Tourisme | La croisière s’amuse-t-elle ?

Les plus observateurs l’auront remarqué : le bateau de croisière le Boudicca a fait escale toute une journée à Mayotte samedi dernier. Quelque 800 passagers ont eu l’opportunité de visiter l’Ile aux Parfums tandis que nous sommes montés à bord pour visiter ce géant des mers. Reportage.

Il est 17h à Mayotte ce samedi et nombreux sont les Britanniques du bateau de croisière le Boudicca à avoir fait l’impasse sur le sacro-saint « tea time », lui préférant une baignade dans l’un des plus grands lagons du monde. De retour sur le géant des mers qui a fait escale dans les eaux mahoraises, les touristes anglais sont extatiques : « Beautiful beaches », « Most lovely trip », « Best experience so far », « Excellent », « Very exciting », « Brilliant sights », « Fantastic ». Ces Britanniques en goguette ont fait fi de leur flegme légendaire et, enthousiastes, ont rivalisé de superlatifs pour décrire paysages, plages, coraux et poissons qui les ont émerveillés. Pourtant, ces fringants septuagénaires qui sillonnent les mers à bord du bateau de croisière norvégien ont déjà accosté le long d’autres rivages à la réputation idyllique, de l’Ile Maurice aux Seychelles.

Ainsi, preuve à l’appui, le potentiel touristique du 101ème département français sur lequel on projette, on tergiverse, on épilogue, on discourt depuis tant d’années, est bien réel et pourrait bien surpasser ceux de ses sœurs de l’océan Indien. Seul bémol émis par une vacancière francophone qui a passé sa journée à jouer l’interprète : le manque de personnel d’accueil parlant anglais sur les sites touristiques.

Plus de 400 visiteurs pris en charge

Céline, de l’opérateur touristique Baobab Tour, énumère les multiples activités des 440 touristes anglosaxons ayant choisi de se faire guider : sorties en mer avec les prestataires nautiques, excursion à Musicale plage puis à Tahiti plage avec animation foklorique au jardin botanique de Coconi, ou balade en Petite-Terre, notamment sur le site des Badamiers. D’autres vacanciers ont opté pour la visite libre, d’autres encore sont restés à bord du Boudicca pour une journée de farniente sur les multiples ponts du navire avec, en toile de fond, les différentes îles et îlots de Mayotte, bordés par un lagon placide aux eaux émeraude. 

C’est le capitaine du navire lui-même, Mikael Degerlund, qui a pris le temps de nous faire visiter son bateau de 206 mètres de long, nous guidant à travers ponts, salles de dîner, bars, parcours de mini-golf, salle de gym et spa, saluant aimablement chaque passager, occupé à bouquiner face à la mer et sous les brumisateurs ou à se baigner dans la piscine d’un pont intermédiaire. Ce Finlandais, affable et circonspect, a déjà parcouru la plupart des mers et océans du monde. Son enfance sur les rivages scandinaves le prédestinait à une vie sur les flots. « Je viens d’une famille pauvre et le seul moyen de découvrir des endroits tels que Mayotte était de travailler sur des navires », explique sereinement le capitaine, dans un anglais parfait néanmoins teinté d’un léger accent exotique. Avoir sous sa responsabilité quelque 800 passagers à la moyenne d’âge élevée et 300 membres d’équipage n’effraie guère le vieux loup de mer qui a déjà, en 17 ans de carrière, manœuvré des monstres marins avec, à leur bord, plus de 1000 membres d’équipage. « Le plus dur, c’est d’être loin de sa famille », s’ouvre le capitaine qui, sur quatre mois, en travaille deux non-stop sur le navire. « Mais si vous aimez écouter, il y a beaucoup d’histoires à entendre sur un bateau », se console-t-il, évoquant la diversité – à la fois en termes d’âge, de niveau social et de nationalité – des passagers et membres d’équipage. 

Le Boudicca a quitté nos eaux samedi soir mais devrait revenir avec de nouveaux visiteurs à son bord le 9 décembre.

 

 

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