Un énième renvoi décidé dans le procès de « Guito »

Neuf ans après les faits, Théophane « Guito » Narayanin devait être jugé par le tribunal correctionnel de Mamoudzou en lien avec l’agression d’une avocate en 2015, dans le quartier des Hauts-Vallons à Mamoudzou. Toutefois, ce mardi matin, les avocats ont obtenu un nouveau renvoi parce que la procédure n’a pas respecté le contradictoire.

Tout était prêt, les avocats de toutes les parties étaient présents, deux jours étaient prévus pour la tenue du procès de l’agression d’une avocate, le 2 septembre 2015, aux Hauts-Vallons. Celle-ci avait été assénée de coups de poing devant le cabinet regroupant plusieurs avocats du barreau mahorais. L’interpellation rapide et la garde à vue d’une bande de gros bras mahoro-réunionnaise avait dirigé les enquêteurs vers Théophane « Guito » Narayanin. A l’époque, le patron de la société de matériaux de construction IBS était en guerre judiciaire avec Frédéric D’Achery, le propriétaire des terrains de Kangani sur laquelle se trouve l’entreprise. Est-ce que, dans ce contexte, l’agression d’une collaboratrice de maître Sylvie Sévin était une expédition punitive contre l’avocate de l’ex-maire de Koungou ? Les juges n’en seront pas plus pour l’instant, le procès a été une nouvelle fois renvoyé, ce mardi matin. Cette fois-ci, les avocats à la défense ont réussi à démontrer qu’il y avait eu un non-respect des article 175 et 184 du code de la procédure pénale. « Chacun a été privé du contradictoire », estime en première maître Josée Israël, l’avocate de « Guito » poursuivi ici pour « association de malfaiteurs ».

En effet, tous les acteurs n’ont pas été notifiés de la clôture de l’instruction. Maître Marie Briot indique par exemple qu’elle ne défend qu’un des prévenus, un Réunionnais âgé de 45 ans, et non plus deux. Le deuxième, un autre Réunionnais de 40 ans maintenant défendu par maître Marius Rakotonirina, n’a donc jamais reçu le document envoyé par le juge d’instruction. La difficulté se pose aussi pour maître Saïd Larifou. Poursuivi pour subornation de témoins (il aurait acheté le silence des gros bras en prison), l’avocat franco-comorien de 60 ans a été notifié alors qu’il n’était plus avocat d’une partie des prévenus, mais bien mis en examen. Le fait que tout le monde n’ait pas été notifié en même temps a empêché que des observations soient faites sur les déclarations des uns et des autres. « On doit avoir la capacité de répondre en même temps », fait remarquer l’avocate du chef d’entreprise. Pareil pour le réquisitoire, il a été démontré que la même erreur est intervenue, notamment pour les deux prévenus mahorais du groupe (l’un est décédé depuis).

« Malgré l’ancienneté des faits, la loi donne au tribunal le pouvoir de faire respecter le contradictoire », convient Ludovic Duprey, le président du tribunal de correctionnel de Mamoudzou. Par décision contradictoire, les juges ont demandé au Parquet de remettre le dossier à l’instruction, afin que tout le monde puisse être informé de la clôture en même temps.

Un retour au juge d’instruction

Yann Le Bris, procureur de la République, ne s’est pas opposé à la demande de renvoi. Il a toutefois prévenu qu’il ferait le nécessaire pour que ça ne dure que « deux ou trois mois », avant de nouvelles convocations. Cette demande a également été exprimée par les trois parties civiles, les avocats de la victime, de maître Sylvie Sévin et l’ordre du barreau de Mayotte. Maître Soumetui Andjilani, qui défend la première qui exerce maintenant en Hexagone, regrette « qu’on renvoie sans donner de date ». Maître Jean-Jacques Morel, qui représente sa consœur, s’agace que le quarantenaire qui a choisi un autre avocat n’ait pas prévenu la justice du changement. Il demande, en outre, que les prévenus ne puissent toujours pas entrer en contact avec sa cliente, une requête reçue favorablement par les juges. Ainsi, en attendant la fin de l’instruction et de nouvelles convocations, les contrôles judiciaires ont été levés, à l’exception d’une chose, l’interdiction faite aux prévenus de rentrer en contact ou de s’approcher de maître Sévin et de la victime.

Pour ce qui est la tenue du procès, il faudra encore attendre. Le tribunal rappelle que « le délai est entre les mains du juge d’instruction et du procureur ».

Rédacteur en chef de Flash Infos depuis 2022. Passionné de politique, sport et par l'actualité mahoraise, ainsi que champion de saleg en 2024. Passé un long moment par l'ouest de la France, avant d'atterrir dans l'océan Indien au début de l'année 2022. Vous me trouverez davantage à la plage quand je ne suis pas à la rédaction.

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