La dématérialisation des services administratifs depuis la loi de 2015 a obligé les Français à changer leurs habitudes et à apprendre à maîtriser de nouveaux outils. À Mayotte, l’association MedNum est chargée d’aider la population à faire la transition. Munis de tablettes Apple, ses dix agents mobiles surnommés les « agents connect » se déplacent dans les centres communaux ou les unités territoriales d’action sociale (CCAS et UTAS) pour expliquer aux gens comment faire leurs démarches administratives en ligne.
MedNum est une association née d’un appel à projet codéveloppé par la chambre régionale de l’économie sociale et solidaire (CRESS) et la délégation régionale académique à la jeunesse, à l’engagement et aux sports (DRAJES). Vainqueurs, les créateurs de l’association, Sidi Mouhamadi (actuel directeur) et Kamaldine Attoumani, ont donc la lourde tâche de faciliter la transition numérique auprès de la population mahoraise. « Il s’agit d’expliquer aux gens que les administrations ne recevront plus de public et de leur montrer comment faire leurs démarches administratives en ligne », indique Sidi Mouhamadi. Cela va de la création d’une identité numérique et d’une adresse mail à la maîtrise de sites plus complexes comme celui de l’ANTS ou celui des Impôts.
Une tâche titanesque
Malgré les énormes besoins en la matière sur le territoire, MedNum Mayotte ne possède que dix agents qui se déplacent avec leurs tablettes dans tous les espaces numériques dédiés (CCAS, UTAS et espaces numériques de la CRESS). Un nombre largement insuffisant selon le directeur. « La logistique est très difficile car nous sommes sous-dotés. Il faudrait multiplier les moyens matériels et humains pour que nous puissions être réellement efficaces », estime-t-il en espérant que les subventions obtenues en 2021 et 2022 puissent se poursuivre dans les années à venir. « Il ne faudrait pas que Mayotte rate le train », prévient-il encore, inquiet de ne pas voir les élus s’intéresser davantage à la question.
Il est vrai qu’à Mayotte le travail est considérable, car une grande partie de la population ne possède pas Internet et certains habitants ne parlent pas français. Pourtant, faire ses démarches administratives en ligne sera très prochainement la seule option (elle l’est déjà pour certains services), d’où l’urgence à apprendre à utiliser correctement les sites. « En travaillant sur le terrain, nous nous sommes aperçus que la plupart des gens ne comprenaient qu’environ 10% du potentiel de leur téléphone », remarque Sidi Mouhamadi. Ce dernier suppose que le choix de la marque Apple pour les tablettes constitue peut-être un frein pour l’obtention de financements, car elle est plus chère. « Certes, mais elle est aussi plus fiable dans le temps, un élément important sur un territoire où il n’y a pas de réparateur », explique-t-il. Il lance donc un appel aux élus des collectivités et/ou du conseil départemental pour que son association soit bientôt davantage soutenue financièrement afin de pouvoir subvenir correctement aux besoins du territoire.