Ouverte depuis la fin de l’année 2019, une enquête du parquet national financier a débouché sur une perquisition au siège du syndicat mixte d’eau et d’assainissement de Mayotte ce mercredi matin. L’opération en cours vise l’ancienne mandature pour délit de favoritisme, détournement de fonds publics et prise illégale d’intérêts.
Stupeur ce mercredi matin au siège du syndicat mixte d’eau et d’assainissement de Mayotte. Des dizaines de cartons jonchent le long des préfabriqués installés dans la cour de l’établissement public. La conséquence d’une enquête préliminaire ouverte fin 2019 par le parquet national financier. « Nous avons été destinataires de signalements de la part de la cour des comptes de Mayotte », indique Emmanuelle Fraysse, la secrétaire générale de l’institution judiciaire française, en charge du dossier depuis Paris.
« S’ils sont là, c’est parce qu’ils ont déjà des informations, c’est pas tombé du ciel », lâche un employé du SMEAM, pas forcément malheureux de voir la section de gendarmerie de Paris, dépêchée sur place, s’activer, avec l’appui de la section de recherche de Mamoudzou. Il faut dire que la nouvelle équipe en place depuis le 31 juillet 2020 a du pain sur la planche pour redresser la situation économique dramatique du syndicat laissée par l’ancienne mandature.
Entre deux et dix ans d’emprisonnement
Et c’est là tout l’enjeu des recherches puisque les signalements évoquent plusieurs chefs d’accusation : délit de favoritisme, détournement de fonds publics et prise illégale d’intérêts. Des délits qui peuvent respectivement faire encourir jusqu’à deux ans d’emprisonnement et 200.000 euros d’amende, dix ans d’emprisonnement et un million d’euros d’amende, et cinq ans d’emprisonnement et 500.000 euros d’amende. « Les enquêteurs font les actes d’enquête nécessaires à la manifestation de vérité », tient toutefois à rappeler Emmanuelle Fraysse. En d’autres termes, ils s’emploient à apporter les preuves ou non des infractions citées précédemment. Aucun nom n’a pour l’heure filtré.
Concernant les rumeurs faisant état de perquisition aux domiciles de l’ancien président du SMEAM, Moussa Mouhamadi Bavi, et l’ancien directeur de cabinet, Camille Abdillahi, la secrétaire générale du parquet national financier préfère botter en touche. Une affaire qui risque de faire énormément de bruit à une période de l’année où les tours d’eau se multiplient…