Le président de Gueules d’amour de nouveau devant la cour d’assises

Condamné à sept ans de prison en 2021 pour viol, Tyler Biasini avait fait appel. Son nouveau procès devant la cour d’assises de Mayotte a donc commencé ce lundi, avec un jugement attendu ce mardi soir.

L’affaire date de 2014 et avait fait grand bruit à Mayotte. Connu pour son engagement envers la cause animale, Tyler Biasini, âgé de 37 ans aujourd’hui, a été accusé de viol par une jeune femme de 21 ans à l’époque. Le procès d’assises en juin 2021 avait établi sa culpabilité et entraîné une condamnation du président du refuge animal Gueules d’amour à sept ans de prison. Aidé désormais de maître Céline Cooper, avocate au barreau de Lyon, il clame toujours son innocence et a donc fait appel. Alors qu’en première instance, les débats se déroulaient à huis clos. Cette fois-ci, aucune demande n’a été faite et a pu nous permettre d’en connaître plus sur les faits. Le 1er juillet 2014, la victime et l’accusé se sont retrouvés au Jungle café, à Mamoudzou. La jeune femme venait y rejoindre son petit ami de l’époque et des copines, le soir de ses 21 ans. « Tyler m’a appelé pour me souhaiter bon anniversaire. C’était bizarre parce qu’on s’était embrouillé », se souvient-elle. ». Ce « copain de soirées » comme elle le désigne, elle le croisait souvent au Loft, la boîte de nuit dont il était le gérant. Alors qu’il l’a rejoint au bar, il lui a promis « un cadeau ».

Déposés au niveau du Loft par un ami du jeune homme, ils sont montés dans son appartement situé au-dessus de la discothèque. « Il m’a attrapé par les cheveux et m’a tiré vers la chambre, puis a commencé à me frapper et m’insulter. Je lui ai demandé pourquoi il me fait ça pendant qu’il m’étranglait. Il m’a traité de sale pute, de sale noire », raconte-elle. Toujours selon elle, il serait allé chercher un couteau de cuisine avec une lame de quinze centimètres pour le mettre à côté du lit. Après un rapport sexuel vaginal et un autre oral, il s’est dirigé dans la cuisine pour rouler un joint de bangué. La jeune femme en a profité alors pour remettre ses vêtements, prendre son téléphone et ses bijoux, puis s’enfuir. C’est en arrivant au foyer qu’elle a raconté les faits à une fille qui l’a orientée vers la police.

Des amis du jeune homme « sous le choc »

Si la matérialité est compliquée à établir puisqu’il n’y a pas de traces ni des coups ni d’un rapport sexuel, le médecin a noté l’état de choc de la victime. De son côté, Tyler Biasini ne nie pas qu’ils ont couché ensemble, mais assure toujours que le sexe était consenti. « Je suis innocent, madame la juge » sont ses seuls mots, ce lundi. La défense a beaucoup misé sur la moralité et invité de nombreux témoins à décrire un jeune homme travailleur et protecteur à la fois des animaux, des enfants et des femmes. En visioconférence ou à la barre, sa mère, sa femme, ses amis dressent le portrait de quelqu’un de « gentil », « très aimé », « charmant ». S’ils lui prêtent « un comportement de dragueur », « d’homme à femmes », il aurait toujours été « correct ». Même ses amantes n’ont pas le souvenir d’une attitude agressive. Les proches affirment qu’ils ont été « surpris » ou « sous le choc » en entendant parler de cette affaire.

Leur description n’est pourtant pas si éloignée de ce que la victime décrit, jusqu’au soir du 1er juillet et du passage à l’acte. « Ce n’est pas le Tyler que je connaissais », admet-elle. À entendre les femmes qui le défendent, c’est presque elle qui est la méchante de l’histoire. Une amie d’enfance de Tyler a ainsi utilisé ce lapsus : « Je suis une amie de la victime ». Même chose quand l’ancienne présidente de l’association Gueules d’amour, assure que « la soi-disante victime l’a piégée ». Quand l’avocat général lui rappelle que celui qu’elle considère comme « son fils » a été déjà été condamné cinq fois pour des affaires de stupéfiants et des violences contre une femme, elle réplique : « À chaque fois, il a été piégé ».

Et en effet, la face cachée du garçon est au centre de cette affaire. Plusieurs femmes, dont son ex-épouse, l’accusent d’user de violence dans le cadre de relations, notamment sous influence de la drogue et de l’alcool. Une attitude qui se rapproche de ce que dit la victime dont la version est restée peu ou prou la même depuis huit ans maintenant. Quand maître Céline Cooper a tenté plusieurs fois de mettre en doute les déclarations de cette jeune femme en essayant de démontrer qu’il y avait bien une relation et qu’elle était consentante, elle répond : « À ce moment-là, je ne suis pas sa chérie, je suis un objet ».

Ce mardi, il reste que quelques heures aux jurés pour démêler le vrai du faux de ce que disent les protagonistes et déterminer l’issue du procès.

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