Un homme de 38 ans a été condamné pour escroquerie, ce mardi matin, par le tribunal correctionnel de Mamoudzou. Il a convaincu plusieurs femmes d’acheter des téléphones portables à Labattoir, leur promettant de régler les factures d’abonnement.
« – Comment vous expliquez que ce sont les coordonnées de son compte bancaire qui ont été données alors que vous vous étiez engagé à payer ? – C’est juste… – C’est ça qui est compliqué avec ces mensonges, c’est qu’à un moment, on arrive au bout. » L’escroc peine désormais à répondre. Jugé par le tribunal correctionnel de Mamoudzou, ce mardi matin, l’habitant de Labattoir âgé de 38 ans est poursuivi pour deux escroqueries de nature différente. En Petite-Terre, il aurait convaincu plusieurs femmes de se rendre avec lui dans une boutique de téléphones portables pour ouvrir à chaque fois deux lignes, pour l’un et l’autre. C’est le cas pour la seule qui a été reconnue comme victime dans cette affaire et qui s’est présentée au tribunal. En novembre 2023, alors qu’elle n’a pas de téléphone, il propose de l’aider à en acquérir un à ses frais. « Monsieur est un Don Juan distributeur de téléphones », le présente ainsi Alexandra Nicolay, la présidente du tribunal correctionnel. En réalité, ce serait une version moins romantique puisque l’homme explique à la barre qu’il avait besoin d’un second téléphone pour que sa femme ne sache pas qu’il avait une liaison. Et surtout, malgré ses promesses, il n’a jamais réglé les factures d’abonnement.
Le mois d’après, la jeune femme reçoit une première facture de 160 euros, tandis que le « Don Juan » ne lui répond pas. Ce n’est que quelques mois plus tard qu’elle finit par le retrouver dans la même boutique de téléphones, avec une autre femme cette fois-ci. Là, les deux versions divergent. Selon lui, elle serait venue faire un scandale pour lui faire honte. « C’est faux, je suis restée calme. Il était au téléphone, j’ai attendu qu’il finisse. Il m’a ensuite menacée devant les gens, il m’a dit qu’il allait me gifler », conteste la victime, qui se retrouve avec des lettres de l’opérateur lui réclamant 1.264 euros en raison des pénalités.
Une plainte de la CAF de l’Allier
En métropole, le deuxième délit qui lui est reproché montre qu’il a sévi également dans un autre registre. Père d’une dizaine d’enfants, il déclarait auprès de la Caisse d’allocations familiales (CAF) de l’Allier qu’il les avait à charge. D’abord cinq en 2018, puis jusqu’à dix, trois ans plus tard. En réalité, si les bambins existent bel et bien, ils étaient avec leurs mères respectives à Mayotte. Sur trois ans, il a réussi à percevoir une somme de 63.000 euros en prestations familiales, profitant de sa domiciliation à Nîmes. Il avait fini par se dénoncer sans le vouloir quand il avait dû fournir des justificatifs à la CAF. Il avait alors envoyé les véritables certificats de scolarité de ses enfants… dans leurs écoles mahoraises. « La CAF n’est pas une banque qui vous fait un prêt, puis que vous remboursez ensuite », explique la juge à l’homme qui promet de rembourser et présente ses excuses.
« Plus vous lui donnez la parole, plus il vous enfume »
Originaire de Bouéni, l’homme n’en est pas à son premier essai. Il a déjà été condamné à six mois de prison pour escroquerie, puis a écopé de quatre autres mois pour abus de confiance. Fanny Gauvin, la vice-procureure placée, demande aux juges de ne pas être dupes. « Le problème de l’escroc, c’est que plus vous lui donnez la parole, plus il vous enfume. Il prétend que c’est une querelle d’amoureux, mais la drague fait partie de l’escroquerie », fait-elle remarquer. Elle dit ne pas croire non plus à ses excuses. « Il dit qu’il veut faire un TIG (N.D.L.R. travaux d’intérêt général). Non, je ne crois pas. Ça ne va pas suffire », poursuit-elle, lui rappelant qu’il pourrait rembourser ce qu’il doit en travaillant en prison. Celui-ci échappe de peu à la récidive, puisqu’il avait déjà commencé à frauder la CAF avant sa première condamnation. Le Parquet demande un an de prison ferme avec un mandat de dépôt. Le tribunal a suivi les réquisitions en condamnant également Lahadjy Riziki à verser à la jeune femme la somme que lui réclame l’opérateur.
Six mois de prison pour des scooters non payés
Un employé municipal de 36 ans a lui aussi été condamné pour escroquerie, lors de la même audience. Habitant M’tsapéré, il avait acquis auprès du magasin Ballou à Mamoudzou deux scooters 125m3 pour son activité d’école de conduite (selon le tribunal, il n’aurait toutefois pas le permis de conduire). Si plus de la moitié du montant a été payée en espèces, 3.780 euros devaient l’être en chèques sous forme de paiements différés. Seulement, l’acheteur n’est jamais revenu et les trois chèques n’ont pas pu être encaissés à cause d’une injonction de l’établissement bancaire. En effet, entre le 7 janvier 2021 et le 7 février 2022, un total de neuf chèques a été refusé au jeune homme pour le même motif. Si celui-ci a reconnu auprès des policiers ne pas avoir payé son dû, il nie qu’une injonction vise ses comptes. « Il reconnaît les faits, mais rejette la responsabilité sur la banque », constate lui aussi maître Mansour Kamardine, l’avocat du magasin. A contrario, il relève que son client a fait preuve de « patience en essayant de travailler à une solution ». « La différence entre celui qui a des difficultés ou l’escroc, c’est la mauvaise foi », explique Fanny Gauvin, la vice-procureure placée. Elle relève que le prévenu ne s’est jamais acquitté de sa dette et ne s’est pas présenté à l’audience. Le tribunal a suivi ses réquisitions et lui inflige une peine de six mois de prison avec sursis, l’interdiction de faire des chèques pendant cinq ans et une inéligibilité pendant deux ans. Il devra rembourser la somme due au magasin et lui régler ses frais de justice.
Rédacteur en chef de Flash Infos depuis 2022. Passionné de politique, sport et par l'actualité mahoraise, ainsi que champion de saleg en 2024. Passé un long moment par l'ouest de la France, avant d'atterrir dans l'océan Indien au début de l'année 2022. Vous me trouverez davantage à la plage quand je ne suis pas à la rédaction.