Un foundi soupçonné d’avoir abusé d’une élève

Hier, le tribunal correctionnel de Mamoudzou jugeait un enseignant coranique aux allures de tartufe. Les faits dignes d’un scénario tiré d’un roman de Nassur Attoumani, remontent à 2012 et 2013 quand un certain C. foundi en Petite Terre, a entretenu une relation avec une de ses jeunes élèves. Séduite par le charisme et les promesses d’amour du jeune trentenaire, l’adolescente âgée de 14 ans succombe à son charme et tombe enceinte à deux reprises de son professeur. La première grossesse conduit à une fausse couche quand la seconde donnera naissance à un enfant âgé à présent de deux ans. Le prévenu en situation irrégulière promet à son élève de la marier espérant ainsi pouvoir régulariser sa situation, la jeune femme ayant la nationalité française.

Il explique au moment de son audition par le juge d’instruction, ne s’être rendu compte de l’âge de la victime qu’après coup mais assume sa responsabilité. “Je voulais m’occuper de l’enfant, or les parents de la jeune femme s’y sont opposés”, répète-t-il à la barre alors que la partie civile dit le contraire. La mère de son enfant quant à elle avoue, avoir été amoureuse avant finalement de nourrir de la rancœur envers son professeur. “Je réalise aujourd’hui que j’étais naïve et qu’il a abusé de ma jeunesse”, se plaint-elle. Lorsque l’histoire s’est répandue, la famille de la victime est devenue rapidement le sujet de moqueries dans la commune, aux dires de leur avocat. À tel point que celle-ci décide de déménager en métropole. À cela s’ajoute le préjudice scolaire pour la jeune femme. “Déscolarisée, elle n’a pas pu finir ses études à cause de ses grossesses et cette affaire”, explique son avocate.

Le prévenu aurait profité de son statut

Mais qu’est-ce qui a pu pousser un enseignant coranique à avoir des rapports sexuels avec une adolescente alors qu’il est censé instruire des valeurs religieuses telles que l’abstinence avant le mariage ? “Vous comprenez que votre comportement va à l’encontre de ce que vous enseignez”, l’interroge le juge avant d’ajouter, “les parents n’envoient pas leurs jeunes filles pour que le maître fasse une opération de séduction”. Le prévenu explique avoir cédé à la facilité même s’il jure avoir eu l’intention de trouver une femme majeure en dehors de la madrassa. Son avocate met en avant les traditions culturelles de l’archipel où les rapports entre jeunes femmes et hommes matures seraient monnaie courante. Pour le procureur, l’argument est irrecevable : “la loi stipule qu’on ne doit pas avoir de relations sexuelles avec un mineur de moins de 15 ans donc on ne touche pas !”, lance-t-il de manière ferme. Au moment de lire les expertises, le juge rappelle que l’atteinte sexuelle a été commise sans emprise physique mais bien sous emprise psychique.

Le foundi est soupçonné clairement d’avoir abusé de sons statut et de son aura. Pour l’avocat de la défense à 14 ou 15 ans, un adolescent est certes mineur mais on peut avoir des sentiments amoureux. Pour le procureur, au contraire “à 14 ans, on est capable d’avoir des rapports sexuels au niveau physionomique mais on n’est pas toujours conscient de ses actes”. Les réquisitions du procureur sont fermes. Il demande au président de la cour deux ans d’emprisonnement, dont 20 mois avec sursis assorti de deux mois de mise à l’épreuve ainsi qu’un suivi médical déjà en cours depuis sa mise en examen. La cour délibérera le 9 décembre prochain.

GD

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