Une peine exemplaire pour maltraitance animale

À Mayotte, les associations déplorent la maltraitance banalisée que les animaux comme les chiens ou les chats peuvent subir. Mais, ce mois-ci, une décision de justice inédite pourrait bien servir d’exemple et dissuader les auteurs de violence de s’en prendre aux animaux.

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Le prévenu a été jugé au tribunal judiciaire de Mamoudzou, le 10 mai.

Le 4 février dernier, un chien a été victime d’actes de cruauté de la part d’un groupe de jeunes. Alors qu’elle est dans sa maison sur les hauteurs de Kawéni, à Mamoudzou, une femme est interpellée par sa petite fille, qui lui signale avoir entendu pleurer un chien. L’habitante du quartier décide alors de filmer ce qu’il se passe avec son téléphone portable, puis d’aller donner ces images à la police. « Les images sont horribles. Je n’ai pas de mot, c’est de la torture », commente Hervé Bouly, président de l’association APPF 976 (Association pour la prévention et la protection de la faune de Mayotte) qui s’est constituée partie civile.

Le chien, qui appartenait à un des jeunes, est molesté à coups de barres de fer, de cailloux, et l’un d’eux tente de scier les pattes et la queue « pour se faire un porte-clef ». À la vue de ces images, la police commence son enquête. Le corps du chien n’a pas été retrouvé, mais plusieurs témoins affirment avoir vu le groupe de malfaiteurs y mettre le feu pour le faire disparaître. Un des jeunes, celui qui a tenté de scier l’animal, a pu être identifié grâce à la vidéo et a été arrêté le 8 mai. Deux jours plus tard, le mineur a été condamné à un an de prison avec mandat de dépôt, une interdiction définitive de détenir un animal et 1.000 euros de dommages et intérêts pour les parties civiles, fait savoir l’APPF 976 et l’association d’aide aux animaux l’Arche d’Helios.

« C’est une décision de justice exceptionnelle. C’est très rare de la prison ferme dans ce genre de cas », se félicite Sandrine Klein, la présidente de l’Arche d’Helios. « Il faut que cette condamnation serve d’exemple pour que les gens arrêtent de maltraiter les animaux », poursuit-elle. Pour Hervé Bouly, habitué à voir ce type d’affaires de par son métier de policier, explique aussi qu’il est rare que les auteurs de violence à l’encontre des animaux finissent en prison, écopant généralement plutôt de sursis et d’amendes. « Ce qui a fait basculer les choses, c’est la vidéo », affirme-t-il.

L’APPF 976 encourage à filmer

C’est parce que le captage de la scène a été primordial pour obtenir cette condamnation que le président de l’association recommande à celles et ceux qui sont témoins d’actes de violence envers un animal de filmer la scène, lorsque cela est possible. « Avec l’Arche d’Hélios, on aimerait travailler ensemble pour créer un mail commun. Les personnes pourront alors nous envoyer les vidéos, même anonymement, et nous ensuite, associations, on pourrait les apporter aux forces de l’ordre et porter plainte », détaille le président d’association.

Pour les deux associations, il est important de se constituer partie civile dans ce genre de dossier. « Ça évite que ces violences soient banalisées », insiste-il. Ce dernier indique avoir rencontré plusieurs cas de personnes dont l’animal avait été violenté, parfois jusqu’à la mort, et qui n’ont pas porté plainte, persuadé qu’aucune suite ne serait donnée.

Les deux associations dénoncent un manque d’empathie souvent rencontré à l’égard des animaux de compagnie à Mayotte. Le policier l’explique par le rapport différent qu’entretient la société mahoraise aux animaux, et notamment par les croyances concernant les chiens. « Les chiens sont considérés par certains comme des objets, auxquels on peut faire du mal, ça ne peut pas continuer comme ça », se révolte Sandrine Klein.

Journaliste à Mayotte depuis septembre 2023. Passionnée par les sujets environnementaux et sociétaux. Aime autant raconter Mayotte par écrit et que par vidéo. Quand je ne suis pas en train d’écrire ou de filmer la nature, vous me trouverez dedans.

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