Le cyclone Chido passé, les habitants peinent à reconnaître leur île. Les arbres soufflés, des quartiers entiers sans aucune case encore debout, les toits en tôles des maisons en dur chiffonnés comme du papier, Mayotte ressemble à une immense scène de désolation. Reportage.
En quelques minutes, samedi matin, la forte pluie a laissé le vent transformer l’épisode cyclonique en cauchemar. Les plafonds qui s’effondrent, les vitres qui explosent, les tôles qui volent, l’eau qui s’engouffre partout où elle peut sous l’œil apeuré des familles, c’est tout le 101ème Département qui a été touché. Malgré l’alerte rouge encore en vigueur, beaucoup ont choisi de sortir pour constater les dégâts ou tout simplement parce qu’il ne restait plus rien pour les protéger. La priorité a été de vite reconstruire pour mettre tout le monde à l’abri, malgré le choc et la sidération. Hors Mayotte, les téléphones ont souvent sonné dans le vide, notamment pour les proches sans nouvelles. Les réseaux téléphonique, électrique et d’alimentation en eau ont été touchés. Depuis, des quartiers dont les câbles sont électriques en sous-terrain ont pu être réalimentés. Les infrastructures de la Société mahoraise des eaux (SMAE) étant subi le cyclone, l’alimentation en eau est toujours impossible.
Des hébergements d’urgence endommagés
Dans le village de Cavani, les écoles primaires Cavani sud 1 et 2 font partie des hébergements d’urgence de la municipalité de Mamoudzou. 400 personnes du bidonville voisin, dont beaucoup d’enfants, ont pu s’y réfugier, enfin dans une partie puisque le toit a été soufflé partiellement et les salles de classe du dernier étage inondé. Dimanche après-midi, le directeur de l’école nous a fait part de son désarroi, puisqu’il n’avait plus de désinfectant pour soigner les blessés et il n’y avait pas d’eau non plus (deux packs d’eau seulement ont été apportés par la mairie). Au-dessus, la directrice de l’école maternelle est dépitée. Une bonne partie du matériel a été volé et les salles saccagées. Toutes les tôles qui couvraient les toilettes ont été prises par les habitants du quartier voisin pour remonter des cases à la hâte.
Du côté de l’hôpital, une tente a été montée, ce dimanche pour préaccueillir les blessés aux urgences. « Dans 90% des cas, c’est la traumatologie », raconte l’une des médecins-urgentistes. Ce dimanche soir, peu de patients arrivaient. 400 passages avaient été enregistrés. Mais les routes sont encore en partie entravées, empêchant les blessés d’arriver à l’hôpital.
Les barges échouées
Dans le port de plaisance de Mamoudzou, tous les bateaux ont été envoyés sur le front de mer, voire dans la mangrove , tandis que le ponton est en miettes. Au ponton des croisiéristes, derrière le marché de Mamoudzou, les agents de la direction des transports maritimes (DTM, ex-STM) tentent de reprendre la barge Karihani qui s’est échouée avant un grand coup dans la coque. Le Polé est à Hamaha, le George-Nahouda est sur un îlot entre Petite-Terre et Grande-Terre. Les deux nouveaux amphidromes, Imane et Chatouilleuse, ont été retrouvés à la pointe Mahabou. Un vieil amphidrome, qui appartient désormais à la préfecture de Mayotte, est actuellement dans la mangrove de Doujani.
Rédacteur en chef de Flash Infos depuis 2022. Passionné de politique, sport et par l'actualité mahoraise, ainsi que champion de saleg en 2024. Passé un long moment par l'ouest de la France, avant d'atterrir dans l'océan Indien au début de l'année 2022. Vous me trouverez davantage à la plage quand je ne suis pas à la rédaction.