Un homme condamné pour avoir tabassé son petit frère

Un jeune homme de 20 ans a été condamné à un an de prison avec sursis pour des violences physiques sur son petit frère de 11 ans, ce vendredi 25 octobre, par le tribunal correctionnel de Mamoudzou. Ensanglanté, le garçon était venu se réfugier au poste de la police municipale de Koungou, deux jours avant. En charge de ses frères et sœurs, les coups étaient pour le jeune homme un mode d’éducation.

Les policiers municipaux de Koungou ont la surprise de trouver un petit garçon venu se réfugier au poste, le mercredi 23 octobre. Âgé de 11 ans, son corps et son visage étaient couverts de plaies en sang. L’enfant auditionné par les fonctionnaires a dit avoir été frappé par des coups de câble électrique par son grand frère. Arrivé au poste pour fuir les violences, il était encore terrorisé lors de l’audition et se recroquevillait en position fœtale dans un coin de la pièce. Le grand frère, un jeune Comorien âgé de 20 ans, est rapidement arrêté, puis jugé ce vendredi en comparution immédiate par le tribunal correctionnel de Mamoudzou. L’enfant explique qu’il devait aller à l’école coranique ce matin-là mais ne s’est pas réveillé. La veille, il s’est couché tard pour faire ses devoirs. En retard pour l’école coranique, il aurait été puni.

L’homme à tout faire de la maison

Il fait partie d’une famille de six enfants. Le prévenu, le grand frère, a grandi à Anjouan, sa mère l’a fait venir à Mayotte il y a quelques années. Au domicile, il est responsable du foyer, il s’occupe de l’éducation de ses petits frères et sœurs, va faire les courses au marché, etc. Pendant la garde à vue, il explique que son petit frère lui a répondu quand il s’est aperçu de son retard pour l’école coranique. « Votre petit frère a ouvert la bouche, ça ne vous a pas plu qu’il parle mal alors vous l’avez frappé d’abord avec un bout de bois puis le fil d’un chargeur de portable sur les jambes, le dos », décrit Alexandra Nicolay, la présidente du tribunal correctionnel. Le jeune homme dit « ne pas savoir » à quel point il avait violenté son frère. « Pourtant, il y avait du sang partout, vous ne lui avez pas donné de soins médicaux, vous vous êtes acharnés sur lui », renchérit la présidente. Les rapports médicaux montrent des photographies des plaies de la victime, mais également des cicatrices plus anciennes sur le dos, indiquant que ce ne serait pas la première fois qu’il aurait été battu. Pendant les interrogatoires, le prévenu a rapporté qu’à Anjouan il a grandi avec l’idée que frapper un enfant est courant s’il désobéit.

L’allure chétive, des pansements encore sur le coude, le petit garçon est arrivé au tribunal en cours d’audience avec ses parents. Assis seul sur le premier banc, invité à s’exprimer, il dit « ne pas vouloir que son frère soit enfermé ». Tout au long du jugement, il regarde ses pieds et joue nerveusement avec ses mains. « Ton frère a fait quelque chose de très grave selon la loi française. Mayotte, c’est un département français et la loi française n’autorise pas qu’on fasse du mal aux enfants », lui répond la présidente du tribunal.

« La violence casse un enfant »

Pour défendre ses intérêts, une administratrice a été désignée, représentée par maître Mélanie Trouvé pendant le jugement. « Nous sommes face à un grand frère qui prend le rôle du père, il n’a pas corrigé le garçon mais il l’a tabassé, lacéré de toutes parts. Même en se plaçant dans un prisme différent où la violence peut être tolérée, ce niveau serait toléré nulle part que ce soit aux Comores ou ici. » Avant de souligner en quoi celle-ci « casse un enfant, l’empêche de grandir physiquement et psychiquement, de s’épanouir, l’empêche de bien apprendre à l’école et rompt la confiance envers les adultes ».

La substitute du procureur de la République, Cassandre Morvan, requiert huit mois de prison ferme. Maître Laurent Bayon, l’avocat de la défense, présente le jeune homme comme un homme qui « n’a connu que la violence comme modèle d’éducation. Sa mère l’a fait venir des Comores pour faire les tâches ménagères, on lui demandait tout et n’importe quoi ». Il voit les parents comme fautifs, ils « ont cautionné cette violence » à l’égard de l’enfant. Il plaide plutôt pour des travaux d’intérêt général, « plus utiles » selon lui, qu’une incarcération à la prison de Majicavo-Koropa où il doute que « les mois passés là-bas va inverser la norme et les références » du prévenu.

Le tribunal le condamne à douze mois de prison avec sursis et 8.000 euros à verser pour dommages et intérêts. Sans papiers, il risque d’être expulsé aux Comores, en fonction de ce que décidera la préfecture de Mayotte.

Journaliste à Mayotte Hebdo et à Flash Infos Mayotte depuis juin 2024. Société, éducation et politique sont mes sujets de prédilection. Le reste du temps, j’explore la magnifique nature de Mayotte.

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