Une nouvelle présidente au tribunal judiciaire de Mamoudzou

Après quatorze ans en Polynésie française, Catherine Vannier intègre le tribunal judiciaire de Mamoudzou pour en devenir présidente. Sur un territoire qui connaît une forte immigration et de l’insécurité, le manque de greffiers et de magistrats est l’un de ses principaux défis. En outre, huit nouveaux magistrats rejoignent également la juridiction mahoraise.

« C’est avec beaucoup d’humilité et de prudence que j’aborde mes fonctions. » Catherine Vannier vient d’être nommée présidente du tribunal judiciaire de Mamoudzou. Elle remplace Laurent Ben Kemoun, parti en août dernier. Originaire de Bourgogne, la nouvelle présidente a rejoint l’école nationale de la magistrature en 1990, après avoir été sous-directrice d’établissements pénitentiaires. Diplôme en poche, la femme de droit s’est envolée pour la Polynésie française afin d’y exercer en tant que juge, à Papeete puis sur l’archipel des Marquises. Au total, elle est restée quatorze ans sur le territoire. « Là-bas, je me suis passionnée pour le contentieux foncier et celui de l’état civil. Deux thématiques qui ont une certaine résonance à Mayotte », souligne la présidente, qui apportera une attention particulière à ces sujets sur le territoire.

Catherine Vannier a une solide expérience en Outre-mer. En 2018, elle a également rejoint la cour d’appel de Saint-Denis de La Réunion afin d’en devenir la vice-présidente. A Mayotte, elle sait que « de nombreux défis l’attendent », en lien notamment avec l’insécurité et l’immigration. « En 2050, on estime que le territoire comptera entre 440.000 et 760.000 habitants », souligne Benoît Rousseau, vice-président du tribunal. « En 2022, nous avons déjà enregistré 6.000 requêtes. »

Un manque criant de greffiers

Autre défi de taille : le manque de personnel. « Ce qui m’a frappé en arrivant est le nombre de postes vacants au sein du tribunal. Il y a un manque criant de magistrats mais surtout de greffiers », assure la présidente. En cause, « le manque d’attractivité de l’île », précise-t-elle. Le tribunal pour enfants ne compte d’ailleurs qu’un seul greffier.

Huit nouveaux magistrats viennent toutefois de rejoindre le tribunal à ses côtés. Deux d’entre eux rejoignent le parquet, les autres intègrent le siège. Parmi eux, il y a une nouvelle vice-présidente chargée des fonctions du juge des enfants, un juge de l’application des peines, une juge des enfants, un juge d’instruction et deux substituts du procureur.

 

Une cité judiciaire à construire à Kawéni

Parmi les chantiers de la nouvelle présidente, il y aura la construction de la future cité judiciaire sur l’actuelle emprise de la Deal (direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement), à Kawéni, en face du restaurant Haraka. Le conseil départemental de Mayotte, propriétaire du site de 5.800 mètres carrés, avait rapidement fait part au ministre de la Justice qu’il était prêt à le céder, lors de sa visite en mars. Eric Dupont-Moretti s’était fait volontairement pressant pour que les magistrats d’un tribunal judiciaire devenu trop exigu puissent travailler dans de meilleures conditions.

Concernant le délai justement, Laurent Ben Kemoun, le prédécesseur de Catherine Vannier, tablait sur une arrivée dans les nouveaux locaux « dans quatre ou cinq ans ».

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