koungou), il y a une dizaine de sépultures remontant jusqu’au treizième siècle qui affleurent le front de mer. […] Certaines ont été impactées, d’autres ont carrément disparu”, relate Michaël Tournadre, ingénieur des services culturels et du patrimoine à la direction des affaires culturelles de Mayotte (DAC).

L’institution a coordonné en février une mission de trois jours pour évaluer les dégâts causés sur plusieurs sites terrestres et littoraux, accompagnée du département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSM), de la DAC de La Réunion et de l’institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap). L’équipe a couvert des sites allant du Moyen-âge à l’époque coloniale. Il en est ressorti que ce sont les sites littoraux qui ont été le plus touchés.

Mais le cyclone pourrait également avoir permis à de nouveaux sites de se révéler au grand jour. Ainsi, quelques semaines après Chido, des chercheurs du bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) de Mayotte en mission sur l’îlot Monyé Amiri (entre Grande-Terre et Petite-Terre) sont tombés sur de nouveaux ossements. Si un signalement avait déjà été fait sur cette zone à la gendarmerie en juillet 2024, qui avait conclu qu’ils dataient de plus de 75 ans, Chido a permis de les révéler davantage et de les faire connaître auprès de la DAC qui va pouvoir lancer l’étude de ce site prochainement.

De nouvelles découvertes archéologiques

“C’est ce genre de signalement qu’on attendrait de la population qui se balade sur les plages”, indique Michaël Tournadre. C’est dans l’optique d’une possibilité de découvrir de nouveaux sites que le 19 mars, la DAC a lancé un appel à témoignages auprès de l’ensemble de la population qui aurait pu avoir repéré des vestiges archéologiques. Fragment de céramique, de poterie, alignement de pierres, porcelaine chinoise, corail et coquillage en milieu terrestre, ossements… Si un habitant tombe sur un de ces artéfacts, notamment au niveau d’arbres déracinés ou sur le cordon dunaire des littoraux, il est vivement enjoint à contacter la DAC au mail dac-mayotte@culture.gouv.fr. “Ce qui peut accrocher le regard, c’est les ossements humains. La porcelaine chinoise [N.D.L.R. issue de l’importation] a des couleurs éclatantes, la céramique locale se repère moins facilement. L’idée c’est que n’importe qui au contact d’une découverte fortuite nous la fasse remonter”, donne comme indications l’ingénieur des services culturels et du patrimoine. Il avertit néanmoins de ne surtout pas ramasser ou déplacer ces trouvailles. “Le mieux est de nous alerter, voire nous envoyer une photographie, nous préciser la localisation”, ajoute-t-il. Ces informations permettront à la DAC de croiser ces données avec celles déjà en sa possession, avant de se rendre sur le terrain avec les différents instituts d’archéologie pour estimer si des fouilles sont nécessaires ou non.

Le sort de chaque découverte sera ensuite décidé au cas par cas. Certains vestiges pourront rejoindre les collections du musée de Mayotte, selon la place disponible. Concernant les sites funéraires, il est aussi possible que les restes soient étudiés sur place, ou alors étudiés puis inhumés à nouveau. “Pour les sépultures, cela arrive qu’on vienne avec la communauté religieuse pour les ré-enfouir”, détaille Michaël Tournadre.

Avec le manque d’archéologues sur le territoire mahorais, ce genre d’appel à témoins est nécessaire pour faire avancer la recherche, selon lui : “Une fois qu’on a ce recensement, on peut déclencher des opérations archéologiques.”

Journaliste à Mayotte depuis septembre 2023. Passionnée par les sujets environnementaux et sociétaux. Aime autant raconter Mayotte par écrit et que par vidéo. Quand je ne suis pas en train d’écrire ou de filmer la nature, vous me trouverez dedans.

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