Auteur régulier dans nos colonnes, Abdou Moustoifa est actuellement en garde à vue, à la gendarmerie de Moroni, ce jeudi. L’une de ses dépêches pour l’agence Reuters sur les désirs de succession familiale du président Azali Assoumani a provoqué la polémique au sein de l’Union des Comores.
Nous apportons notre soutien au journaliste comorien Abdou Moustoifa, qui a été placé en garde à vue, ce jeudi matin. Selon les médias comoriens, il s’est rendu de lui-même à la gendarmerie de Moroni, après que celle-ci ait voulu l’interpeller sur son lieu de travail. Il doit être présenté, ce vendredi, au tribunal. Correspondant régulier de Flash Infos et de Mayotte Hebdo, Abdou travaille pour le média local Al-Watwan et d’autres rédactions internationales. C’est d’ailleurs une dépêche pour l’agence Reuters qui lui vaut l’inimitié du président comorien. Le texte publié le 25 janvier rapportait qu’Azali Assoumani avait déclaré, la veille, devant ses fidèles à Mohéli qu’il “placerait [son] fils pour qu’il [le] à la tête de l’État et du parti”. Nour el-Fath Azali, le fils aîné du président des Comores, a été en effet propulsé sur le devant de la scène politique, ces dernières années. En 2019, par exemple, il avait été nommé conseiller privé du président. Notre correspondant avait ainsi évoqué sa place grandissante dans un article en août 2023, en marge d’un congrès de la Convention pour le renouveau des Comores (CRC), le parti présidentiel récemment arrivé largement en tête des élections législatives sur fond d’irrégularités.
Suite à la dépêche de Reuters et des articles dans d’autres journaux de l’Union, les autorités locales ont réagi, cette semaine, en dénonçant “une interprétation erronée et intentionnelle par certains détracteurs”. “Le chef de l’État, en aucun moment, n’a jamais dit qu’il allait léguer le pouvoir à son fils. Il a dit “à un fils” et, surtout, il avait parlé de trois familles : famille politique, famille gouvernementale et famille nucléique”, a défendu Mahamoud Salim Hafi, secrétaire général adjoint du gouvernement, affirmant qu’il agissait ici de “famille politique”. A la tête de l’État comorien depuis 2016 (après l’avoir été entre 2002 et 2006), Azali Assoumani doit laisser sa place en 2029, qui revient selon le système politique local à un représentant d’Anjouan. Ce qui exclut de fait Nour el-Fath Azali. Lors de la conférence de presse du gouvernement, les autorités avaient nié vouloir plainte contre Abdou Moustoifa. Son placement en garde à vue nous semble ainsi injustifié. Nous lui réitérons donc notre soutien, ainsi qu’à tous nos confrères de l’autre côté de l’archipel.
Rédacteur en chef de Flash Infos depuis 2022. Passionné de politique, sport et par l'actualité mahoraise, ainsi que champion de saleg en 2024. Passé un long moment par l'ouest de la France, avant d'atterrir dans l'océan Indien au début de l'année 2022. Vous me trouverez davantage à la plage quand je ne suis pas à la rédaction.