Un pilote de kwassa de 20 ans a été envoyé pour un an à Majicavo, ce mardi 4 octobre. En l’espace de quelques mois, il a été appréhendé par deux fois en tentant de faire la traversée depuis Anjouan. Le procureur de la République, Yann Le Bris, pousse pour que dorénavant une peine ferme soit prononcée dès la première interpellation.
Chantal Combeau, la présidente du tribunal correctionnel de Mamoudzou, le reconnaît : « C’est un dossier des plus classiques. » Le 7 avril 2022, un kwassa est arrêté près de la plage des Badamiers, à Labattoir. À son bord, six hommes, une femme et deux enfants tentaient de rejoindre le rivage. Tous ont désigné le passeur comorien de 20 ans comme celui qui les a emmenés depuis Anjouan. Le bateau a été immédiatement saisi. Relâché en attente de sa convocation devant le tribunal correctionnel, le prévenu n’avait jamais été pris avant et pensait se faire oublier en repartant aux Comores. Sauf que cinq mois plus tard, rebelote, il est pris sur un nouveau kwassa. Cette fois-ci, il est présenté en CRPC (Comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité). La sanction est cette fois immédiate, il prend neuf mois de prison ferme. Ce mardi matin, c’est à l’occasion du premier fait qu’il est jugé. Non récidiviste, il n’avait jamais été condamné avant le mois d’avril. « C’est un réitérant, mais pas un récidiviste », admet le procureur de la République, Yann Le Bris.
« Il y a des enfants qui savaient nager »
Le Parquet considère que le prévenu « n’est pas un simple pilote payé 300 euros ». « Ça fait deux fois que vous achetez un bateau à 2.000 euros », relève-t-il en insistant sur un achat rentabilisé avec un ou deux voyages (le prix de la traversée est de 300 à 400 euros par passager). Il questionne : « Est-ce qu’il ne faut pas un premier choc carcéral pour les pilotes de kwassas ? » En effet, à Majicavo depuis août, le passeur exprime des regrets et explique « ne pas vouloir rester en prison ». Sept à huit mois en plus de sa peine actuelle sont requis.
Son avocate, maître Aurore Baudry, souligne « qu’il n’y a aucun élément pour démontrer son importance ». Elle demande de prendre en considération le fait qu’il était encore primo-délinquant en avril et réclame comme sanction, six mois de prison avec sursis. Le tribunal correctionnel a opté pour une peine d’un an d’emprisonnement et une interdiction du territoire français (ITF) ayant été prononcée en août, il sera expulsé dès sa sortie de prison. Chantal Combeau ajoute que la légèreté des réponses du prévenu n’a pas joué en sa faveur. « Vous ne savez pas que quand on tombe dans l’eau, on se noie ? », a-t-elle demandé par exemple de façon rhétorique. « Il y a des enfants dans le bateau qui savaient nager », a répondu le passeur, du tac au tac.
Rattrapé par une affaire de séquestration six ans après
Travaillant comme magasinier dans une entreprise de Nîmes (Gard), un Mahorais était jugé, ce mardi, pour une affaire datant du 8 juillet 2016. Ce jour-là, avec sept autres personnes, ils ont enlevé et séquestré un homme dans le banga du prévenu à Trévani. La raison ? Deux jours avant, l’un des membres de la bande a agressé au couteau le cousin de la victime et son nom est arrivé aux oreilles des gendarmes. Les représailles particulièrement violentes du 8 juillet impliquaient des brûlures de cigarettes sur la peau, des coups de pied et de poing alors que la victime était attachée et masquée par un sac mis sur la tête. « Mon client nie les faits. Il était simplement présent », plaide maître Érick Hesler. « On sait qui a frappé en premier et on connaît celui qui a fait les brûlures de cigarettes et mis le sac. Puis la victime étant masquée, elle n’a pas su dire qui a donné les coups », ajoute-il. Les autres prévenus ayant confirmé « que tout le monde a donné des coups », les juges ont condamné le jeune homme à un an de prison ferme, confirmant la peine en première instance. Au vu de l’insertion et d’absence de casier judiciaire de celui-ci, il pourrait être détenu à domicile avec un bracelet électronique.