Un père et son fils condamnés pour des vols de moteurs de bateaux

Trente et vingt-quatre mois de prison ferme pour vol aggravé, voici les peines prononcées à l’égard des Haïridine, jugés responsables de onze vols de moteurs de bateaux à eux deux sur le territoire mahorais. C’est le résultat d’une enquête de plusieurs mois menée conjointement par la gendarmerie maritime en cosaisine avec la section de recherche de Mamoudzou, la police nationale et les propriétaires de bateaux.

Jugées le 15 juin au tribunal judiciaire de Mamoudzou, deux des cinq personnes interpellées lors de l’enquête, ont été accusées de faire partie d’un réseau de moteurs de bateaux volés. Soibaha Haïridine est l’un d’entre eux. Déjà connu des services de police pour des trafics illicites sur le domaine maritime, il a été condamné à trente mois de prison ferme, avec mandat de dépôt, pour vol aggravé de huit moteurs de bateaux. Son fils Zakidine Haïridine a quant à lui écopé d’une peine de 24 mois de prison pour trois faits similaires. Constituées en partie civile, les victimes de ces pirates des temps moderne, obtiendront quant à eux un dédommagement pour les préjudices matériels et moraux.

Typologie d’un mode opératoire

Entre janvier 2021 et mai 2022, 48 vols de moteurs ont été recensés sur l’ensemble du territoire mahorais. Mode opératoire, acteurs, complices ou encore choix des cibles, les investigations ont permis de remonter jusqu’à la source de ces vols et de mettre derrière les barreaux les têtes pensantes de ce trafic bien rodé. Mais alors quelles méthodes les voleurs ont-ils employé pour dépouiller impunément pendant plus d’un an des dizaines de navires de pêche et de plaisance de leurs moteurs ?

Tandis que la gendarmerie maritime reçoit chaque semaine des signalements de moteurs volés, impossible de savoir qui et comment ceux-ci disparaissent. Malédiction, djinns mangeurs d’hélices ? L’histoire aurait été plus romanesque, mais ces appareils se retrouvent bel et bien subtilisés par des malfaiteurs. Et ce sont principalement des modèles Yamaha quatre temps de 50 à 150 chevaux, des moteurs hors-bord qui arment habituellement des navires de plaisanciers. Ces cibles privilégiées empêchent d’ailleurs les propriétaires  d’assurer leurs bateaux.

Une connaissance fine du terrain

Au cours de leurs opérations, les pillards nagent jusqu’à leur cible, la décrochent, allument le moteur grâce au faisceau électrique et la font transiter jusqu’à la mangrove d’Ironi Bé. Là, à l’abri des regards, ils démontent l’appareil et laissent le bateau à la dérive. La recrudescence de ces vols a amené une équipe de huit personnes à s’organiser pour y mettre fin. “Nous avons remarqué que les voleurs agissaient dans l’obscurité et à marée basse”, explique Mike, policier et propriétaire d’un bateau en Petite-Terre. Il s’est constitué partie civile lors du procès. “D’octobre 2021 à mai 2022, nous nous sommes relayés pour surveiller les bateaux”, détaille Mike. Un travail fastidieux qui a porté ses fruits, excepté pour le vol fatidique de la nuit du 10 au 11 novembre 2021.

“Deux bateaux semi-rigides avaient été volés. Je suis rentré chez moi et j’ai dit à ma femme : “le prochain c’est le nôtre.””  Quelques heures après, en lien avec ses collègues de la police et de la gendarmerie maritime, le propriétaire de bateau est informé que des hommes ont été vus en train d’emporter le sien. Si l’arrestation a échoué, ce flagrant délit a néanmoins été d’une aide considérable pour les enquêteurs. “Les techniciens d’identification ont été sollicités et ont pu relever les empreintes digitales et l’ADN des voleurs qui ont pris la fuite”, argumente le policier. Avantagés sur le terrain, les malfaiteurs et leurs méthodes étaient désormais percés à jour. Les forces de l’ordre ont alors déployé les moyens nécessaires pour endiguer ce phénomène.

Revendus 1.500 à 2.000 euros à Madagascar et Anjouan

Pendant près de deux ans, les enquêteurs ont recherché des preuves et ramené des carcasses de bateaux. La gendarmerie maritime a également adapté ses surveillances aux modes opératoires des voleurs et ainsi contré leur réseau. Ce travail de fond qui a dirigé les investigations vers Ironi Bé et Mtsapéré. Volés sur des corps-morts des ports de Dzaoudzi et de Mamoudzou, les moteurs valant une dizaine de milliers d’euros pour certains étaient revendus sur commande à Anjouan ou Madagascar autour de 1.500 à 2.000 euros. Fauchés sur des bateaux de plaisance, ils prenaient ensuite la mer à bord de kwassa-kwassa avant de rejoindre leurs nouveaux propriétaires.

Pour les débusquer, la gendarmerie maritime, les plaisanciers, le Groupe d’intervention de la gendarmerie maritime ont travaillé  conjointement. Au vu de l’ampleur du dossier, l’appui de la section de recherche de Mamoudzou a été d’une aide précieuse durant les gardes à vue. “Notre but était de stopper cette cavale de bateaux qui était préjudiciable pour tous et empêchait les plaisanciers de dormir”, commente Mike.

Si, aujourd’hui, les vols ont considérablement ralenti, une enquête reste en cours afin de déterminer si une autre bande n’agit pas en parallèle de celle venant de tomber.

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