Au tribunal judiciaire de Mamoudzou, les affaires de violences sexuelles sont de plus en plus nombreuses, grâce notamment aux signalements faits par le rectorat de Mayotte ou le centre hospitalier. Le procureur de la République, Yann Le Bris, constate aussi une libération de la parole dans les familles.
Flash Infos : Est-ce que les affaires de violences sexuelles sont récurrentes au tribunal ?
Yann Le Bris : Oui, ça l’est. Et on voit une amélioration de la remontée d’informations, notamment de la part de partenaires. Je pense au rectorat de Mayotte, aux associations et au centre hospitalier qui a désormais une psychologue et une infirmière pour faire le lien avec la justice. Dans l’année, on a plusieurs centaines de signalements en lien avec les violences sur mineurs. Ça peut être à caractère sexuel ou des violences physiques. Il y a aussi une libération de la parole, surtout chez les mères de familles. Elles accompagnent davantage les victimes, ce n’était pas le cas avant.
Il y a une amélioration de la prise en charge, même s’il y a encore à faire, au commissariat de police et dans les brigades de gendarmerie. Les limites de cette action sont encore dans la dénonciation. Nombre de faits concernant des personnes en situation irrégulière ne sont pas dits parce qu’elles sont réticentes à engager une procédure du fait de leur situation administrative. On lance parfois des enquêtes et personne ne dit rien.
FI : Il y a cette idée répandue qu’il s’agit souvent de proches ou de voisins.
L. B. : C’est la vérité. Les auteurs sont souvent des personnes qui vivent à proximité des victimes. Ce n’est pas propre à Mayotte, c’est le cas en métropole. Ça peut être des gens de la famille, des voisins ou des personnes à qui les enfants sont confiés. Ce n’est pas donc par hasard, même si ça arrive.
FI : Quel type de sanctions sont prévues pour les auteurs ?
L. B. : Tout dépend des infractions commises et de l’orientation que prend le Parquet. Si les faits sont graves, ça peut aller jusqu’à dix ans de prison. Il y a eu dernièrement la condamnation d’un foundi (un maître coranique) qui a agressé sexuellement une jeune fille. Il a pris huit ans. En cas de crime, ça peut monter à quatorze, seize ou dix-huit ans d’emprisonnement.
Je tiens d’ailleurs à souligner le travail des juges pour enfants (N.D.L.R. désormais trois à Mayotte depuis la rentrée) et de la juge aux affaires familiales.
Un dossier complet sur les violences sexuelles sur mineurs est à retrouver dans le Mayotte Hebdo n°1014. C’est en ligne et gratuit !