Un parent d’élève de l’école maternelle privée Les Pitchnounes (association Maounga-Dounia), située à Pamandzi, a récemment porté plainte pour viol sur sa fille de moins de trois ans (entre autres sévices). L’enquête préliminaire est actuellement encore en cours, mais le témoignage de l’enfant, validé par un pédopsychiatre de La Réunion, est particulièrement éloquent.
Un parent d’élève nous a alerté récemment sur des faits très graves qui se seraient déroulés au sein de l’école maternelle privée Les Pitchounes. Sa fille de deux ans et demi y aurait subi des violences physiques et sexuelles de manière répétée. Les mis en cause seraient des membres du personnel périscolaire. Un homme et au moins deux femmes seraient impliqués dans ces méfaits. « Ma fille a subi des violences physiques, sexuelles et, après analyse de son témoignage par un pédopsychiatre, le viol a été établi », raconte le parent, qui a évidemment déscolarisée son enfant depuis. Si ce dernier a donné l’alerte en novembre 2021, les sévices avaient, semble-t-il, débuté dès la rentrée scolaire…
Des sévices physiques rapidement repérés
« Tout a commencé quand j’ai vu revenir ma fille de l’école avec un gros hématome dans le dos », raconte le parent de l’enfant concerné, qui maîtrise déjà très bien le langage. « Lorsque je l’ai interrogée sur la provenance de cette marque, ma fille a dit que c’était une « tatie » de l’école qui l’avait frappée », poursuit-il. Évidemment, il a tout de suite alerté la direction qui a assuré qu’elle enquêterait sur le sujet. L’une des « taties » (sont ainsi nommées les femmes du service périscolaire de l’école) a clairement été identifiée comme violente et a finalement été licenciée. « Mais seulement au bout de plus de 2 mois et avec l’appui du rectorat », se désole le parent de la petite fille.
Des agressions sexuelles et au moins un viol sont présumés
Les attouchements sexuels et le viol n’ont pas pu être présumés tout de suite car la psychologie du jeune enfant fait qu’il intériorise ce genre de sévices. Le parent a d’abord été alerté par un changement dans le comportement de son enfant. « Ma fille a commencé à faire des cauchemars toutes les nuits et à hurler dans son sommeil », nous raconte-il. « Elle me disait qu’elle avait mal au ventre, mais me désignait plus bas que le ventre et parlait d’un « monsieur beurk » de l’école », poursuit-il. Evidemment, ses soupçons l’ont conduit à emmener tout de suite sa fille au CHM pour un examen médical. Mais les médecins du CHM n’ont rien constaté d’anormal sur le plan physique. Le parent a donc demandé à la gendarmerie de fixer un rendez-vous avec un médecin légiste. Ce 2ème examen ayant eu lieu 5 jour après que l’enfant a commencé à parler à son parent, le légiste n’a pas trouvé de preuves physiques de viol non plus. Toutefois, le comportement extrêmement perturbé de la petite fille en question, joint à ses gestes et propos troublants, permettait de laisser planer le doute.
Aucune prise en charge par un pédopsychiatre n’étant rapidement possible à Mayotte (le parent a eu des soupçons de viol dès novembre et le CMP pédiatrique ne lui proposait de rendez-vous que fin décembre), il a emmené sa fille chez un pédopsychiatre de La Réunion. C’est ce dernier qui a clairement établi le viol en réussissant à faire verbaliser l’enfant sur ce qui lui était arrivé.
La difficulté à établir des preuves concrètes
Malgré ce témoignage direct de l’enfant « à grand renfort de gestes qui ne laissent aucun doute », précise le parent, les preuves du viol par un personnel périscolaire de l’école sont difficiles à établir sur un plan judiciaire, d’autant plus que l’homme en question reste encore à ce jour non identifié. « Le délai de 3 mois après ma plainte est presque achevé, mais s’il n’y a pas assez de preuves, elle est susceptible d’être classée sans suite », se désole le parent. Ce dernier regrette également que 5 équipes d’enquêteurs se soient succédé sur cette affaire depuis le mois de novembre, entravant ainsi la possibilité d’un suivi rigoureux.
Le recteur Gilles Halbout a pris cette affaire très au sérieux, mais comme il s’agit « d’une école privée qui n’est pas sous contrat », il n’a pas le pouvoir de mettre directement à pied les membres de son personnel. Un inspecteur de l’Éducation Nationale a cependant été envoyé sur place et a demandé le licenciement immédiat de l’un des personnels soupçonnés de violences. « La directrice nous a affirmé que c’était fait et nous devons très bientôt renvoyer cet inspecteur pour vérification », affirme Gilles Halbout. Son pouvoir s’arrête toutefois à cette limite. En revanche, le procureur a été saisi. « Cette affaire est du ressort de la justice », nous a expliqué Gilles Halbout. Joint par nos soins, le procureur Yann le Bris nous a juste confirmé que « l’enquête était en cours » sans souhaiter s’exprimer davantage.
Malgré nos multiples sollicitations, nous n’avons pas réussi à joindre la directrice de Les Pitchounes pour avoir son point de vue sur cette affaire.