Un prévenu de 20 ans, habitant Tsoundzou 1, a été condamné à quatorze mois de prison ferme, ce mercredi, par le tribunal correctionnel de Mamoudzou. Il a été reconnu à plusieurs reprises, les 12 juin et 6 août, par des policiers qu’il a caillassés.
« – Je ne suis pas le seul à avoir ces vêtements-là. – Sans doute. Mais en même temps, ils ne doivent pas être nombreux. » Habillé d’un jogging orange et d’une veste rouge et blanche, le prévenu tente de convaincre la juge Chantal Combeau et ses deux assesseurs qu’il n’y est pour rien dans deux caillassages de véhicules de police datant du 12 juin et un autre qui a eu lieu dimanche dernier. Pourtant, les souvenirs des fonctionnaires de police au cours de leurs auditions sont plutôt formels. Ils sont même très récents pour trois d’entre eux. Car, le soir du 6 août dernier, vers 19h, près de la mosquée de Tsoundzou 1, deux des trois membres d’une patrouille de la brigade anticriminalité (Bac) ont vu le jeune homme de 20 ans terminer son geste quand la pierre a atteint la porte arrière gauche de leur véhicule. A vélo, celui-ci a pris la fuite. Un quart d’heure plus tard, c’est à nouveau lui et une dizaine d’autres qui s’en prenaient au même équipage. Les trois y reconnaissent l’individu au « pantalon orange ». Ils mettent pied à terre et tirent des gaz lacrymogènes pour disperser le groupe. Ce n’est qu’à 20h30, ils mettent la main sur leur suspect au niveau du pont de Kwalé, en reconnaissant une nouvelle fois ses habits.
Déjà condamné pour des vols
De nationalité comorienne et ayant grandi à Mamoudzou, le prévenu n’est pas inconnu des services de police. Il a été condamné le 7 juillet 2021 pour un vol avec violence, puis une nouvelle fois en 2022 pour un vol en réunion. Il est aussi lié à une autre affaire, qui devait être jugée en novembre. Mais au vu de la ressemblance, elle a été retenue ce mercredi. En effet, le 12 juin, il était identifié (toujours à cause de son pantalon orange) comme un membre d’une bande de dix personnes qui s’est attaquée à une voiture de police, en fin de soirée. Si deux mineurs ont été interpellés ensuite, après avoir caillassé une nouvelle fois les mêmes policiers, une autre équipe venue en renfort est tombée sur le prévenu. Une nouvelle affaire qui aggrave son cas. « Ça fait beaucoup de policiers qui vous voient jeter des pierres », constate la présidente du tribunal correctionnel. Anticipant la défense du prévenu, le procureur Yann Le Bris plaide : « N’en déplaise à son conseil, par principe, on ne peut pas croire que les déclarations sous serment des policiers n’ont aucune valeur ». Celui-ci met en doute le fait qu’il serait impliqué dans la vie associative de Tsoundzou 1 ou que, plus étonnant, il soit agent de sécurité d’un restaurant, le soir. « Il n’y a aucun élément qui le prouve. Sa seule activité consiste à faire partie d’un groupe qui caillasse les forces de l’ordre », estime le magistrat. L’avocat du jeune homme, maître Soumetui Adjilani, ne nie pas la présence du client, mais fait remarquer que « ce n’est pas parce qu’il se tenait à proximité qu’il a fait quelque chose ». Il demande une relaxe pour les deux faits ou au moins une peine qui soit possible d’aménager en maintien à domicile chez sa tante.
A cause de son passif, Mahamoud Abasse a été condamné à une peine cumulée, presque conforme aux réquisitions. Il écope de six mois pour la révocation d’un sursis datant de 2021, deux autres pour le caillassage du 12 juin et six derniers mois pour le dimanche 6 août. Avec cette sentence de quatorze mois en tout, le tribunal exclut ainsi le maintien à domicile du caillasseur.
Un report d’un procès en attendant le test osseux
L’image avait fait le tour des réseaux. Une trentaine de jeunes envahissent la station-service de Passamaïnty, le samedi 29 juillet, armés de pierres, machettes et ce qui s’avère une arme factice. Ils s’en prennent aux véhicules, au personnel de la station et vont jusqu’à frapper à mort le chien de l’agent de sécurité. Plusieurs d’entre eux ont été arrêtés, ces derniers jours. Deux étaient même présentés, devant le tribunal correctionnel de Mamoudzou, ce mercredi. Ils y reviendront le lundi 28 août, car le doute subsiste sur la majorité d’un prévenu. Si sa mère a confirmé que ses papiers le présentant comme âgé de 14 ans étaient des faux pour le scolariser à Mayotte, il prétend qu’il a 17 ans. Un chiffre pour l’instant invérifiable, puisqu’il a refusé un premier test osseux. « Je ne savais pas que c’était », explique-t-il aux juges, avant d’accepter de s’y soumettre dans les semaines à venir. Afin d’empêcher la réitération des faits, « au vu du contexte actuel » au sud de Mamoudzou, la concertation entre les membres du groupe (tous n’étant pas interpellés) et d’un possible défaut de représentation, les deux jeunes hommes à l’âge inconnu pour l’un et de 18 ans pour l’autre resteront en détention.